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♫Jamais on n'a vu ♪

...

— Tu es sûr de vouloir faire ça ?

Charles observait son ami d'un air dubitatif. Le visage de Paul-Jean était tourné vers l'extérieur, le regard perdu dans le paysage qui défilait par la fenêtre de la confortable berline.

Il ne répondit pas.

— Tu vas vraiment la mettre dans un train pour... pour où déjà ?

— Domaine du Possible.

Charles réfléchit, mais n'avait pas la moindre idée d'où cela pouvait être, tout au plus le nom lui était vaguement familier sans savoir pourquoi.

— Canton de Paix et Daume, quatrième circonscription, ajouta Paul-Jean machinalement.

Charles bougea sur son siège.

— Quatrième circonscription ? Ce n'est pas la porte d'à côté !

— Vingt heures de train.

— Ah oui, quand même...

Dehors, le défilé des façades laissait place à des habitations cossues, entrecoupées de verdure.

— Elle va faire le trajet seule ?

Charles n'eut aucune réponse. Il avait une méchante envie de secouer son ami, de le faire redescendre sur terre. C'était n'importe quoi ce qu'il faisait. Il ne pouvait pas le faire, c'était impensable. Et puis il eut une idée...

— Tu as lu le dossier ?

Paul-Jean quitta son observation du paysage et se tourna vers son ami. Il affichait une expression indéchiffrable, ses yeux avaient une lueur triste.

— Oui.

...

♪ Jamais on ne verra♫

...

La Cavalcade était le dernier moment fort de la saison mondaine de Morne-en-Vallée, ensuite toute la bonne société migrerait vers les animées cités balnéaires, les vertes campagnes ou fraiches montagnes pour la saison estivale.

Les festivités débutaient traditionnellement par une messe à la cathédrale Pierre et Paul, puis chaque espace vert de la commune serait envahi par la foule, on y déjeunerait en plein air. Puis tout ce petit monde se dirigerait en fin d'après-midi vers l'avenue Au-Pied-Du-Roy pour y assister au cortège des chars décorés et des cavaliers déguisés.

La messe à peine terminée, la bonne société pieuse se précipitait aussi vite que possible pour rejoindre les berges du lac des Princes où leurs comparses athées avaient déjà pris possession des lieux.

Pierre et Paul sonnait à toute volée au loin quand Madame Mère posa un pied à terre aux abords du lac.

— Mireille ?

L'aînée des jumelles affichait une moue renfrognée qui lui allait comme un chapeau à un cochon.

— Oui mère.

Cependant, elle se tiendrait pour dit les menaces.

— Louise ?

La deuxième jumelle affichait la même expression que sa sœur.

— Oui mère.

Et se soumettait aussi.

— Bien, puisque nous sommes toutes d'accord, je vous conseille de suivre votre père avant qu'il vous abandonne là.

Le Domaine du Possible-1 (Dark-Romantasy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant