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Messieurs Ours réveillez-vous ♪

...

— Charles ?

Un rayon de soleil balafrait le lit. La fenêtre entrouverte laissait passer un souffle d'air qui agitait les rideaux. Un couple d'hirondelles lançait des trilles depuis le bord des maçonneries, accueillant le nouveau jour avec énergie.

Paul-Jean observait son amant encore endormi à ses côtés, son corps nu se mêlait aux draps froissés dans un total abandon de lui-même. Son visage affichait l'oubli et l'inconscience de la nuit.

Vulnérable.

Le jeune homme se redressa sur un coude pour profiter un instant de cette vue. Charles était beau, désirable, modelé à l'image des statues des divinités antiques. Paul-Jean soupira. C'était la beauté du Diable. Bien que peu sensible à la malédiction de son ami, à l'effet de cette anomalie héréditaire qui attirait vers lui, il se demandait où s'arrêtait l'illusion et où commençait sa volonté.

— Charles ?

Charles réagit, changea de position et retomba dans son immobilité, exhibant les stigmates de la nuit. Le Maître des couleurs avait marqué son corps.

Ecchymose

Et il en avait été récompensé. Paul-Jean gardait le goût de son amant sur ses lèvres, son odeur sur sa peau.

Foutre

— Il est tard !

La nuit était finie.

— Nous avons un train à prendre.

Charles grommela dans un demi-sommeil. Il enfouit son visage dans son oreiller, allongé sur le ventre, exposant à la vue la toile de son dos. Des cicatrices anciennes balafraient sa peau. Un sentiment ambigu envahit Paul-Jean. Horreur mêlée de fascination.

Sang

Il se redressa et se pencha à l'oreille de son amant.

— Nous allons être retard.

Charles resserra ses bras autour de son oreiller. Il était réveillé, mais bien décidé à ne pas bouger. Paul-Jean hésita. Il leva la main sur la nuque de son amant, glissa les doigts dans ses cheveux. Il déposa un baiser à la base de son cou.

Charles frissonna.

— Nous n'avons pas le temps... souffla Paul-Jean sur sa nuque.

Les mains de Charles s'étaient refermées sur l'oreiller.

— On a toujours le temps.

Sa voix était voilée.

Soit.

S'il voulait jouer.

Paul-Jean repoussa les draps.

— Pas un geste.

Sa main glissa le long de son dos, caressa la peau fine, suivit les lignes gravées dans sa chair du bout des doigts. Charles se cambra pour échapper à ce contact. Paul-Jean se redressa, passa une jambe par-dessus son amant et se retrouva assis sur lui. Il se pencha, le plaqua sur le lit, le torse contre son dos.

Peau à peau.

Il posa les coudes de chaque côté de sa tête, plongea son visage dans le creux de son cou.

Le Domaine du Possible-1 (Dark-Romantasy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant