Tome 1 - Après le vide

Chapitre 42

En même temps que la fin de l'an 2015, Ben et Judith avaient célébré leur première année ensemble. Elle ne se lassait pas de se remémorer ce baiser échangé à minuit, mêlant les feux d'artifices du nouvel an aux feux d'artifices qui explosaient au creux de son ventre. L'année s'était vite écoulée, apportant son lot de surprises, bonnes ou mauvaises. Comme bien des couples, ils avaient vécu des hauts et des bas.

Si elle avait accepté les trop nombreuses absences de Ben tout ce temps, elles commençaient à lui peser. Il avait passé toute la fin d'année sur les routes à assurer la promo de son album, donner des concerts et travailler en studio avec l'Alliance. Il s'était octroyé une pause pour les vacances et l'avait de nouveau emmenée à Marseille, où ils avaient passé Noël avec sa famille. Le courant était bien passé. Judith avait rencontré des gens aimants et chaleureux. Elle se sentait privilégiée d'être intégrée à ce cercle familial, comme si elle en avait toujours fait partie. Cela comptait d'autant plus pour elle, qui n'avait pas passé Noël en famille depuis des années. Elle avait fait la connaissance de Lina, la petite sœur de Ben. Elles avaient un caractère assez similaire et étaient devenues plutôt proches. La grand-mère et la mère de Ben l'avaient vite acceptée, et elle avait été tellement touchée de lire la fierté dans les yeux de Ben quand il la voyait en leur compagnie... Son père était plus distant, plus en retrait, mais s'était montré très courtois à son égard durant le séjour.

Le retour à Paris avait été rude. Elle avait pu profiter de la présence de Ben pendant une semaine entière et y avait un peu trop pris goût. Elle allait bien vite retrouver sa solitude et les longues soirées passées à l'attendre désespérément. Elle tombait de haut à chaque fois que leur bulle éclatait. C'est à contrecœur qu'elle le rendait à sa vie d'artiste. Egoïstement, elle aurait voulu le garder pour elle un peu plus longtemps, même si elle se pliait tout de même aux règles du jeu sans se plaindre. Heureusement qu'elle avait ses amis pour lui changer les idées. Inès et César savaient que la situation lui était pesante et n'étaient jamais loin. Son travail était d'une aide précieuse également, Élias et Rosie lui accaparaient l'esprit une bonne partie de la journée, l'empêchant de sombrer dans la profonde lassitude vers laquelle elle se sentait glisser ces derniers temps.

La journée avec les jumeaux avait été bonne, ils avaient été adorables comme rarement. Pourtant, en rentrant chez elle ce soir, son cœur était lourd. L'idée de retrouver son appartement vide lui donnait le cafard. Ben n'était pas rentré à la maison depuis une semaine, il lui manquait tant que cela devenait douloureux physiquement. Elle savait quand il partait, jamais quand il revenait. Il faisait son possible pour qu'elle ne se sente pas trop délaissée, mais rien n'y faisait. En poussant la porte de l'appartement, les joues baignées de larmes, elle eut la surprise de tomber sur Ben, au téléphone dans le salon, l'air plutôt contrarié.

- J'te rappelle plus tard. Ouais... Non. Non, plus tard.

Il raccrocha et posa son téléphone sur la table, avant de s'avancer vers Judith.

- Pourquoi tu pleures ?

- J'pleure pas.

Judith tenta de refouler ses larmes mais l'effet inverse se produisit et un torrent de pleurs incontrôlables inonda son visage.

- Ju, tu me stresses là, dis-moi ce qu'il y a ! C'est grave ?

Elle eut toutes les peines du monde à articuler un « non » inaudible. Il sembla soulagé et la serra fort contre lui. Son odeur familière et la sensation de ses bras autour d'elle lui firent du bien. Il était là, c'est tout ce qui comptait.

- Je... Je ne sais pas ce qu'il m'arrive.... Je suis désolée. Je pensais que tu ne serais pas là ce soir, et c'est juste que... Tu me manques. Tu me manques tout le temps.