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♫Quelle heure est-il ? ♪

...

— Soit vous m'aidez, soit vous sortez !

Les paroles de Rosemary portaient plus d'assurance que n'en laissait présager le timbre de sa voix. Devant elle, la femme de chambre la dévisageait avec la même horreur que si elle avait vu un mort sortir de sa tombe ou un démon s'échapper des Enfers.

La domestique bégaya. Son regard alla de la jeune femme qui se tenait assise sur le bord du lit, aux vêtements posés sur la chaise, à la porte. On voyait clairement qu'elle n'avait pas la moindre idée de quoi faire et une grande envie de disparaître sous le tapis. Rosemary résolut le dilemme pour elle.

— Sortez !

La servante continua à hésiter.

— SORTEZ !

Cette fois, la femme de chambre cessa de tergiverser, tourna les talons et s'enfuit dans le couloir. La porte claqua derrière elle.

Rosemary soupira.

Elle aurait bien aimé un coup de main en fait, mais il n'y avait rien à espérer du reste du monde. Cette maison, ces gens... Elle pinça les lèvres, y posa les doigts, le souvenir déjà loin des baisers de Paul-Jean.

Elle avait baissé la garde.

Elle avait sombré.

Son cœur se serra à lui en donner la nausée, l'air lui manquait. Elle tremblait. Le médicament ne faisait plus effet, ou si peu, laissant juste un engourdissement.

Elle avait mal.

Sans savoir où.

Au corps ?

Au cœur ?

À l'âme ?

La visite des policiers, leurs questions franches et crues, avait été une gifle qui l'avait sorti d'un rêve narcotique.

Ce monde était toxique.

Son père, sa famille, son fiancé, ces gens, cette bonne société riche et pourrie... Elle n'avait rien à faire là.

Elle frotta ses yeux du dos de la main et chassa des larmes d'impuissance et de colère. Elle se redressa. Elle n'avait d'autre choix que d'affronter, subir et tenir. Digne et fière.

Ses doigts cherchèrent l'extrémité de la bande de tissu qui maintenait son bras droit contre son corps. La douleur de ses côtes la transperçait tels des coups de poignard, souffrance familière, compagne de ses jours et de ses nuits depuis tellement de jours.

Le bandage se desserra.

La jeune femme tira sur le tissu avec rage, retenant sa respiration, les muscles crispés. Elle libéra son bras, bougea.

Foudre.

Le bandage tomba mollement sur le sol.

Voilà.

Le monde se resserra dans une bulle de douleur qui irradiait de son épaule, jusqu'à sa main, sans son dos, remontant jusqu'à son visage.

Respirer.

Des larmes lui piquèrent les yeux.

Respirer.

Encore.

Reprendre le contrôle.

Elle l'avait fait.

Elle avait tenu.

Le Domaine du Possible-1 (Dark-Romantasy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant