Chapitre 31

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Une vingtaine de personnes entassées dans le petit appartement de César et Ben s'apprêtaient à célébrer la fin de l'année 2014. La soirée était agréable et malgré le monde et le brouhaha, l'ambiance restait détendue et joyeuse. Judith, elle-même de très bonne humeur, était pressée d'en finir avec cette année morose et d'en entamer une nouvelle. Évidemment, absolument rien ne changerait, demain ne serait que la suite d'aujourd'hui, peu importait qu'on soit en 2014 ou en 2015. Elle avait tout de même hâte de découvrir ce que cette nouvelle année lui réservait. Tout bien réfléchi, cette année n'avait pas été si mauvaise, même si elle s'était révélée plutôt intense : elle était enfin débarrassée de Tony, après deux ans de rééducation intense, elle marchait à peu près correctement, elle avait trouvé un travail épanouissant, renoué un lien avec sa sœur et fait la connaissance de personnes extraordinaires.

Un groupe quitta le petit balcon et Judith put apercevoir César, resté seul à l'extérieur pendant qu'Inès dansait avec l'une de ses amies. Il fumait, le regard perdu dans le vague. Son apparente tristesse dénotait avec l'ambiance générale de la soirée. Judith décida de sortir pour lui tenir compagnie. Son écharpe sur les épaules pour affronter le froid glacial du 31 décembre, elle se joignit à César sur le petit balcon.

- Salut.

Un léger signe de tête de sa part lui signifia qu'il avait remarqué sa présence. Il ne bougea pas d'un iota, continuant sa contemplation silencieuse des rues animées. Un peu mal à l'aise, Judith prit son courage à deux mains pour lui adresser les remerciements qui lui tenaient à cœur. Ils se connaissaient si peu, pourtant, César avait déjà tant fait pour elle.

- Je n'avais pas eu l'occasion de te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi. Tu n'as pas hésité à parcourir trois cent kilomètres pour m'aider, alors qu'on se connaissait à peine.

Il releva la tête vers Judith, surpris par le monologue de celle qui parlait si peu habituellement.

- Tu n'as pas à me dire merci. C'est normal.

- Si tu n'avais pas été là, je n'ose même pas imaginer la tournure des événements. C'est important pour moi de te remercier. Tu as été parfait.

- Si c'était à refaire, je n'hésiterais pas une seule seconde. Ça me dégoûte, ces petits bâtards qui se permettent de frapper leur femme... Et je sais qu'Inès t'estime beaucoup, ça ne serait pas le cas si tu n'étais pas quelqu'un de bien.

Judith s'installa près de lui, sans poser de question. La dernière chose qu'elle souhaitait était de le brusquer ou de paraître indiscrète. Il lui parlerait, s'il en éprouvait le besoin.

- Tu fumes ?

- Non, merci.

- Alors pourquoi tu restes là, dans le froid ?

- Je ne sais pas, tu avais l'air un peu triste. Je me suis dit que tu avais peut-être besoin de compagnie... Mais je ne veux pas t'embêter. C'est vrai qu'on ne se connaît pas vraiment... Je comprendrais que tu n'aies pas envie de me parler.

Un petit sourire vint détendre son visage, resté jusque-là assez fermé.

- Ne t'inquiètes pas, tu ne me déranges pas. En fait, je suis en train de remettre toute ma vie en question et ça me prend la tête. Je n'arrive pas à délirer avec les autres comme si de rien n'était. Avec l'année qui se termine, que tu le veuilles ou non, tu fais le point sur ta vie, sur tes attentes.

- Comment ça ?

Il s'assura que personne ne regardait dans leur direction et sortit une petite boîte de sa poche.

- Je voulais demander à Inès de m'épouser, mais je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je suis sûr de moi à cent pour cent, je l'aime comme un dingue. Je ne vois plus ma vie sans elle...

Tome 1 - Après le videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant