Chapitre 9 - de justesse

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Un commando de six hommes cernait son immeuble. Elle n'avait aucune option de fuite cette fois-ci. Mais elle l'ignorait et chantait sous l'eau fraîche. Puis elle s'habilla pour sortir. Elle avait rencard avec Mario, un amoureux de rencontre récente. Tandis qu'elle se faisait belle et enfilait une robe légère et des escarpins, les tueurs l'attendaient. La chasse à l'affût. Le chef était passager d'une des trois voitures, chacune avec deux hommes. Il était garé à cinquante mètres de l'entrée principale de l'immeuble. Les deux gangsters avaient leur mitraillette à portée de main. Pas trop en vue tout de même, pour ne pas attirer le regard des piétons. Quand elle sortirait, ils fonceraient et la pulvériseraient. En pleine rue. C'était les instructions. Un coup de semonce pour tous les journalistes qui n'avaient pas le bon sens de ne s'occuper que des chats écrasés. Alessa referma la porte de son appartement derrière elle. Oui, elle avait ses clés et son sac à main. Elle pouvait y aller. Heureuse de cette parenthèse amoureuse après les horreurs vécues en Sicile. Elle appela l'ascenseur. Dans une des autos, la radio du chef vibra.

– Oui, répondit le capodecina.

– Annulez, dit la voix bien connue !

– OK.

Il appela illico les deux autres véhicules. Une voiture répondit, l'autre non. Alessa était dans le hall et se dirigeait vers la sortie. Elle était parquée à droite, à une centaine de mètres. Lorsqu'elle surgit dans la rue, l'équipe de soldati qui avait été avertie se tenait tranquille. Mais c'était celle qui surveillait l'arrière de l'immeuble. La troisième voiture, qui n'avait pas reçu le message d'annulation, était garée à cinquante mètres, en face de celle du capodecina.

Les deux hommes qui s'y trouvaient virent la jeune femme sortir et leur tourner le dos pour se diriger d'un pas vif vers son auto. Ils démarrèrent en douceur. Elle ne les avait pas remarqués. Le passager tenait sa mitraillette en joue, vitre abaissée. « Le chef, là-bas en face, nous laisse l'honneur. C'est plus facile de surprendre la cible depuis derrière. Il a raison le chef. » Ainsi raisonnait le chauffeur. Mais le chef avait démarré sec et fonçait sur eux. Au moment précis où le mitrailleur appuyait sur la gâchette, les deux voitures se percutèrent, tôle froissée et balles perdues. Alessa était déjà dans son auto et s'en allait. Elle avait bien entendu du bruit derrière elle, mais elle n'avait pas envie d'être témoin d'un incident routier anodin qui lui aurait bousillé sa soirée.

– Vous n'êtes pas foutus de garder votre radio allumée en pleine opération, pauvres crétins, hurla le capo.
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Merci d'avoir poursuivi cette histoire jusqu'ici. 😀

La Pieuvre au Vatican (T2 de la série Diagonale Italienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant