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♫Ainsi font font font ♪

♪les petites marionnettes♫

...

— Non !

Enroulée façon crêpe suzette dans la couverture de son lit, Rosemary avait fini par répondre à la personne qui frappait avec vindicte à la porte de sa chambre.

— Rosemary, cessez vos enfantillages.

Mais à ce moment-là, la jeune femme avait juste envie qu'on l'arrose de rhum et qu'on la fasse flamber. L'immolation par le feu lui semblait un sort enviable.

— Non !

Elle ne savait même pas ce qu'on voulait d'elle. Elle s'en fichait totalement. Elle s'était enfermée la veille et refusait de sortir, et jusqu'à ce début d'après-midi on l'avait laissée en paix.

— Rosemary ! C'est le jour des visites, vous devez être au salon !

Rien à faire des visites, ce n'était pas son problème, ce n'était pas elle la maîtresse de maison.

— Votre Père sera mécontent.

Raison de plus pour rester à imiter la crêpe dans son lit.

La porte se secoua, la serrure émit un bruit métallique (en vain, Rosemary ayant laissé sa clé dedans pour empêcher qu'on ouvre depuis l'extérieur). Un pas lourd fit vibrer le parquet.

— Allez-y !

Un objet lourd heurta la porte.

Hein ?

— Encore !

Un bruit tonitruant de bois fracassé annonça qu'on avait fait fi de la serrure, du verrou et de la porte. Rosemary jeta un œil par un pli de la couverture.

Belle-sœur N°1 entra dans la pièce, l'air fort mécontent. Derrière elle un valet se massait l'épaule et une femme de chambre se tenait sur le qui-vive, la mine curieuse, ne ratant pas une miette du spectacle.

— Bien, votre père sera furieux contre vous.

Ah oui, là, il avait de bonnes raisons. Mais ce n'était pas elle qui avait défoncé la porte cependant...

— Sortez de ce lit !

Madame N°1 s'approcha. Il irradiait d'elle une aura maléfique. Elle attrapa le bord libre de la couverture.

— Debout !

Elle tira d'un coup sec et décidé. La crêpe se déroula et envoya balader Rosemary. La jeune femme atterrit lourdement sur le plancher.

— Maintenant, vous allez vous laver, vous coiffer et vous habiller !

Rosemary gémit sur le sol.

— De gré ou de force !

*

Madame De Fort-Tournivel pilotait avec dextérité sa De Dion-Bouton flambant neuve à travers les rues de Morne-en-Vallée. Évitant les hippomobiles qui encombraient la chaussée, klaxonnant les piétons suicidaires qui traversaient sans prendre garde, elle faisait l'admiration de beaucoup de passants et de quelques passantes.

Sa type K1 pétaradait à ravir.

Il nous faudrait un chauffeur, avait osé dire Yves... Il s'était fait recevoir le fils indigne. Non, mais oh, personne d'autre qu'elle ne touchait à ce bijou de technologie. C'était son jouet ! Personne n'avait le droit d'y toucher !

Le Domaine du Possible-1 (Dark-Romantasy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant