Chapitre 10 - Julia

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Je suis enfin de retour en classe et ça me fait un bien fou. Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'y serais retournée depuis longtemps, mais je ne peux ouvrir l'œil droit que depuis vendredi alors...

J'ai mis autant de maquillage que possible sur mon visage, mais je sais très bien que ça n'en camoufle pas assez. Tant pis, je n'ai pas à avoir honte d'être vivante. Ma cohabitation avec Molly est un second souffle. Je savais déjà que cette fille était lumineuse mais grâce à elle je souris à nouveau comme je n'avais pas souris depuis bien trop longtemps.

Marco est également passé chaque matin avant son travail pour prendre de mes nouvelles. J'ai laissé un mot de remerciements à Dan lorsque j'ai corrigé ses lettres. Je pense que c'est lui qui me protège ainsi, je ne vois personne d'autre capable d'une chose pareille.

Les gardiens ont eu la décence de ne pas me poser de questions même si je vois leurs regards interrogateurs. J'entre dans ma salle la tête haute, un sourire aux lèvres. Je salue mes élèves. Leurs regards à tous sont braqués sur mon visage marqué. Depuis que mon poing a rencontré la mâchoire d'Abel, j'ai gagné leur respect. Depuis que je les aide, j'ai gagné leur confiance. C'est Pablo qui intervient le premier :

- Je ne me rappelle pas d'avoir eu des marques pareilles la dernière fois que j'ai eu la grippe.

- On se fera un plaisir d'envoyer quelqu'un faire le ménage, me propose Maverick.

- Merci, mais quelqu'un s'est déjà chargé de me protéger à l'extérieur. D'ailleurs je l'en remercie, même s'il ne souhaite pas que je sache qui il est.

Mes yeux se posent sur Dan qui me sourit tendrement.

- Il faudrait être aveugle pour ne pas voir qui c'est, se marre Caleb.

- Et bien ... Étant donné que je ne peux ouvrir les deux yeux que depuis 2 jours, on ne peut pas dire que ma vision ait été de bonne qualité ces derniers temps.

Les hommes face à moi rigolent ce qui m'arrache un sourire.

- Mais dites moi, il fait drôlement chaud ici, non? je plaisante en constatant qu'ils ont enfin allumé le chauffage.

- Tu peux enlever ton pull si tu as trop chaud.

- On sera ravi de te servir d'éventail, roucoule un autre.

- Si vous aimez les Schtroumpfs, vous allez être servis, je tente de plaisanter.

Pourtant ils font tous une grimace, non pas de dégoût mais plutôt de compassion.

- Allez, assez parlé de ma vie de conte de fées! On a beaucoup de choses à rattraper.

Je commence à déambuler dans les allées et à distribuer le travail que je leur ai préparé. Arrivé près de Dan, il pose sa main calleuse sur la mienne et sert mes doigts en un geste tendre.

- Merci Gamine. Mon avocat m'a dit que tu allais plaider pour moi devant la commission. Et puis j'aurais pu attendre un mois de plus, tu sais? Ça fait 22 ans que j'attends.

- C'est normal après tout ce que tu as fait.

- Ce n'est pas moi qui te protège, Gamine. Il va falloir élargir ton champ de vision, me dit-il avec un clin d'œil.

- Qu'importe que ce soit toi ou non. Tu as beaucoup travaillé ces dernières semaines, je n'allais pas tout gâcher si près du but.

- Ta vie a plus d'importance que la mienne. Tu aurais dû te reposer.

- Ma vie est si merdique, que j'ai presque envie de dormir ici. Et toutes les vies sont importantes, enfin presque toutes, je corrige en pensant à Karl. Enfaite laisse tomber, y'en a qui mérite de crever. Bref!

Au delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant