Une silhouette floue est penchée sur moi. Une blouse blanche encadre ses larges épaules. Le visage d'un homme adulte, aux yeux d'un doux vert foncé pareils aux arbres des forets, me fixent intensément.Ma mémoire est embrouillé et je ne tente aucun effort. La douleur s'est atténuée.
J'arrive à respirer sans sifflement et cette conclusion me rassure. La silhouette prend des notes sur un écran digital.Elle sort un flacon qu'il me tend. Sa façon de tenir m'empêche de rentrer en contact avec sa peau.
— Prend en trois, m'ordonne la voix.
— Par pitié baisse tes gardes V. ! S'exclame une autre que je reconnais.
— Développe Alkes. .
— Tu causes des migraines à tout le monde pour te protéger. Ton corps prend ton changement comme une attaque. Sauf que ce n'est pas une partie de plaisir pour nous.
Je fuis brusquement son regard, me sentant coupable d'être la source de leurs douleurs. Mais il tomba sur la silhouette d'Alya.
Je lâche un sanglot étranglé.
Elle a tellement changé ! Elle reste aussi magnifique. Elle sourit, un sourire si sincère que j'ai vu depuis longtemps.
J'ouvre mes bras pour l'accueillir et les referment aussitôt. Douloureusement.— Je te croyais morte...m'étouffe-je.
— Moi aussi.
Une larme glisse lentement le long de sa joue décoloré.— Tu es aussi pâle que moi maintenant, plaisante-je.
— Et après moi, c'est à toi de flirter avec la mort !
Je ris. Mais le cœur n'y est pas. Je sais que mon destin proche ne se sépare qu'en deux branches. L'une des issues est fatale.
Mais je ne vais pas baisser les bras, pas maintenant. Pas avant d'avoir réussi. Je ne veux pas décevoir ma mère, qui m'a offert l'héritage, un honneur, une confiance. Elle a placé ses espoirs en moi. À moi de les accomplir.
— Je peux me lever, insiste-je devant leurs protestations.
— Vous ne pouvez pas me toucher de toute façon, je renchéris.
Mes jambes flageolent et mes mains tremblent.
Chaque geste est une douleur pour moi. Déterminée, je redresse mon dos.Durant les heures qui suivirent, j'ai dû m'occuper moi-même de mon traitement. Ce qui ne m'a pas déplu, je déteste de devoir être dépendante de quelqu'un. Tous les Alpha le sont. Les terriens le sont aussi. Parfois.
Je ne bronche pas en voyant mon reflet dans la glace. Deux facettes se reflètent. L'une, épuisée, amaigris, creusé, malade. L'autre pire encore, je suis resplendissante. Mes yeux brulent d'une lueur d'espoir, de fureur, masqué derrière un voile grisé.
Mais lorsqu'il se lèvera, personne ne pourra y survivre. Je n'ai qu'à attendre. Le temps viendra.Je joue des doigts sur le bord de l'évier, à jouer des notes imaginaires. Je ferme les yeux, me rappelant à merveille de chaque tonalité.
Chaque bascule qui dansait sur les touches noires et blanches. Une danse si gracieuse, valsant au gré des notes.Des paroles enflammées, des poèmes d'amour. Des danses sous la pluie, des câlins près de la cheminée, des promesses sous la neige et des rires sous le soleil. Les notes du piano envahissent ma tête, mes mains accélèrent le rythme. Des bals, des robes, des secrets, des sorties en cachette.
Des nuits, des jours, passent sous les yeux amoureux. Leurs amours se divaguent à travers leurs pupilles dilatés, leurs amours se perd à travers leurs mains entrelacés. Puis, la main est à nouveau seule, à sécher les larmes, l'autre pour compter les nuages. Des pas pressés dans les métros, caché sous un parapluie rouge, naviguant sous la foule dense.
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☆ SuperNova ☆
Ficção CientíficaEn l'an 2125, sur une Terre dévastée par les apocalypses et soumise à un nouveau gouvernement dystopique, Véga, passionnée par les étoiles, attends le jour où elle pourra retourner sur la planète de ces ancêtres : Alpha. Sur ce système planétaire...