-19-
♫Prom'nons nous dans les bois ♪
♪Pendant que le loup y'est pas ♫
...
— Si je te dis « rhododendrons », tu penses à quoi ?
Charles sentit le danger avant même que Paul-Jean ait prononcé la deuxième syllabe de rhododendron... Par réflexe, il s'écarta de son ami. Il se dirigea vers la fenêtre.
— Je dirais que tu ne me parles pas de botanique...
Voilà pourquoi Paul-Jean lui avait demandé de passer chez lui. Charles se doutait bien qu'il allait tôt ou tard apprendre son implication dans l'histoire des rhododendrons. Mais était-ce plus ou moins grave que de l'avoir conduit pieds et poings liés chez l'Odalisque pour le livrer à la Reine de Cœur.
— ... ni de jardinage.
Il ouvrit la fenêtre et observa la rue en contrebas. Une vie bruyante et lointaine allait et venait sur les pavés.
— C'est donc toi qui as entrainé ma fiancée dans les rhododendrons...
Charles se tourna vers l'intérieur du salon, s'appuya sur le bord de la fenêtre. L'appartement tombait peu à peu dans le chaos, à l'image de son habitant.
— Elle s'y est entraînée toute seule en fait.
Paul-Jean se trouvait assis dans un fauteuil, un verre à la main, le regard noir.
— Et je dois te croire ?
Charles plongea la main dans la poche intérieure de sa veste et en tira un étui métallique.
— J'ai l'habitude de te mentir ?
— L'odalisque ?
Touché.
— Oui, bon, disons que là, non.
Paul-Jean eut un sourire amer et porta son verre à ses lèvres. Charles sortit un cigarillo de l'étui.
— Je n'avais la moindre idée de comment ça allait tourner. Je voulais juste voir à quoi ressemblait la demoiselle Poubelle.
Le cigarillo au bord des lèvres, il prit une boîte d'allumettes dans sa poche. Paul-Jean plissa les yeux. Il faisait tourner machinalement l'alcool dans son verre.
— Je savais que les dames Homont-Duprez allaient à la promenade rituellement à jour et heure fixes. J'ai tenté ma chance.
Charles craqua une allumette.
Lumière
Odeur de soufre.
— Je n'ai pas été déçu du voyage.
Un nuage de fumée douçâtre l'enveloppa. Il souffla la flamme et jeta les débris de l'allumette par la fenêtre.
— Ce très émotif monsieur Guirodou, murmura Paul-Jean.
— Émotif ?
Charles retint un rire moqueur.
— Ce n'est pas vraiment une demoiselle de bonne famille à qui j'ai eu affaire.
Il porta le cigarillo à ses lèvres, prit le temps d'une bouffée avant de reprendre.
— Elle savait très exactement ce qu'elle faisait...
Il regarda les volutes de fumée.
— ... Elle sait très bien émouvoir un homme de manière volontaire.
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Le Domaine du Possible-1 (Dark-Romantasy)
FantasiPartie 1 : Le temps des souvenirs Le 10 avril 1903, un entrefilet dans le quotidien "La dépêche de la Vallée" annonce les fiançailles de Rosemary et de Paul-Jean. Cela aurait été merveilleux pour eux, enfin peut-être, sauf qu'ils ignorent tout de l'...