Chapitre 10

163 20 51
                                    

Oliver

Le crâne englué contre l'appui-tête, je m'enguirlande une fois de plus. Qu'est-ce qui se tourne pas rond chez moi ? Si son téléphone n'avait pas sonné, la situation aurait certainement dérapé.

Mais ses baisers, putain !

Ils restent imprégnés sur mes lèvres. C'est comme goûter à une drogue et ne pas pouvoir s'en rassasier. Je n'ai jamais ressenti un tel déferlement de sensations lorsque j'embrasse Leslie.

Leslie !!!! Il faut que j'arrête mes conneries, bordel de merde !

Je ne sais plus où j'en suis. Voilà ce qui arrive quand on laisse ses sentiments prendre le dessus ! Stefanie a la saveur de l'addiction, mais avec un fort relent d'interdit. Pourtant, j'éprouve zéro culpabilité de l'avoir embrassée. Au fond de mes entrailles, c'est ce dont j'avais envie. Ces baisers étaient inévitables. La suite a été désastreuse. Si je fais l'apologie de mon comportement, je peux d'ores et déjà affirmer que l'expérience ne se reproduira plus. Elle s'est barrée en tirant la gueule. Rien d'étonnant à ça ! Je n'ai pas assumé. Encore moins assuré. Entre mes lèvres serrées, je feule :

— Je suis vraiment le roi des cons !

Mes mains s'abattent à plusieurs reprises sur le volant, mais ça ne me calme pas. L'idée de faire du mal à Stefanie me rend dingue. Elle semble si fragile, si désemparée parfois. Tout à l'heure, j'ai bien senti qu'elle a éludé certaines questions, notamment sur ses parents. Elle était mal à l'aise. Est-ce qu'elle a un souci avec eux ? J'en sais foutre rien ! Il serait préférable de se consacrer au jeu des dix questions, avant de fantasmer sur son physique.

C'est une approche que je ne maîtrise pas !

Avec Leslie - ou les autres nanas avant elle - j'ai zappé cette étape. Je m'en foutais ! Le primordial pour moi, c'était de les ramener dans mon pieu. Je ne connais de la vie de Leslie que l'essentiel. L'endroit où elle habite. Son nom de famille. Trois, voire quatre de ses copines.

Rien d'intéressant !

J'ignore qu'elle est sa couleur préférée ou ce qu'elle prend au petit-déjeuner. Je n'ai rencontré ses parents qu'une fois, lors d'une soirée organisée chez eux. Le genre de rassemblement de bobos, où le noeud pap est de mise. Je déteste me fringuer comme un pingouin. Mes Doc et mon jean noir n'ont pas fait bonne impression. Je me suis même pris une sifflante par Leslie quand elle m'a vu arriver. Le paraître est essentiel à ses yeux. Moi, je m'en bats les couilles ! Si elle voulait un clébard, elle n'a pas frappé à la bonne porte.

Est-ce que le fait de remettre notre relation en question est un signe ?

Longue expiration.

Je ferme les yeux. Stef m'apparaît avec ses grands yeux bleus. Pourquoi Coraly lui a-t-elle proposé de venir avec nous ? Je ne vais pas réussir à gérer cette cohabitation. Elle et moi, ensemble dans la même baraque, c'est dangereux.

Deuxième longue expiration.

Ça sent le cramé, mes neurones grillent un par un. Je dois aérer ma cervelle sinon je vais me choper une méningite.

Je jette un coup d'œil à l'extérieur. Mes parents vont se demander ce que je fous tout seul dans mon van depuis dix minutes. Je prends mon courage à deux mains pour arracher la clé du contact et quitter mon siège. Je remonte l'allée et entre dans la maison. En rejoignant la cuisine, j'entends, à l'étage, Coraly fait des siennes pour aller se coucher. La petite peste ! Ma mère gère, comme toujours. Elle n'a pas hésité à abandonner son boulot de secrétaire, pour pouvoir s'occuper de Coraly à plein temps. Ça n'a pas été facile tous les jours, mais ma mère est la patience incarnée.

My Love Song, premier couplet : succomber(tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant