- Bah alors, t'en fais une tête !
Telle une gamine prise en faute, Judith sursauta et manqua de lâcher son téléphone, surprise par la voix d'Inès. Effectivement, son visage avait dû changer de couleur à la découverte de cette publication Instagram.
- Oh ce n'est rien, je suis juste... Mais ça te va super bien ce carré ! T'es magnifique.
Judith détourna habilement la conversation, préférant esquiver le sujet pour le moment. Ceci dit, Inès était réellement superbe avec cette coupe de cheveux qu'elle arborait fièrement. Cette dernière n'insista pas et lui sourit, ravie de recevoir des compliments sur sa nouvelle coiffure.
- Toi aussi tu es belle. Ça te va super bien cette robe. Dis donc, tu as mis le paquet pour cet entretien d'embauche.
- Mon Dieu, ne m'en parle pas. C'était atroce.
- A ce point ?
- Pathétique. Ça ne vaut même pas la peine que je te raconte. Je ne sais pas ce qui m'a pris d'accepter, j'ai voulu faire plaisir à Joséphine, mais au fond de moi je savais que c'était une mauvaise idée.
- Ce n'est pas grave. Il y aura d'autres occasions.
Cet optimisme à toute épreuve faisait partie des nombreuses qualités d'Inès. Il en fallait vraiment beaucoup pour la décourager.
Pendant qu'elles attendaient leurs plats, Judith évoquait les dernières frasques d'Elinor, sa voisine, qui avait un don particulier pour se retrouver l'héroïne d'histoires à dormir debout. Inès et Elinor avaient fait connaissance chez Judith et s'entendaient bien. Habituellement, Inès était plutôt friande de ce genre de potins croustillants. Cette fois-ci, elle écoutait son amie distraitement, la tête ailleurs et les yeux rivés sur l'écran de son téléphone, visiblement occupée à envoyer des messages à un interlocuteur mystérieux.
- Oh ! tu m'écoutes ?
- Oui. Elinor, son mec...
- Ce que je te raconte ne t'intéresse absolument pas, avoue ?
- Hein ? Mais pourquoi tu me dis ça ?
- Tu es complètement obnubilée par ton écran.
- N'importe quoi...
Elle leva les yeux au ciel mais son petit sourire coupable la trahissait. Judith lui jeta un regard dubitatif.
- Ok, c'est César. On se revoit plus ou moins en ce moment.
- Vous êtes de nouveau ensemble ?
- Non. Enfin, je pense qu'il aimerait.
- Et pas toi ?
- C'est plus compliqué que ça... Je lui ai fait beaucoup de mal. Il dit qu'il est prêt à me pardonner, mais je ne suis pas sûre que ce soit suffisant.
- Tu ne m'as jamais vraiment raconté ce qu'il s'était passé entre vous.
- Je ne suis pas fière de ce que j'ai fait, si tu savais.
Judith sentait que son amie avait besoin de vider son sac, elle l'encouragea du regard. Inès hésita longuement avant de poursuivre.
- César et moi, ça a toujours été une évidence. Il y a un truc qui nous lie, c'est indéniable. Malheureusement, c'est devenu compliqué entre nous. On s'est séparés parce qu'on n'avait pas les mêmes attentes, il voulait fonder une famille dans un futur proche et moi pas du tout. Ça, tu le savais déjà. On était ensemble depuis trois ans quand je suis tombée enceinte, par accident... J'ignore toujours comment ça a pu arriver, mais c'est arrivé et j'ai eu peur. Je savais qu'il en rêvait et qu'il aurait du mal à accepter que l'on ne garde pas le bébé. C'était vraiment au-dessus de mes forces, je ne voulais pas de cette grossesse. J'ai avorté sans même lui dire que j'étais enceinte... J'ai tellement honte d'avoir fait ça ! Avec le recul, j'aurais agi autrement, évidemment. J'ai paniqué, je savais que notre histoire allait se terminer quoi qu'il arrive. J'étais dans l'impasse. Il n'allait jamais pouvoir me pardonner de vouloir avorter, je n'allais jamais accepter de garder le bébé pour lui faire plaisir. J'ai juste repoussé l'échéance de quelques semaines, puis je me sentais tellement coupable que j'ai fini par tout lui avouer. Comme tu peux imaginer, il l'a très mal pris.
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Tome 1 - Après le vide
RomanceLe cœur brisé par une relation destructrice et le corps meurtri suite à un terrible accident, Judith tente de recoller les morceaux de sa vie.