Chapitre 22 - enlevée

15 4 13
                                    

Mardi 19, USA
TW: kidnapping d'enfant
Paul Burbon, le directeur de la puissante NSA était à son bureau dans le Maryland près de Washington.

– Qui est à l'appareil ?

– Peu importe, écoutez-moi bien. Votre fille Nelly est entre nos mains...

– Noooonnnn !

– Taisez-vous, maîtrisez-vous, sinon vous ne la reverrez pas vivante. Si vous suivez nos instructions, nous la libérerons saine et sauve.

Paul enclencha mécaniquement la procédure de localisation.

– Qu'est-ce qui me dit que vous dites la vérité ?

– Téléphonez à votre femme. Je vous rappelle dans un quart d'heure.

Le correspondant avait raccroché. Le logiciel de détection ne repérait rien.

Paul appela sa femme.

- Nelly est bien rentrée avec la nounou ?

– Non justement et ça m'inquiète depuis un moment. Pourquoi tu me demandes ça ? Le son de ta voix est bizarre.

– Juste une chose qui me tracasse. Tu veux bien m'appeler dès que Nelly est de retour ?

La voix de sa femme monta dans les aigus.

– Qu'est-ce que tu me caches bon sang, crache le morceau, qu'est-ce qui ne va pas avec Nelly ? !

– Tu es assise ?

– Non.

– Assieds-toi.

– Non, je t'écoute, vas-y !

– J'ai reçu un appel il y a quelques minutes. Elle a peut-être été enlevée.

Il entendit un bruit sourd. Sa femme aurait mieux fait de s'asseoir. Il appela une voisine et lui demanda de faire un saut chez eux. Elle avait la clé. Son épouse avait eu un malaise.

Le téléphone sonna. C'était le ravisseur.

– Je vous passe Nelly.

– Papa, le monsieur il n'est pas méchant, mais je préfère être avec toi. Tu viens me chercher quand ?

– Bientôt ma chérie, sois bien sage, je t'embrasse très fort.

– Ce n'est plus la chérie, reprit la voix masculine. Voici nos conditions : les États-Unis n'aident plus le pape. Laissez-le à son destin. Si vous ne le faites pas, vous ne reverrez jamais votre gamine. En tout cas pas vivante. Si vous obéissez, elle vous sera rendue à la fin du mois.

– Vous savez qui je suis.

– Oui, bien sûr.

– À mon poste, j'ai des moyens considérables pour vous retrouver.

– Nous en sommes conscients. Nous connaissons votre puissance. Votre fille reviendra chez vous en bonne santé dès que ce sera fini. Nous ne voulons pas que vous deveniez enragé contre nous. Ce serait contraire à nos intérêts. Faites ce qu'on vous dit et tout se terminera bien. Vous pouvez avertir la police si ça vous amuse, ça ne nous gêne pas.

Il avait raccroché. Le système de traçage ne donnait rien. La conversation avait été enregistrée, mais elle était cryptée et ne pouvait être écoutée que par lui. Les salopards étaient bien renseignés. Au coeur même de la NSA. Seule la mafia avait ce pouvoir et voulait abattre le pape.

Paul rentra chez lui. Sa femme, ses autres enfants avaient besoin de sa présence.

La nounou était effondrée. La petite avait tout à coup disparu alors qu'elle jouait au parc. Ils lui dirent de rentrer chez elle et ne lui firent aucun reproche. Les aînés n'étaient pas encore revenus de l'école. Nelly était chez sa tante pour une dizaine de jours en vacances. Son frère et sa soeur ne devaient pas s'inquiéter, c'étaient des enfants. Si Nelly leur était rendue, il serait alors temps de dire ce qui s'était passé. Sinon, ils préféraient ne pas l'envisager. Paul raconta les conditions à sa femme. C'était top secret, mais il s'en foutait. Après le retour des aînés à la maison, les parents durent faire bonne figure. Lorsque les enfants furent au lit, ils reprirent la discussion toute la nuit. Ils ne trouvèrent aucune issue.

*

Mercredi 20, Rome

Pendant ce temps à Rome, l'équipe NSA de Nancy Jones captait une nouvelle conversation téléphonique entre un parrain sicilien et Gelli. L'assassinat de Jean-Paul 1er aurait lieu le soir du 28 septembre. Sa camomille vespérale serait complétée d'une cuillère à café de digitaline. La mort ressemblerait à s'y méprendre à une crise cardiaque, pour autant qu'il n'y ait pas d'autopsie. Gelli avait un dossier sur le cardinal Villot. Comme sur tant d'autres en Italie. C'était sa force. Dans la nuit du 28 au 29, il ferait savoir à Villot qu'il n'avait aucun intérêt personnel à faire faire une autopsie du pape et qu'un embaumement express serait opportun.

Cette froideur était effroyable, mais Nancy, telle une infirmière aux soins intensifs, laissait aisément ses sentiments de côté pour ne pas en être submergée. Sinon, elle aurait perdu toute efficacité. Son métier était de prendre connaissance de saletés et de les faire suivre. Elle câbla un message par télex chiffré à Paul Burbon, le directeur de la NSA. Ce dernier, avec le décalage horaire de six heures, le lut à son arrivée au bureau le mercredi matin 20 septembre.

La Pieuvre au Vatican (T2 de la série Diagonale Italienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant