Chapitre 2 - 1976, Vittorio et Nancy

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Vatican

Le jeune banquier Vittorio Petri, qui travaillait depuis deux ans à l'IOR, s'était remis d'un grave accident de circulation. Son oncle Albino Luciani, le cardinal-archevêque de Venise l'avait recommandé au directeur Mgr Paul Marcinkus. Vittorio Petri connaissait à fond la finance qu'il avait pratiquée en Suisse. Surtout les activités qui étaient en marge de la légalité. Il grimpa donc vite les échelons pour se retrouver parmi les assistants du patron.


novembre 1976 - Maryland (USA)

Nancy Jones, fringante trentenaire, professeur de cryptographie à l'université de Berne, était reçue par Paul Burbon, le dirigeant de la NSA et le directeur du département de chiffrement. Nancy avait atterri la veille, en fin de journée, et récupéré dans un hôtel, proche de l'aéroport de Washington. Les clés d'une voiture, discrètement marquée des armoiries de la Johns Hopkins University, l'avaient attendue, comme convenu dans la chambre, ainsi qu'un programme de rencontres multidisciplinaires à son centre de recherche, auxquelles il n'était pas prévu qu'elle se rende. Pour cette entrevue au sommet, elle avait choisi un tailleur noir, ajusté, mais strict, et avait noué ses cheveux en queue de cheval. En à peine une heure de route, elle s'était retrouvée à Fort Meads, le gigantesque siège de la NSA dans le Maryland. Depuis le non moins gigantesque parking, elle avait pénétré dans le saint des saints et franchi les divers contrôles, sans la moindre émotion. Elle connaissait les lieux.

Paul Burbon était un quadra extraverti de grande taille, marié et père de trois jeunes enfants ; il semblait mener la vie banale et besogneuse d'un de ces milliers d'agents d'assurances qui parcouraient le pays.

– Nancy, heureux de te revoir parmi nous. Bon vol ?

– Parfait, merci. Et vous deux, vos familles, vous allez bien ?

– Oui, merci répondirent les deux hommes. Ton ami Vittorio est guéri m'as-tu dit. Excellente nouvelle. Nous n'avons malheureusement pas beaucoup de temps. Tu permets qu'on commence ?

– Bien sûr.

– Le président élu, Jimmy Carter, m'a confié une mission que nous devons embrayer tout de suite, poursuivit le directeur de la NSA. Le président sortant Gérald Ford a donné son feu vert. Le président élu a reçu les résumés sur nos alliés, nos antagonistes et tout le toutim. Un truc l'interpelle. C'est le degré de connivence qui pourrait subsister entre la CIA et Cosa nostra. On a fait l'erreur en 1943 de collaborer avec la mafia pour envahir la Sicile. Comme si on n'y serait pas parvenus tout seuls ! Ensuite, ça a perduré : la trouille des rouges. Exagérée parce qu'à Yalta, on s'était partagé l'Europe. L'Italie et la Grèce étaient dans la zone d'influence occidentale, contrairement à la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Pologne, etc., qui étaient attribuées à l'espace soviétique. Donc Staline n'a pas soutenu les communistes grecs, portugais ou italiens. Et nous, nous n'avons rien fait pour aider les démocrates de l'Est. Chacun était maître chez lui. C'était ça Yalta. Mais c'était secret.

 Mais c'était secret

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La Pieuvre au Vatican (T2 de la série Diagonale Italienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant