Leçon sur la Religion

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— On entre directement dans le vif du sujet : notre nouvelle leçon sur la religion. Nous ne pouvons pas en donner une définition exacte, à cause du nombre de religions qui existe mais un rapide examen permet de dégager deux aspects fondamentaux : la croyance et la divinité. On va tout de suite définir ce qu'est la croyance. Idée tenue pour vrai sans disposer de preuves ou de justifications suffisantes pour établir sa vérité.

— Est-ce que ce que vous dîtes correspond à toutes les religions ? demanda un disciple de la secte Li.

— Oui, mais après, il existe toujours des divergences. Mais ce que l'on peut dire, c'est que la religion est un composé. Elle comporte une part de croyance et de conviction mais aussi d'autres composants que l'on peut regrouper sous le concept de pratique. D'ailleurs, dans son Essai sur la tolérance en 1667, John Locke considère qu'une religion se compose toujours de trois parties distinctes qui sont les "croyances", le "culte" et les mœurs".

— Mais Wei-Qianbei, il me semblait qu'à la place de "croyance", on parlait davantage de "dogme"... fit remarquer un disciple de la secte Wang.

— C'est ce que j'allais ajouter. Noter bien sa définition : les dogmes sont les opinions fondamentales d'une religion, à propos de la divinité ou du sacré. Le culte, lui, désigne l'ensemble des pratiques spécifiquement religieuses, destinées à honorer la divinité ou à se mettre en rapport avec le sacré. Enfin, les mœurs sont les pratiques morales qui sont prescrites aux croyants par la divinité ou par leur lien avec le sacré. Ce sont trois définitions très importantes que vous vous devez de connaître.

— Dit celui qui est en train de lire son cours, et donc les définitions, depuis le début, glissa discrètement Jingyi à Jin Ling qui acquiesça vivement.

— L'étymologie de "religion" va nous permettre dans donner une définition. En effet, ce mot vient du latin religere qui signifie "relier". Il s'agit donc d'une mise en relation. DU coup, une religion est un ensemble de croyances et de pratiques qui organisent la relation entre les hommes et le sacré. On peut observer ensuite deux dimensions de la religion : le fait spirituel et le fait social. Le fait spirituel permet de relier l'homme et la divinité tandis que le phénomène social fait que la religion relie les hommes entre eux en une même communauté. Certains auteurs pensent que la véritable religion est un rapport intime à la divinité, comme le pensait Michel de Montagne dans les Essais de 1580 : "nous sommes chrétiens comme nous sommes Français ou Allemands". Bien entendu, ça fonctionne avec tout. D'autres considèrent que la dimension sociale est la plus importante, comme Thomas Hobbes dans le Léviathan (1651) : "la crainte d'une puissance invisible feinte par l'esprit, ou imaginée à la suite de récits qui bénéficient d'une permission officielle, appelée Religion ; là où cette permission fait défaut, on parle de Superstition".

— Je suppose que personne n'a raison, personne n'a tord, suggéra Ouyang Zizhen. En soi, tout est une question de point de vue. Tout dépend de comment chacun perçoit sa religion.

— C'est exact ! Tu as tout compris, il n'y a pas de vrai ou faux, juste deux façons de penser différentes. Notre dernière partie va se consacrer au sacré et au profane. D'abord, le sacré désigne un ensemble de réalités séparées du monde profane ordinaire et dans lesquelles se manifeste une puissance jugée supérieure. On peut simplifier en disant que le sacré renvoie à tout ce qui concerne les puissances supérieures à l'homme, tout ce qui est au-delà du pouvoir humain. Tout ce qui dépasse l'humanité. Par exemple, dans les religions antiques, la notion de Destin constitue une puissance à laquelle les hommes et même les dieux sont soumis. Quelqu'un a une idée de ce qu'est le profane ?

— J'ai lu que le profane désigne l'ensemble des réalités du monde humain ordinaire, déclara Sizhui. Ce que l'on appelle donc profane, c'est tout ce qui est humain, quelque soit son importance, ainsi que toutes les choses ordinaires que les objets. C'est pourquoi on l'oppose au sacré.

— Effectivement. Si ça continue, tu vas pouvoir faire le cours à ma place... Bon, je pense que vous en savez assez pour aujourd'hui, vous avez bien travaillé.

Wei Wuxian prit ses affaires et fut le premier à quitter la salle, ne comprenant toujours pas comment certains ne s'endormaient pas en cours. Il savait que s'il avait été à leur place, il aurait été KO à peine deux minutes avant le début du cours...


Recueil d'OS The Untamed Et Acteurs ChinoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant