Chapitre 25

135 20 39
                                    

Stefanie

Assise à l'avant du van, je masse mes tempes qui tambourinent de concert. Oliver quitte la route des yeux dix secondes, et pose sa main sur mon genou.

— Tu te sens bien ?

— J'ai un peu mal à la tête.

Je le rassure d'un sourire crispé. Depuis notre départ de la villa, il y a environ quatre heures, je suis lessivée. D'abord, car les vacances sont terminées. Ensuite, parce que les Nade m'ont demandé de rester encore quelques jours avec eux, et que j'ai refusé. Ma décision a dévasté Coraly. Il a fallu de longues heures de pourparlers pour qu'elle accepte mon départ. J'aurai pu rester, mais passer trois jours loin d'Oliver a été ce grain de sable qui a fait pencher la balance. Nous nous sommes promis de profiter au maximum du temps qu'il nous reste. Ça n'a pas été simple d'abandonner mon amie sur le banc de touche. Il existe des situations qui demandent des sacrifices.

Coraly l'a été !

— On va s'arrêter au prochain truck stop, okay ?

— Je veux bien !

Son regard conciliant m'ébranle. J'ai vécu une semaine époustouflante. Entre les promenades le jour, et les moments complices la nuit, tout a été magique. Je connais désormais l'anatomie d'Oliver sur le bout des doigts. Nous n'avons pourtant pas encore sauté le pas. Ce ne sont pas les occasions qui ont manquées; certaines d'entre elles ont bien failli nous faire craquer. Mais Oliver veut que notre première fois soit parfaite.

Tout est déjà si parfait !

Quand le van stoppe sur l'immense parking du relais routier, je sors sur le champ. Oliver me rejoint, il passe son bras par dessus mes épaules pour m'entraîner vers le fast food. Nous longeons les dizaines de camions stationnés les uns à côté des autres. Des émanations de caoutchouc surchauffé et d'essence me font grimacer; ce qui amplifie mon mal de tête. La porte du fast food franchie, une odeur de bacon grillé remplace celles de l'extérieur. S'en suit une nausée, que je refoule comme je peux. Nous sillonnons entre les tables, prises d'assaut par des camionneurs venus chercher un peu de repos, jusqu'à en trouver une de libre. Je m'installe sur la banquette noire, style coffee shop. Oliver s'assoit en face de moi.

— Je crève de faim ! dit-il en attrapant le menu sur la table.

Malgré mon mal de tête, je m'esclaffe :

— Pourquoi ça ne m'étonne pas ?

— Il est plus de quatorze heures. J'ai déjà fait un effort surhumain pour tenir jusque là.

— Tu as mangé le sandwich que ta mère nous a donné, pouffé-je.

— C'était juste un en-cas !

Il m'envoie un clin d'œil par dessus le menu. Je lève les yeux au plafond. Sa frénésie pour la nourriture est incroyable, je me demande par quel miracle il peut être aussi mince.

— Tu veux manger un truc ?

— Non, merci !

Je secoue la tête en réprimant un haut-le-cœur. Les cinq bouchées de sandwich que j'ai avalées peinent à rester dans mon estomac. Il ne serait pas prudent d'y engloutir quoi que se soit d'autre. Oliver n'insiste pas et passe commande. Le mélange « odeur de nourriture - chaleur ambiante » ne me procure aucun soulagement.

C'est même pire !

Oliver tâte mon front, l'air soucieux.

— T'es certaine que ça va ? T'es blanche !

My Love Song, premier couplet : succomber(tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant