Oliver
Un homme m'ouvre, quand je frappe à la porte d'entrée. La trentaine bien tassée. Les mêmes yeux grisés que la vieille dame. Est-ce que c'est le père de Stef ? En y regardant bien, il dégage une certaine réserve, tout comme sa fille.
Stef ne m'a pas dit que ses parents devaient venir. Bizarre !
— Bonjour ! Je peux t'aider ?
Mal à l'aise, je me gratte l'arrière du crâne. Je ne m'attendais pas à rencontrer ses vieux.
— Bonjour ! Est-ce que je pourrais parler à Stefanie ?
— Bien sûr ! Et, tu es ?
— Son petit ami, Oliver !
Je lui tends ma main, qu'il accepte sans rechigner. J'ai même le droit à un sourire. Il a l'air sympa. Ce n'est pas vraiment l'image que je me suis faite de son père. Il recule de trois pas pour se poster au pied de l'escalier, et annonce :
— Il y a certain Oliver, à la porte !
Tout se passe bien pour le moment. J'entends des bruits de pas provenir de l'étage. Je ne sais pas comment Stef va m'accueillir, alors je bombe le torse pour me donner du courage. J'esquisse un petit sourire, ni trop enjoué ni trop confiant. Même si elle accepte de me parler, rien n'est gagné. Ce n'est pas la silhouette de ma petite amie qui apparaît dans les escaliers, mais celle d'une femme. Même cheveux blonds que Stefanie. Des yeux bleus plus perçants. L'attitude est nettement différente aussi. Cette femme-là se parfume à l'arrogance. Tout le contraire de sa fille. Je préfère son côté introverti à l'exubérance de cette femme. Sans me saluer, elle me lance un regard dédaigneux.
— C'est pour quoi ?
Wow ! Elle ferait mieux de se calmer !
— Je voudrais parler à Stefanie.
Elle me toise, mais je ne cille pas. Cette femme pense m'impressionner ? Elle se fourre le doigt dans l'œil.
— Ma fille ne veut pas te voir.
Elle croise les bras sous sa poitrine, la posture assurée. Ce n'est pas ça qui va me dissuader ! Au vu des infos que j'ai à son sujet, je mettrais ma main au feu qu'elle me ment. Bravement, je balance :
— J'aimerais qu'elle me le dise d'elle-même.
Ses lèvres se retroussent en un rictus satisfait, comme si le fait d'avoir trouvé un adversaire à sa taille la comblait.
— Je dois reconnaître que tu es tenace. J'aime ce trait de caractère chez un homme.
Elle jette un regard blasé à son mari, qui baisse la tête. Mais merde ! Quel genre de bonne femme est-elle pour qu'il s'incline sans riposter ? Il me fait presque pitié. Stefanie m'a raconté que son père ne prenait jamais sa défense. Je comprends pourquoi.
Elle le tient pieds et poings liés !
— J'ignore ce que tu as fait à ma fille. Elle n'arrête pas de pleurer.
Sa voix est mielleuse, un brin chagriné. La voilà transformée en maman exemplaire ! Elle essaie vraiment de me faire croire qu'elle a de l'empathie pour sa fille. C'est une bonne comédienne ! Néanmoins, elle a touché mon amour-propre. Stefanie pleure par ma faute, parce que je l'ai abandonnée. Je suis ici pour tout lui expliquer. Enfin, si j'arrive à la voir ! Je ferme les yeux un quart de seconde en inspirant par le nez.
Ne te laisse pas manipuler, mec !
Je délaisse la mère pour me focaliser sur ce pauvre mec, qui me parait beaucoup plus facile à convaincre.
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My Love Song, premier couplet : succomber(tome 1)
RomanceOliver ne croit pas au coup de foudre. Ce n'est qu'un frauduleux mélange d'hormones et d'effet de surprise. Un simple mythe. Comment une passion dévorante pourrait-elle exister ? Foutaise ! Voilà six mois qu'il sort avec Leslie et son coeur bat norm...