Chapitre 12 - Julia

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Je suis allongée dans mon lit, je n'ai pas dormi de la nuit. Mon altercation avec Tom m'a marqué bien plus que je ne veux l'admettre. Pourtant je suis sûre d'avoir fait le bon choix en demandant à Sean de fermer les yeux. J'ai dû batailler dur avec lui pour qu'il accepte d'effacer cette histoire. Mais je suis convaincue que c'était la meilleure chose à faire.

J'ai connu un monstre, un vrai. Et jamais il ne m'a regardé comme Tom l'a fait hier. Dans les yeux de Karl je pouvais voir la noirceur de son âme. Dans ceux de Tom j'ai pu voir toute la douceur et la tendresse qu'il ne sait exprimer. Je deviens peut être folle, après tout, Karl m'a donné beaucoup de coups sur la tête. Pourtant je sais ce que j'ai vu. Il a voulu m'effrayer parce que dans son monde c'est la loi de la jungle. C'est le plus fort qui gagne. Dans mon monde on fonctionne différemment, il l'a simplement oublié.

Je crois que Tom se cache derrière sa brutalité et sa froideur pour ne pas laisser voir ses faiblesses. J'imagine que dans ce genre d'endroit, la moindre faiblesse perçue est utilisée contre vous dans la seconde. Il est incarcéré depuis 10 longues années et la prison entière le respecte. Je doute que cela soit arrivé avec un simple sourire, aussi beau soit il.

Je repense à son torse contre le mien, une étrange sensation s'insère dans mon ventre, déversant une douceur agréable dans tout mon être. Mon réveil sonne, je soupire avant de sortir du lit. Je crois que j'aurai les réponses à mes questions dans quelques heures...

C'est légèrement anxieuse que je pénètre dans ma salle de classe. Je salue mes élèves en prenant soin de ne pas le regarder. Je sors mes documents et demande à Maverick de les faire tourner.

- On va étudier un document tous ensemble la première heure, et vous remplirez un questionnaire la seconde, je leur explique. Je vous laisse découvrir ce poème et on en discute ensuite.

Quand le bien et le mal, couple qui nous obsède... – Victor Hugo

Quand le bien et le mal, couple qui nous obsède,

Fixant leurs yeux sur nous, nous demandant notre aide,

Montrant deux chemins à nos pas,

L'un, celui qui descend, l'autre, celui qui monte,

Sont là, nous appelant, prêts à combattre, ― honte

À l'homme qui ne choisit pas !

Honte au vivant timide, au passant inutile,
Eunuque qui lui-même abdique et se mutile,
Qui voit le devoir et le fuit,
Et ne s'y jette pas la tête la première,
Et n'ose pas ouvrir la porte de lumière
Et fermer la porte de nuit !

Qui recule peut faire une ruine immense.
Grands, petits, Dieu sait seul où la force commence,
Seul où la faiblesse finit ;
Quand un mont chancelant croule, le grain de sable,
S'il pouvait empêcher sa chute, est responsable
Des crimes du bloc de granit.

L'homme faible est l'appui du méchant qui se lève ;
Les peureux font l'audace ; ils ont avec le glaive
La complicité du fourreau.
Ne dites pas : ― C'est mal, mais je n'y vois que faire. ―
Ne dites pas : ― J'ai peur ; et je rentre en ma sphère ;
Meurs, victime ; frappe, bourreau.

Je laisse le remords et le crime à ma porte ;
Je m'en vais du forfait des autres ; que m'importe
Leur scélératesse ou leur deuil !
Ce mort, s'il m'accusait, serait une âme fausse ;
Car, n'étant pas de ceux qui creusèrent la fosse,
Je suis quitte avec le cercueil. ―

Au delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant