Le Domaine du Possible-1 (Dark-Romantasy)

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♫ Adèle demande à sa mère d'y aller♪

♪Adèle demande à sa mère d'y aller♫

...

— Tu viens faire le battage avec nous ?

Antoine s'était écarté du groupe des batteurs de la Saint-Jean pour s'appuyer au muret qui clôturait le Domaine du Possible. Marie se tenait à l'ombre d'un tilleul. Il connaissait déjà la réponse rien qu'en la regardant, elle était en uniforme couleur de cendre, son épinglette or et sang pour seul ornement.

— Je suis d'astreinte.

Antoine soupira.

— Oui, comme la moitié du canton.

Derrière lui, les batteurs attentaient à une distance respectable, le regard inquiet fixant le dôme sombre qui barrait l'horizon beaucoup trop proche à leur goût. La troupe en avait pourtant vu d'autres, la vingtaine de jeunes entre seize et vingt et un ans étaient tous nés sur la commune de Paix et tous avaient au moins à membre de sa famille portant l'uniforme du service des Anomalies.

Ici on vivait au rythme de Daume, du Domaine et du Jardin du temps.

Antoine jeta un coup d'œil à ses compagnons, leur fit un signe. Les plus âgés haussèrent les épaules, donnèrent des ordres secs aux plus jeunes qui, attelés à une charrette à bras, servaient de bête de somme.

— Allez au portail Nord ! leur cria Marie. On vous a préparé des fagots.

Une acclamation joyeuse accueillit ses paroles.

— Et pour le retour, nous avons prévu de quoi saouler la moitié du canton qui n'est pas d'astreinte.

Un cri de joie retentit.

La troupe entama un chant au rythme du tambour qui ouvrait leur marche. Les paroles n'avaient rien de très correct, parlant essentiellement de boire à plus soif et de forniquer jusqu'à l'épuisement.

Antoine les regarda s'éloigner, il les rattraperait plus tard.

La première partie du battage n'était pas la plus amusante : faire le tour de chaque maison pour collecter le bois du feu qui serait allumé le soir sur la place centrale de Paix. Le retour serait bien plus excitant, dans la nuit, flambeau à la main à réclamer à boire à chaque porte.

Marie s'approcha et s'assit sur le muret à côté de lui.

— Il n'y a pas grand monde cette année.

— Les courageux qui s'approchent du Domaine sont rares. Les autres ont coupé par Pont-aux-Chèvres.

— L'alcool aidant, ils feront moins les difficiles au retour.

Antoine se redressa et observa la jeune femme.

— Avec le dôme sur le jardin, vous serez bien seul à tenir le feu ici, il leur faudrait de sacrés coups de pied de barrique au cul pour pousser même les plus bois-sans-soif au Domaine la nuit.

Marie afficha une moue contrariée.

— Ne t'en fais pas, je viendrai garder le feu avec toi, ajouta Antoine avec un sourire espiègle.

Marie jeta un œil vers la route déserte et passa ses jambes côté route. Il vint se placer devant elle, posa les mains sur sa taille.

— Courageux ? chuchota-t-elle.