Chapitre 16

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Stefanie

Assise sur le bord de mon lit, je me tiens la tête entre les mains en geignant. Plus jamais de ma vie, je n'avalerai une goutte d'alcool. Outre cet étau qui enserre douloureusement mon crâne, je souffre d'une méchante amnésie. J'ai beau rétropédaler fastidieusement, je ne sais pas de quelle manière je suis rentrée.

C'est le trou noir !

La dernière chose dont je me souvienne est que Jessica a versé, à plusieurs reprises, une belle rasade de vodka dans mon jus d'orange. J'en ai encore le goût infecte au fond de la gorge. D'ailleurs, une remontée acide me brûle l'œsophage et m'oblige à me lever. L'intégralité de la pièce se met à tourner autour de moi.

Ce n'est sûrement pas cet état vaseux qui pousse les gens à se saouler !

Difficilement, je m'engouffre dans la salle de bains. Entre mes paupières plissées par la douleur, j'aperçois ma robe et mes sous-vêtements gisant sur le sol. Je m'attarderai sur leur présence ici un peu plus tard. Je me débarrasse de mon pyjama avant de foncer sous la douche. Le mitigeur sur la position « chaud », je laisse l'eau faire son effet sur ma gueule de bois.

Il me faut dix bonnes minutes et deux aspirines pour recouvrer figure humaine.

J'enfile un short et un teeshirt, puis vais au rez-de-chaussée. Après avoir fouillé la maison sans résultat, je trouve ma grand-mère sur la terrasse, assise sur un fauteuil d'extérieur en rotin. Dès qu'elle m'entend arriver, elle referme le magazine qu'elle est en train de feuilleter.

— Houlà ! Je t'ai connue avec une meilleure mine.

— Ne te moque pas de moi ! la rabroué-je amicalement.

Ma grand-mère rit. Je dépose un rapide baiser sur ses cheveux cendrés et m'échoue dans le fauteuil d'à côté. Dans son regard, je devine déjà ce qu'elle va me dire.

« On apprend de ses erreurs, jeune fille ! »

Elle n'aura pas tort. L'alcool et moi, nous ne nous côtoierons plus de sitôt.

Promis craché !

— À part t'être saoulée, comment ça s'est passé ? pouffe-t-elle sans aucune once de pitié pour ma fierté.

Je ramène mes jambes contre ma poitrine, les encercle de mes bras, et y cache mon visage rouge de honte.

— Je ne me rappelle plus grand chose, si ce ne sont les vodka orange que j'ai bus !

— La prochaine fois, contente-toi du jus d'orange !

— Il n'y aura pas de prochaine fois ! Ce genre de soirée, ce n'est pas pour moi ! sifflé-je entre mes dents, déçue par cette expérience. Je n'aurais pas dû y aller.

— Tu ne t'es pas fait de nouvelles amies ? demande-t-elle plus sérieusement.

Je redresse un peu le visage afin de ne laisser entrevoir que mes yeux.

— Si par amies, tu entends des filles qui m'ont prise pour une demeurée ? Alors oui, je m'en suis fait un tas.

Granny sourcille.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— Elles se sont foutues de moi parce que je passe mes vacances chez ma grand-mère, et aussi parce que je ne connais rien à rien. Je crois que je suis devenue le sujet principal de leurs conversations pour les six mois à venir. Je me sens nulle ! avoué-je en enfouissant à nouveau mon visage entre mes bras.

My Love Song, premier couplet : succomber(tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant