Le grand jour

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Nous décidons d'organiser un grand repas pour réunir nos proches. Ma petite maison ne permet pas d'accueillir autant de convives donc le fait de le faire dans l'Ohio chez Julian est une évidence.

La vente de son premier album et surtout les bénéfices de la première tournée du groupe lui a permis de financer l'achat d'un grand loft à proximité de Colombus.

Je n'ai aucune inquiétude quant à la rencontre avec son frère, son père et ses amis d'enfance. J'ai hâte de connaître ses proches. Je connais déjà ses amis musiciens pour avoir vécu avec eux lors de la tournée. Julian a longuement entendu parler de Larisa et de ses parents et de Mélissa, ma plus belle rencontre lors de la dernière saison de NOISY YOUTH. Elle était une des seules à être sincère et authentique. La plupart des filles se jalousaient et se battaient pour obtenir un solo, un devant de scène ou une chorégraphie supplémentaire. Mélissa et moi étions solidaires et unis face à cette compétition parfois nauséabonde.

J'ai fait promettre à Julian de ne pas évoquer le départ de ma mère. Je lui rappelle sans cesse que grâce à sa persévérance ma mère a réussi à devenir une actrice avec une certaine renommée. Grâce à son succès à l'adolescence lorsque j'ai voulu me consacrer à la musique, elle a pu m'acheter des instruments, me payer des cours de danse, de chants et m'inscrire dans les écoles artistiques les plus réputées. Sans tous ces moyens je ne sais pas si j'aurais pu espérer avoir un tel niveau technique aujourd'hui.

Elle m'a parlé de longs mois avant de prendre la décision de partir seule pour vivre son rêve. Au début elle alternait les petits jobs et les auditions et ma grand-mère me gardait quand elle s'absentait. Puis quand ma grand-mère est décédée. Pendant quatre ans elle a trouvé un travail alimentaire mais elle était malheureuse. Je le voyais dépérir de jour en jour. Elle a commencé par des rôles secondaires puis petit à petit elle a pris de l'assurance et a fini par se faire une place dans une série plus célèbre.

— Si les parents de Larisa avaient refusé de m'héberger elle serait restée avec moi et nous serions certainement pauvres et malheureuses toutes les deux aujourd'hui, soufflé-je à Julian.

Elle m'appelait plusieurs fois par semaine et on se voyait toutes les vacances scolaires jusqu'à ma participation à NOISY YOUTH.

Elle savait que les parents de Larisa s'occuperaient bien de moi car nous étions voisins depuis toujours et je passais déjà énormément de temps avec eux.

Julian pense qu'elle m'a abandonnée et qu'il n'y a rien à ajouter. Elle est partie et m'a certes laissé dans un foyer très aimant et attentionné mais il considère que ce qu'elle a fait est intolérable et impardonnable.

— Pourquoi tant de tes textes parle de la solitude, de la difficulté de te sentir à ta place, c'est à cause de ta mère !

— Je n'ai jamais dit que cela ne m'a pas impacté, je dis juste que je ne lui en veux pas !

— Si tu n'es pas capable de faire un effort quelques heures j'annule le repas ! m'emporté-je.

Il sait à quel point je déteste le conflit surtout lorsqu'il s'agit de ma mère donc il tempère ses propos et me prend dans ses bras pour apaiser cette discussion.

Nous optons pour un grand apéritif déjeunatoire. Le père, la tante, le frère de Julian et sa compagne sont les premiers à arriver. J'ai dû mal à cacher mon émotion. Je ne peux qu'imaginer la détresse et le désespoir qu'a vécu son père à la perte de sa mère et le grand défi qui a suivi de devoir élever seul ses deux garçons.

— Je suis ravie de vous rencontrer Glenn, dis-je en le serrant dans mes bras.

— Vous êtes encore plus ravissante en chair et en os, s'écrit—il en faisant un clin d'œil à Julian.

Tant qu'il reste un piano - AUTO EDITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant