Tome 1 - Après le vide

Chapitre 29

Blottie dans les bras d'Inès, Judith la laissait lui chuchoter des mots apaisants en la serrant contre elle. Elle essayait en vain de la rassurer et la consoler. Judith avait toutes les peines du monde à reprendre ses esprits. Revoir Tony, lui parler... Cela faisait beaucoup à encaisser, d'autant plus que tout ne s'était pas passé comme prévu.

- Bon, tu vas nous raconter ce qu'il t'a dit ?

César commençait à perdre patience. Judith ne savait pas combien de temps elle avait pleuré dans les bras de sa meilleure amie, mais cela devait durer depuis un bon moment. Il se trouvait face à elles, inutile et impuissant, frustré de ne pas avoir pu en découdre avec Tony. Judith comprenait qu'il finisse par s'impatienter. Il avait des obligations à Paris et avait tout mis entre parenthèses pour l'aider, raison pour laquelle elle était sincèrement reconnaissante.

- César, tu vois bien qu'elle est bouleversée, laisse-la respirer !

- On ne peut pas l'aider si elle ne nous dit rien.

- Elle parlera quand elle sera prête.

C'était assez étrange et désagréable pour Judith de les entendre parler d'elle comme si elle n'était pas présente dans la pièce.

- On peut sortir d'ici ? J'ai besoin d'air...

Ils quittèrent tous les trois cet endroit étouffant et bruyant pour discuter plus au calme à l'hôtel dans lequel ils avaient passé la nuit la veille.

- Il faut que je trouve trois mille euros avant la fin de la semaine.

- Quoi ?

- C'est le seul moyen pour qu'il me laisse tranquille.

- Non mais il est sérieux lui ? J'aurais vraiment dû le démolir tout à l'heure ce fils de lâche.

- César, tu ne sais pas de quoi il est capable.

- Il est juste franc à cogner sur des femmes ! Il se chie dessus quand il s'agit de passer aux choses sérieuses, ça se voit. Tu l'as déjà vu se battre contre un mec, sérieusement ?

Judith avait beau chercher dans les tréfonds de sa mémoire, elle devait bien admettre que César avait raison. Tony n'avait jamais cherché à se battre contre Liam et avait toujours fait ses coups bas par derrière. Quand César était intervenu plus tôt, il avait esquivé sans lui rentrer dedans. Il n'hésitait pas à se montrer menaçant mais n'allait jamais plus loin.

- Crois-moi Judith, il ne me fait pas peur ton Tony. S'il faut aller lui mettre un bon coup de pression, ce n'est pas un problème.

- Calme ta testostérone un peu, on sait que tu es un vrai mec et que tu n'as pas peur de lui mettre sa raclée.

- Ça va Inès, arrête de te foutre de moi, je ne suis pas un gros beauf qui se chauffe tout seul. Avec ce genre de merde, c'est la seule chose qui fonctionne. Il faut lui mettre son tarif, il va comprendre un peu.

- Je ne suis pas d'accord avec toi. Ok, il ne mérite que ça, et ça le calmerait peut-être sur le coup, mais il va forcément revenir à la charge à un moment ou un autre. Il faut être plus malins que lui.
- Tu as une idée ?

Judith était plutôt d'accord avec Inès. Un bain de sang n'allait rien résoudre et n'apporterait que des problèmes supplémentaires. Son amie semblait hésitante, mais Judith l'encouragea du regard à poursuivre.

- Ton accident. Tu as reconnu le conducteur, non ? Est-ce que tu crois qu'il pourrait témoigner contre Tony et nous aider à prouver qu'il est derrière tout ça ? On ferait d'une pierre deux coups. Il retournerait en prison, donc te laisserait tranquille et paierait pour tout ce qu'il t'a fait.