Chapitre 24 - Tom

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Après notre discussion, elle est venue se blottir contre moi. Je ne sais toujours pas ce qu'elle pense de tout ça, de moi. Mais j'imagine que si elle ne m'a pas mis à la porte c'est plutôt bon signe. Bon signe pour quoi d'ailleurs? Comme si je la méritais! 

Mon dos me fait souffrir, ma position est inconfortable et mes hématomes me rappellent encore où j'étais il y a peu de temps. J'ai écrit plusieurs fois à Marco pour savoir si je pouvais rentrer sans risquer de les surprendre en train de forniquer sur la table de la cuisine mais il ne me répond pas le salaud. 

— Ca va pas? Tu n'arrêtes pas de gigoter, murmure Julia, sa tête sur mon cœur.

— J'ai mal au dos, j'avoue.

— Oh bien sûr, désolée, dit elle en se redressant. Attends, j'ai de la crème je crois.

Elle revient quelques minutes plus tard avec un tube de pommade et de quoi changer mes pansements. Elle lit la notice d'une boîte de médicament, les bras chargés. 

— Tu peux prendre ça pour la douleur si tu n'as rien pris depuis plus de 6 heures.

— Merci.

J'avale les cachets qu'elle me tend et elle m'aide à enlever mon haut. Après avoir changé la compresse sur mon abdomen, elle applique de la crème sur chacun de mes hématomes. Ca me fait un bien fou, pas seulement parce que c'est elle, mais surtout parce que je n'ai pas pu en mettre les 3 derniers jours. Je ne me voyais pas demander à Marco de me badigeonner de crème et le moindre mouvement me fait souffrir, alors je prends mon mal en patience.  Une fois terminé, je la vois regarder mon entrejambe, je doute que ce soit une bonne idée qu'elle change ce pansement là...

— La salle de bain est là bas, si tu veux ... 

Elle ne termine pas sa phrase et son visage s'embrase. Je prends les compresses et vais changer mon pansement à l'aine dans la salle de bain. Quand je reviens, la télévision est éteinte et elle a déplié le canapé. Un oreiller et une couverture m'attendent sur mon lit d'appoint. 

— Je vais me coucher, je suis épuisée. Tu as besoin de quelque chose?

— De toi, je souffle.

Putain, pourquoi j'ai dit ça? Ses grands yeux de biche me fixent sans comprendre. Toute façon, maintenant que c'est sorti ... un peu plus, un peu moins ...

— Dors avec moi.

Elle recule, je ne sais pas si elle en a conscience mais à la seconde où les mots sont sortis de ma bouche, son pied reculait. Elle est terrorisée. Sauf que maintenant je ne sais plus vraiment si c'est moi ou le fait que je sois un homme, peut être bien même les deux.

— Je ... je peux pas. Bonne nuit.

Elle disparaît aussi vite qu'un mirage. 

Allongé sur mon lit d'appoint, mes bras derrière la tête, je fixe le plafond en essayant de comprendre quelque chose à cette soirée. D'abord le date ridicule arrangé par les deux tourtereaux en manque de sexe. La rencontre étrange avec son père. Mon histoire qui ne semble pas l'effrayer ou peut être n'ose t elle pas me mettre à la porte? Peut être bien qu'elle tremble dans son lit, terrorisée à l'idée que je vienne l'égorger dans son sommeil. Je devrais peut être aller voir ... non, c'est ça qui la ferait flipper! Je soupire, las. Après tout, elle m'a demandé de l'accompagner pour sa plainte... Mon cerveau est en ébullition sous ce flot de sentiments contradictoires.  

J'entends un grincement dans le couloir derrière moi. Je ferme mes yeux et tente de contrôler ma respiration pour ne pas l'effrayer. Si elle veut aller boire et qu'elle me voit réveiller, je n'ai aucune idée de la façon dont elle va réagir après ma proposition douteuse de tout à l'heure. Surpris de sentir mes draps bouger, je me concentre pour ne pas me trahir. Elle soulève la couette et grimpe sur le lit à mes côtés. Elle se glisse en douceur sous la couverture. Une distance raisonnable nous sépare jusqu'à ce qu'elle soupire et vienne finalement poser sa tête sur mon torse. Sauf que je sais, qu'à cet instant, je ne la tromperai pas. Mon cœur s'emballe, comme lorsqu'elle m'a touché dans ce placard à balais maudit. Alors je referme mes bras sur elle avant de déposer un baiser sur ses cheveux. Elle se crispe à la seconde où je bouge mais finit par se détendre progressivement, lorsqu'elle voit que je ne tente rien de plus. Bizarrement je m'endors rapidement, baigné dans son odeur de miel que j'aime tant.

— Regarde comme ils sont mignons.

— Pourquoi ils sont pas dans sa chambre? C'est bizarre non. Il a pas l'air confortable ce canapé-lit.

— Peut être qu'ils se sont endormis devant la télé.

— Ou alors ils étaient trop en manque et n'ont pas eue le temps d'arriver jusqu'à la chambre?

— Mais ils auraient pris le temps de déplier le canapé? N'importe quoi.

— Lui il est à poil, tu crois qu'elle aussi?

— Mais c'est pas vrai, vous allez la fermer!, je râle en regardant Marco et Molly penchés au dessus de nos têtes.

Julia ouvre les yeux et se fige en voyant les deux imbéciles qui nous fixent avec des yeux de merlans frits. 

— On a ramené le petit déj pour s'excuser, annonce Molly en secouant des sachets sous notre nez. 

— Allez, lève toi Tommy chéri, j'ai fait du café.

— Dégage de là que je puisse m'habiller.

— Attends, quoi? Elle a le droit de te voir tout nu mais tu fais ton timide devant moi? s'indigne mon ami, une main sur le cœur, une moue outrée sur le visage.

Je lève les yeux au ciel alors que Julia pince ses lèvres amusée. 

— J'ai trop peur que tu fantasmes sur moi, allez dégage Marco.

— Je fantasme déjà sur toi Tommy chéri, raille t il.

Enfin un peu de calme dans le salon, je soupire et me frotte le visage. Le réveil est dur et Julia à nouveau mal à l'aise. Je commence à me poser des questions sur son passif. Et s'il avait fait plus que la battre et l'humilier? Je commence à douter, ce n'est peut être pas une bonne idée que je l'accompagne au commissariat. Julia finit par se lever. Après m'être habillé, je les rejoints dans la cuisine où ils rigolent tous les trois.

— J'ai loupé quelque chose?

— Je te laisse faire, se marre Marco.

Julia lève les yeux au ciel avant de me faire un sourire magnifique qui sent l'embuscade à plein nez. Je fronce les sourcils.

— Marco et Molly fêtent le réveillon avec mon père et moi et je me demandais si tu ...

— Non, merci, je la coupe.

Je me sers une tasse de café et reçois un torchon sur la tête. 

— On ne coupe pas la parole, non mais, râle Julia.

— Je ne fêterai pas Noël, laisse tomber.

Elle se lève et vient se planter devant moi, les poings sur les hanches. Je la surplombe d'une bonne tête et la toise amusé.

— Tu fêteras Noël, assure t elle avec aplomb.

— N-O-N.

Son sourire s'élargit et je sens que je suis à deux doigts de perdre la partie, la garce.

— Oh que si tu fêteras Noël Tom! Tu ne vas quand même pas m'abandonner avec ce petit lutin monté sur ressort et ce psychopathe du sourire?

— Julia ...

— Tom?

— Non.

— Super, je préviens mon père. On t'attend pour 18h. Merci.

Sur la pointe des pieds, elle dépose ses lèvres sur ma joue et je soupire vaincu. Marco et Molly échangent un billet sous le regard triomphant de Julia. Je me trouvais plus combatif derrière des barreaux, va falloir que je remédie à cet état végétatif rapidement. 

Au delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant