Chapitre 8

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Le trajet du retour se déroula dans le silence le plus complet, sous le beau ciel étoilé d'une nuit sans nuage. Les mots de Judith restaient bien coincés quelque part entre son cerveau et sa gorge. Ben marchait près d'elle, impassible. Elle avait déjà le cœur serré à l'idée de rentrer chez elle et de dire au revoir à Ben. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, ils arrivèrent à destination. Elle aurait aimé ralentir le temps, malheureusement, elle n'avait pas ce pouvoir.

- Merci.

- Pour ?

- Cette soirée.

- J'avais vraiment envie de te voir, je te l'avais dit.

- C'est vrai.

- Je vais t'aider à monter.

Judith voulut protester mais se ravisa à la vue de la détermination de son regard. Elle se sentait si fatiguée et endolorie par toute cette marche, un peu d'aide serait la bienvenue. Cela retarderait également les adieux de quelques minutes précieuses. Il la suivit à l'intérieur et la souleva sur son épaule comme la dernière fois, laissant ses béquilles tomber dans l'entrée. Pour la forme, elle lui asséna des petits coups de poing dans le dos en râlant, ses bras placés de chaque côté de son cou.

- Mais lâche-moi !

Pourtant, c'était bien la dernière chose dont elle avait envie.

Arrivés au dernier pallier, il s'exécuta et la reposa doucement. Les paumes de ses mains s'attardaient sur ses hanches et celles de Judith se trouvaient toujours de part et d'autre de son cou. Il s'avança un peu pour réduire la distance entre leurs deux corps, et leurs yeux se croisèrent le temps de quelques secondes. Dans un élan commun, ils comblèrent l'espace vide entre eux. Judith ressentit une horde de papillons envahir son bas ventre quand leurs lèvres se rencontrèrent enfin. Il la poussa délicatement contre le mur de derrière pour approfondir le baiser. Elle avait déjà perdu le contrôle et atteignit le point de non-retour quand ses mains commencèrent à remonter sous son haut pour caresser son dos et chercher sa peau brûlante qui ne demandait qu'à rencontrer la sienne. Elle passa à son tour ses doigts sous son t-shirt et frissonna de plus belle au contact de sa peau. Ses caresses voyageaient le long de son dos tandis que les mains de Ben descendaient de plus en plus bas. Il s'éloigna de ses lèvres pour embrasser furtivement son cou. Elle avait comme l'impression que son corps se réveillait d'un long sommeil. Personne ne l'avait touchée ainsi depuis des années. Elle redécouvrait des sensations oubliées, ensevelies sous une tonne de souffrance et de douleur. Elle refusait que ce baiser ne prenne fin, cherchant ses lèvres encore et encore, pour que jamais ce moment ne s'arrête. Leurs échanges redoublaient d'intensité, ils perdaient toute notion de temps et de lieu, oubliant presque qu'ils se trouvaient dans la cage d'escalier de l'immeuble. Elle aurait pu se donner à lui, là, tout de suite, sans se faire prier. Comme s'il lisait dans ses pensées, il se stoppa. Ses yeux sombres la fixaient d'un regard avide. Son dos était toujours contre le mur et ils se tenaient l'un en face de l'autre, à bout de souffle. Elle avait du mal à contrôler les battements de son cœur, qui risquait à tout moment d'exploser dans sa poitrine.

- J'ai envie de toi.

Il l'avait dit doucement, tout près de son oreille, avant de redescendre pour embrasser son cou. Elle n'avait qu'une envie, écouter son corps qui lui hurlait de céder à ses avances. Elle le connaissait à peine, pourtant, il lui faisait définitivement perdre pied.

- Moi aussi.

Elle ferma les yeux et profita encore quelques instants de ses baisers brûlants, consciente qu'elle devrait rapidement retrouver ses esprits. Le retour à la réalité serait brutal.

- Ben...

Il s'arrêta une nouvelle fois et la regarda, le souffle court.

- On ne peut pas rester ici. Et je ne peux pas te faire entrer, ma sœur dort sur mon canapé.

Elle avait gâché ce moment contre son gré, et aurait pu mourir de frustration à cet instant précis. Malheureusement, les murs de son appartement étaient fins comme du papier à musique et il était inconcevable pour elle de coucher avec quelqu'un à quelques mètres de sa sœur endormie.

La tension était redescendue d'un cran et Ben la regardait toujours, une expression indescriptible dans le regard. Il semblait avoir repris ses esprits lui aussi. Elle ne parvenait pas à décrypter ce qu'il ressentait. Certainement la même chose qu'elle, un mélange amer de déception et de frustration. Il l'embrassa encore, mais cette fois-ci de manière beaucoup plus chaste. Un baiser très doux et tout aussi agréable. Il se détacha d'elle, semblant sur le départ. Elle avait des milliers de choses à lui dire, encore une fois les mots lui manquaient. Il replaça une mèche de cheveux derrière son oreille, puis se retourna et la laissa plantée là, sans un mot de plus. Elle restait ahurie, se demandant si tout cela était bien réel ou juste le fruit de son imagination.

Il réapparut rapidement, les béquilles à la main. Elles étaient effectivement restées en bas, Judith n'y pensait même plus. Elle avait probablement même oublié comment elle s'appelait et où elle habitait tant ce baiser l'avait fait basculer dans un autre monde. La seule chose dont elle se souvenait, était qu'elle détestait Joséphine de toutes ses forces pour se trouver présentement sur le canapé du salon.

Elle accrocha de nouveau ses bras autour du cou de Ben pour qu'il ne parte pas trop vite, et il resserra l'étreinte.

- Prends soin de toi. Tu vas tout déchirer.

Il déposa un léger baiser sur sa joue, qui lui rappela celui qu'elle lui avait donné lorsqu'il l'avait portée dans ces mêmes escaliers la première fois.

- Bonne nuit Judith.

Il lui adressa un dernier sourire avant de s'éloigner d'elle et de disparaître pour de bon.

Tome 1 - Après le videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant