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♫Il fredonnait une marche militaire♪

♪Dont il mâchait les mots à grosses dents♫

...

— Charles ?

Charles se ratatina dans le fauteuil où il avait trouvé refuge dans le salon. Bien décidé à disparaître.

— Charles, je sais que tu es là, tu ne vas pas te cacher toute la soirée.

Il en avait pourtant bien l'intention... Enfin pas de se cacher, mais de l'éviter autant que possible. Et jusqu'à cette heure tardive, il y avait parfaitement réussi, ce qui relevait du génie.

— Charles ! Pour l'amour du ciel, si tu es venu à cette soirée, tu assumes. Déjà que tu as esquivé le bal du Jubilé.

Comment pouvait-elle être si sûre qu'il se trouvait dans la pièce ?

Les deux autres invités se trouvant aussi au salon ne loupaient pas une miette de la scène. Oui, c'était un indice suffisant que même une poule ne pouvait louper, et Alice n'était pas une poule.

Enfin si...

Alice était une poule, de l'espèce poule de luxe croqueuse de diamant. Ce qui lui avait réussi à merveille. Elle avait mené feu D'Orge-Dugrain par le bout du nez jusqu'à la mairie puis à la tombe... enfin le bout du nez...

Il ne put retenir un sourire.

Alice ne tenait pas les hommes par le bout du nez et ne s'en cachait pas vraiment.

Une figure apparut à quelques centimètres de la sienne. L'œil goguenard et le sourire carnassier aux lèvres.

— Trouvé !

Ne pouvant se ratatiner davantage, Charles dut affronter la proximité avec la jeune femme. Elle se penchait de manière inconsidérée au-dessus de lui, mettant au niveau de ses yeux la profondeur de son décolleté. Il détourna le visage en fermant les yeux. La pudeur n'étouffait pas Alice, mais il lui aurait su gré de ne pas secouer ses seins sous son nez... sérieusement... N'avait-elle aucune conscience d'à quel point c'était malaisant ?

— Bon, je suis toujours plus forte que toi pour jouer à cache-cache !

Ou plutôt si, elle en avait très bien conscience et en jouait. Jusqu'où allait la perversion de cette démone ?

Elle se redressa et jeta un œil à la ronde. Les autres personnes présentes reprirent leur activité comme si de rien n'était, plongeant leur attention dans leur jeu de cartes.

— Bon, maintenant que je te tiens, je te garde !

Il soupira. Piégé. Il n'aurait pas dû venir, mais d'un autre côté, il fallait aussi faire marcher le commerce. Quoi de mieux pour recruter de la clientèle de bourgeoise prête à dépenser des fortunes pour ses services que les salons du palais du Prince d'Orange ? Surtout qu'ici, personne ne trouvait à redire à sa présence, il était parfaitement normal de l'y trouver.

— Allez, viens cher petit frère, allons au jardin, le feu d'artifice va bientôt être tiré.

Il était après tout chez sa sœur.

Elle s'écarta pour lui laisser la place de se relever. Sa robe de soie rouge frissonna dans la lumière des lampes. Charles soupira. Il ne pouvait pas lui échapper. Il se redressa et se déplia, prit le temps de s'étirer.

Le Domaine du Possible-1 (Dark-Romantasy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant