Chapitre 6

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Stefanie

Une fois n'est pas coutume, Oliver m'a snobée. Il m'a laissée en plan comme une gourde et s'est précipité à l'intérieur. Franchement, je n'arrive pas à le cerner. Il est gentil, puis l'instant d'après, il me fuit. Je hausse les épaules, résignée. Comment un garçon aussi beau pourrait se préoccuper de la fille banale que je suis ? Il vaudrait mieux que je ne me fasse pas plus d'illusion. Oliver est juste sympa parce que je suis la copine de sa sœur, ça ne va pas plus loin.

Déduction, je ne l'intéresse pas plus que ça !

Dépitée par cette mise au point, j'entre à mon tour. Je remarque aussitôt Coraly, seule sur le canapé et à moitié endormie. Quand je m'installe prés d'elle, ses petits yeux en amande marqués par la fatigue se braquent sur moi. Je caresse ses cheveux.

— Tu es fatiguée, Coraly ?

— Je voudrais aller me coucher, geint-elle d'une voix éraillée.

—Les garçons se dépêchent de ranger et on pourra rentrer. En attendant, tu peux t'allonger un peu.

Elle hoche mollement la tête, trop exténuée par la soirée pour me montrer plus d'enthousiasme. Je me décale afin d'attraper un plaid, que je roule en boule. Je le pose à peine sur mes jambes, que Coraly y écrase sa joue. Elle s'endort instantanément. Je somnole aussi quand Oliver débarque, un amplificateur entre les mains. Il s'arrête à notre hauteur, les sourcils froncés, et zieute sa sœur. Ses traits se durcissent, mais il n'en reste pas moins d'une beauté à couper le souffle. Mon cœur s'emballe. Toute fatigue s'évapore en un claquement de doigt.

C'est magique !

— Ça va ?

— Oui ! Coraly s'est endormie !  dis-je niaisement.

En réponse à cette affirmation débile, il esquisse un sourire en coin avant de répondre :

— J'ai remarqué !

Décidément, je n'en rate pas une ! Quelle conne !

Mes joues me brûlent, cependant je soutiens son regard. Les papillons s'en donnent à cœur joie et chatouillent des endroits de mon anatomie, qui ne se sont jamais autant manifestés que depuis ces derniers jours. C'est l'arrivée de Jeff qui saccage brutalement cette sensation. Les papillons stoppent leurs mouvements.

— Tout roule, ma belle ?

Il me déroule sa panoplie de lover, mais je reste de marbre. Par politesse, je rétorque :

— Oui !

— Je peux te ramener après, si tu veux ?

Je reste amorphe, la respiration coupée. Comment lui dire qu'il n'est pas question que je reparte seule avec lui ?

— Je crois que ma mère va me trucider si je ne la ramène pas, intervient Oliver. Elle est sous ma responsabilité.

C'est humiliant, je n'ai pas cinq ans ! Mais j'approuve cette excuse. Jeff se tourne vers mon sauveur, les lèvres pincées. Un duel de regard en découle. Je me sens mal à l'aise, comme responsable de cette confrontation. Pour y mettre un terme, j'énonce sans réfléchir :

— Tu pourras m'emmener faire un tour en moto une autre fois ?

Le combat de coq prend fin dans la seconde. Deux paires d'yeux me fixent. Dans l'une, j'y vois une lueur triomphante, tandis que l'autre exprime un profond écœurement.

— Pas de soucis, ma belle ! réplique Jeff, exalté. On va passer un super moment tous les deux, ajoute-t-il en s'éclipsant vers la sortie.

Le coup d'œil qu'il me jette me donne la chair de poule. Mais qu'est ce qui m'a pris de lui proposer ce deal ?

My Love Song, premier couplet : succomber(tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant