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♫J'n'en avais pas cueilli trois brins, ♪

♪Qu'un rossignol vint sur ma main :♫

♫Gentil coq'licot, Mesdames. ♪

♪Gentil coq'licot nouveau. ♫

...

— Merci.

Le valet s'écarta sans un mot le temps que Georges Homont-Duprez examine le courrier.

Le journal.

Une lettre contresignée d'un cabinet d'avocats.

Deux enveloppes à l'élégante écriture manuscrite.

Un paquet.

— Vous pouvez disposer.

Le domestique s'éclipsa sans bruit, le laissant seul dans la salle à manger étonnamment déserte. Il n'allait pas s'en plaindre, il était rare de pouvoir prendre son petit déjeuner à son aise. Il inspira une grande bouffée de calme, de parfum de café et de pain grillé. Un instant rare et cher.

Il revint au courrier et posa le journal à côté de la corbeille selon l'habitude de la maison et s'intéressa à la lettre du cabinet d'avocat.

Maîtres Pole et Bert.

Une missive polie et soigneusement rédigée dans un langage administratif qui annonçait qu'ils n'avaient besoin de personne et ne prenaient pas de nouveaux associés. George soupira. Son tout frais examen du barreau ne lui ouvrait pas aussi bien les portes qu'il l'avait espéré. Il avait pourtant fait son droit avec les honneurs et passé bien du temps jouer les secondes mains pour ces braves messieurs.

Il jeta le courrier sur la table avec agacement.

Georges commençait à croire que Maurice avait raison, il allait devoir quitter Morne-en-Vallée et s'établir en province. Ou alors, suivre les conseils de Lucien et poursuivre par la voie administrative et devenir fonctionnaire. L'état était un employeur comme un autre après tout. Ses deux frères aînés avaient raison, il y avait déjà trop de Homont-Duprez à Morne-en-Vallée.

L'exil ?

Il chassa l'idée et s'intéressa au reste du courrier. Les deux enveloppes étaient rigoureusement identiques, à un détail : l'une lui était adressée à lui personnellement tandis que l'autre était « à l'intention de Mademoiselle Rosemary Homont-Duprez ».

D'ailleurs, le colis aussi était à « l'intention de Mademoiselle Rosemary Homont-Duprez ».

Pourquoi diantre le valet lui avait-il donné le courrier destiné à sa... sœur. Il comprenait qu'il ne les lui donne pas directement, mais pourquoi à lui ? N'était-ce pas à Berthe de s'occuper de cela en tant que chaperon de la demoiselle ?

Il repoussa le courrier adressé à Rosemary et ouvrit sa propre enveloppe.

Une invitation pour le bal du Jubilé.

Il était temps. Georges s'était beaucoup inquiété à ce sujet.

Il posa le carton sur la table et s'intéressa à son café.

...

♫Qu'un rossignol vint sur ma main, ♪

♪Il me dit trois mots en latin : ♫

♫Gentil coq'licot, Mesdames. ♪

Le Domaine du Possible-1 (Dark-Romantasy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant