Chapitre 27 - Tom

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— Tu vois tu l'as fait pleuré, râle Marco.

Julia se lève, embrasse ma joue avant de se pendre à mon cou où elle niche son nez. 

— Merci, souffle t elle contre ma peau. 

— Je tiens toujours mes promesses, je rigole.

— Je vois ça. Maintenant va falloir le monter.

Je la regarde les yeux ronds, elle est pas sérieuse? Son père se gausse.

— Tu assumes ta connerie petit con! J'ai monté des lego pendant 10 ans, hors de question que je monte ce château de princesse! 

Pourquoi j'ai acheté ça déjà? 

— Tu as le droit de manger avant si tu veux.

— Trop aimable, je marmonne.

Elle me tend une boîte noir en cuir avec un sourire timide. Je l'ouvre et y découvre une montre. 

— Il déteste qu'on soit en retard, m'explique t elle en montrant son père qui regarde Marco avec une grimace.

Qu'est ce qu'il a encore raconter comme connerie celui là?

— Tu l'as trouvé où? demande son père à Molly.

— C'est le meilleur ami de Tom, répond elle.

— Ah oui, je comprends mieux, soupire Papa Hendrix en me regardant d'un œil mauvais.

 Nous passons à table, les plats s'enchaînent et je me détends un peu. Marco alimente le plus gros de la discussion sous l'hilarité des filles. Papa Hendrix me fusille du regard comme si j'étais responsable de la stupidité qui s'écoule de ses lèvres. Tout le monde a bien bu, moi je n'ai pas touché au verre de vin que le père de Julia m'a servi, ma bière toujours à la main. Tout dérape quand je tends la main vers la bouteille d'eau.

  Arrête un peu petit con! Il y a bien assez de place pour que vous dormiez ici. Tiens, prends un peu de vin. Tu préfères un whisky? Ca te détendra les zygomatiques, se marre le vieux.

Je ne réponds pas, Marco est tendu mais j'arrive à me contrôler pour le moment... Julia regarde ma bière et semble seulement comprendre que je n'ai rien bu de la soirée. Son père se lève et sort 3 bouteilles de whisky qu'il dépose devant moi. 

— Vas y, fais toi plaisir. Tu ne vas pas me faire croire que tu ne craques pas face à cette pépite de 12 ans d'âge.

— J'ai eue un aperçu de ce qu'un mélange de cette merde et de mes gènes pouvait faire. Alors non merci.

Je me lève brusquement faisant sursauter Julia et sort de la maison. Dehors je tourne en rond comme un lion en cage. La porte d'entrée s'ouvre doucement mais je n'y prête pas attention, je dois me calmer. Il ne sait pas, il a bu, il est con, c'est tout. J'inspire, expire, inspire, exp... Son contact m'électrise, je me stoppe à la seconde où ses doigts se posent sur mon bras. Je plonge dans ses iris bleus.

— Je suis désolée, il ne voulait pas te mettre mal à l'aise. Il pensait que..

— Pourquoi tu passes ton temps à t'excuser? je la coupe.

— Ton père buvait? élude t elle évitant de répondre à ma question.

Je n'ai pas besoin de répondre, elle hoche la tête, elle a compris. Je ne veux pas parler de lui, pas aujourd'hui, pas avec elle. Il ne mérite même pas qu'on pense à lui d'une quelconque manière. Elle continue de me fixer, cherchant des réponses à ses questions silencieuses. J'approche et elle recule. Je continue jusqu'à ce qu'elle bute contre la porte. Elle a peur. Je suis presque sûr que ce n'est pas de moi, sinon elle ne m'aurait pas rejoint hier soir. Alors ... sans doute de ce que je pourrais lui faire. Sauf que si elle avait seulement peur que je la frappe elle ne paniquerait pas à chaque fois que je pénètre son espace vital. Il faut que je sache.

— Il t'a violé?

— Quoi? Pourquoi tu dis une chose pareille? 

La panique se peint lentement sur ses traits et ses yeux balaient mon visage. Elle a un doute. Il est fort, très fort ce fumier. 

— Répond.

— Non.

— Donc... a chaque fois qu'il a posé une main sur toi tu en avais envie et ça te plaisait? 

Je la vois déglutir avec difficulté et semble totalement perdue. Elle ne me ment pas, elle est persuadée de ne pas avoir été violée, c'est presque pire que d'en avoir conscience. 

— Je ... on était ensemble, je ...

— Tu ? Tu le suppliais de te toucher? Tu aimais qu'il te touche? Il te demandait ton autorisation avant de te toucher?

— Arrête. Des milliers de femmes sont violées chaque jour dans des conditions atroces. Tu ne peux pas me comparer à ...

— Le viol conjugal, tu connais? Tu sais, quand l'homme qui partage ta vie estime avoir tous les droits sur ton corps. Quand il te touche sans ton consentement. Quand il te baise alors que tu pleures.

— Arrête, me supplie t elle les joues baignées de larmes.

Je referme mes bras autour d'elle. Son corps tremble contre le mien et je mets les choses au clair une bonne fois pour toute. 

— Je ne te toucherai pas à moins que tu ne m'en supplies. Alors arrête d'avoir peur de moi. Je suis un monstre mais pas de son acabit. 

Quand on retourne à table, son père n'ose plus me regarder et a sorti une bouteille de jus de pomme et de jus d'orange comme pour s'excuser. Je me marre en silence avant d'attraper la bouteille d'eau. Je lui en propose avec un grand sourire auquel il répond par un marmonnement incompréhensible. Enfin si, je crois avoir entendu "petit con" dans son baragouinage. Je crois que c'est mon nouveau prénom. Molly et Julia s'éclipse un moment, Marco me demandent ce qu'il se passe mais je ne réponds pas. 

— Elle va bien? me demande son père alors qu'elles sont parties depuis une demi heure déjà.

— Non. 

— Si tu touches à un seul de ses cheveux, je te découpe les couilles en rondelles et te les sers en salade, petit con, me menace t il avec la pointe de son couteau.

— Il aurait fallu s'en inquiéter il y a plusieurs mois déjà.

Je ne peux m'empêcher de lui balancer cette vacherie. C'est peut être injuste, mais je reste persuadé qu'il aurait dû faire plus attention à elle. Il aurait dû voir. Ses yeux rougissent et je me sens mal à l'aise.

— Elle m'évitait de plus en plus ces derniers mois, j'ai cru que sa mère avait réussi à la monter contre moi... Je l'ai élevé tous seul. Sa mère est partie quand elle avait quelques semaines. Elle s'est remariée avant son premier anniversaire. J'ai tout fait pour qu'elle soit heureuse et épanouie, j'ai cru que j'avais réussi à lui montrer ce qu'elle devait attendre d'un homme. Je pensais avoir fait ce qu'il faut pour qu'elle ne tombe pas entre les griffes d'un monstre. 

Quelques larmes s'échappent de ses yeux et je comprends sa culpabilité. Alors je lui rappelle ce que sa mère et sa sœur ont dit à Julia après sa rupture. Il a voulu la laisser respirer en pensant ne pas la mériter, ce sentiment je le connais trop bien depuis quelques mois. 

— Je vais le tuer, finit il par s'emporter. Il a touché ma petite fille, je vais lui faire la peau.

Il se lève remonter à bloque mais je l'arrête. Il se débat avant de fondre en larmes complétement désarmé. Lorsqu'il me prend dans ses bras, je reste figé incapable de bouger. 

Au delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant