Chapitre 15 - Tom

1.2K 84 6
                                    

On fait moins de 10 mètres lorsqu'elle s'effondre contre moi. On n'y arrivera pas. Elle est vide de toute énergie. Elle est si faible que je pourrais la briser en un claquement de doigt. Pourquoi j'ai voulu la sortir de ce placard à balais!?! Quel idiot! Maintenant le sol est jonché de gouttelettes de sang. On doit avancer, le placard n'est plus une option sûre.

- Je vais te porter Princesse, c'est ok?

Elle ne répond pas mais je perçois un petit hochement de tête. Je passe un bras dans son dos et un sous ses genoux.

- Allez, accroche toi, Julia. Je vais te mettre à l'abri et ensuite j'irai chercher ton château.

- Tu as intérêt à tenir tes promesses, sinon je te poursuis pour pub mensongère.

Je souris malgré moi alors qu'on atteint les escaliers. Je commence à gravir les premières marches lorsque j'entends des pas dans mon dos.

- Tiens, tiens, tiens, roucoule Abel. Ca été si facile, je suis presque déçu.

Je pose Julia sur les marches avec délicatesse avant de me tourner vers lui. Une barre de fer dans chaque poing, je l'attends. Le regard lubrique qu'il pose sur elle alimente la rage qui s'insinue en moi. Mon sang bouillonne. Mes poings se serrent si fort sur mes armes de fortune que les plaies se rouvrent, une à une. Mais je ne ressens pas là douleur, trop d'adrénaline court dans mes veines. C'est lui ou elle, c'est lui ou moi. Il va crever ce soir et elle rentrera chez elle.

- Tom, murmure-t-elle apeurée.

- Ferme tes jolis yeux Princesse.

Mon nom dans sa bouche agit comme un piqûre et je saute sur Abel avant qu'il n'ait le temps de faire un geste. Il part mes premiers coups mais je finis par planter l'un des bâtons entre ses côtes. Son cri de douleur m'offre un moment de répit jouissif. J'enfonce la pièce de métal un peu plus loin, dans l'espoir de toucher un organe vital. Son crâne vient fracasser le mien avec force. Je suis sonné quelques secondes.

J'entends du bruit venant du haut des escaliers. Je vais crever ici et elle va souffrir. La panique s'empare de moi, c'est un sentiment que je n'ai pas ressenti depuis longtemps. Cette peur de perdre une personne qui vous est chère.

Je ne prends pas le temps de regarder qui arrive et frappe violemment Abel avec mon deuxième morceau de métal. Cette fois je l'enfonce dans son cou et ses yeux exorbités me confirme ce que je sais déjà.

Quand je me retourne pour enchaîner avec les suivants, je découvre Maverick et Caleb en train de porter Julia à l'étage. Mon sang bouillonne et lorsque Maverick croise mon regard il comprend.

- Reste pas là LeatherFace. Faut la mettre à l'abri chez les matons.

Je respire à nouveau. Il n'est pas là pour la blesser mais pour l'aider. Je grimpe les marches 4 à 4 et les rejoints à l'étage. Je prends le relais, et récupère Julia qui s'accroche à mon cou. Le gang de Maverick est là au complet. Si au départ je suis surpris, je comprends vite qu'il nous offre sa protection.

- Allez vous mettre à l'abri, on veille au grain, me confirme t il.

Je cours vers la salle de pause des surveillants et nous enferme à clés avant de la déposer sur leur petite banquette d'appoint. Je balaie la pièce du regard jusqu'à apercevoir la trousse de secours au-dessus de l'armoire. Je l'attrape et l'ouvre. Elle contient du désinfectant, des compresses, des bandages et des pansements. Rien de sensationnel mais je vais pouvoir retirer le morceau de métal qui la blesse un peu plus à chaque mouvement.

- Julia? Tu m'entends? Princesse, réveille toi.

- Le vilain crapaud embrasse la Princesse pour se transformer en Prince charmant normalement, marmonne-t-elle les yeux clos.

- Personne n'a jamais envie d'embrasser le vilain crapaud. Encore moins quand tu délires parce que tu as perdu beaucoup trop de sang. Je vais retirer cette tige, d'accord?

- Ça saignera encore plus.

- J'ai de quoi faire compression. Maverick et ses gars montent la garde, je peux rester près de toi jusqu'à ce que l'émeute soit maîtrisée, ok?

- Hmm

- Ça va faire mal.

- Ça fait déjà maaaaaaaal, hurle t elle quand je retire la tige.

- J'aurais dû te prévenir tu penses?

- Tu me le paieras cher Mura, grogne t -elle.

Je souris une seconde jusqu'à ce que je vois la quantité monstrueuse de liquide s'écouler de sa plaie. Je remonte son sweat pour avoir accès à la plaie qui n'est pas belle du tout. Je prends un tas de compresses et appuie de toutes mes forces, ce qui lui arrache un nouveau cri de douleur.

- C'est bon, je te dé-tes-te, articule-t elle les dents serrées.

- Tant mieux. Je vais essayer de faire un bandage pour maintenir les compresses en place. Tu peux appuyer?

Je passe les bandes tout autour de son ventre après l'avoir aidé à se redresser pour me laisser accès à son dos. Je sers les bandes au maximum, puis fouille la pièce. Je trouve ce que je cherche rapidement. Les gardiens sont descendus en catastrophe et n'ont pas pris toutes les radios. J'essaie plusieurs fréquence, sans réponse, je commence à m'énerver lorsqu'on me répond enfin.

- Vous me recevez?

- 5 sur 5, qui est-ce?

- C'est Mura, je suis dans votre salle de pause avec Hendrix. Elle est gravement blessée et à besoin d'être évacuée de toute urgence.

- Bien reçu. Je vais voir ce qu'il se passe au Nord. Il y a déjà des ambulances qui attendent à l'extérieur, mais les ariens bloquent l'aile Sud qui mène à vous.

La radio grésille à plusieurs reprises, je tente, en vain, de joindre à nouveau le gardien. Les minutes s'égrainent alors que Julia semble s'évaporer un peu plus à chaque fois.

- Parle moi Princesse.

- Hmm

La panique s'empare de moi, je voulais la sauvé et je l'ai tué. Je regarde mes mains trembler, impuissant. J'entends du bruit dans le couloir. Des ordres fusent alors que les hommes de Maverick se rebellent. Je ne peux plus rien pour elle, autant que je les aide à éloigner les nazis d'ici. Je sors, près à me battre avec toute la rage qui me consume. La dizaine d'afro qui nous protègent barricadent notre entrée alors qu'au loin je vois Paul et l'un de ses collègues.

- Mettez vous contre le mur, je ne me répéterez pas, hurle le maton.

- On est avec vous, bordel, rage Caleb.

- Reculez, répète Paul.

- Paul, il faut la sortir de là et vite, j'interviens.

Lorsqu'il me voit, il se détend légèrement, même si son arme est toujours braquée sur les hommes qui nous servent de bouclier.

- Dès qu'ils seront tous menotté, me répond Paul nerveux.

- On peut vous aider à l'évacuer plus rapidement, commence Maverick calmement. Si on vous escorte, on pourra s'occuper des obstacles.

Le doute s'insinue dans l'esprit des deux gardiens. Paul me regarde, cherchant une réponse.

- Ils nous protègent depuis tout à l'heure et elle ne tiendra plus très longtemps. Je sais que vous faites votre boulot mais ils la respectent et veulent la protéger autant que toi et moi.

Paul hoche la tête alors que son collègue paraît inquiet.

- Ok, placez vous près de LeatherFace et la gamine. Nous on fait barrage, vous n'aurez qu'à tirer dans le tas s'ils nous passent dessus, propose Maverick.

- Ce n'est quand même pas les détenus qui vont nous dire comment évacuer une civile, interviens le maton outré.

- Place toi derrière Mura et Hendrix, je me place devant et on les suit, répond Paul.

Au delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant