Chapitre 23

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Oliver

Plus excitée qu'une gamine, Stefanie s'extirpe du van et s'avance sur le ponton du Green Bay Yachting Club. C'est dans ce port de plaisance, que nous attend le bateau à moteur que nous allons emprunter pour notre balade. J'attrape le sac qui contient nos sandwichs, ainsi que deux draps de bains, et la rejoins. Elle sautille sur place.

— Je ne suis jamais montée sur un bateau.

Je l'aurais parié !

Où que l'on aille, elle est émerveillée. Je vais finir par croire que ses parents l'ont séquestrée pendant toutes ces années. Putain ! Cette idée me fait dresser les poils des bras. Ils n'ont quand même pas osé ? On est seuls aujourd'hui, je réussirai peut-être à grappiller des révélations supplémentaires sur eux. En attendant, je vais essayer d'entretenir ce foutu sourire sur ses lèvres.

— Tu verras, ça va te plaire !

Je lui prends la main et l'emmène vers l'emplacement où est amarré le bateau. Stefanie pousse un cri de joie lorsque je m'arrête devant notre embarcation. Il faut dire qu'il en jette ! Un bel engin de six mètres de longs avec cabine. Il appartient à Monsieur Gavin, le propriétaire de la maison que nous occupons à Green Bay. Le veinard !

Un jour, je m'en achèterai un... beaucoup plus grand !

Je monte à bord en premier, et tend la main à Stefanie pour l'aider à grimper.

— Je croyais qu'on allait sur un bateau-promenade, lance-t-elle en se hissant sur le pont.

Je me marre.

— Non ! Y'a que toi et moi !

Elle regarde autour d'elle.

— Mais où est le skipper ?

— Il est devant toi.

J'ouvre les bras à l'horizontale, assez fier de moi. Ses prunelles bleues scintillent.

— Tu as ton permis bateau ?

Ce permis, c'est Monsieur Gavin qui a insisté pour me le payer. Mon père n'était pas chaud à l'idée qu'il claque son fric pour nous. Nous prêter sa maison pour les vacances lui suffisait amplement. Mais sa reconnaissance envers mon père semble intarissable.

— Ouais !

Lorsqu'elle me sourit de cette façon, je n'ai pas plus de virilité qu'un môme de onze ans. Je l'entraîne vers l'étrave et démarre le moteur.

— T'as confiance en moi ?

— Une confiance aveugle ! répond-t-elle sans hésitation.

Je lui vole un baiser avant d'enclencher la marche arrière. Stefanie dépose son sac à dos à ses pieds tout en me scrutant manœuvrer habilement le bateau, afin de le sortir de son emplacement.

Ce n'est pas le moment de faire une connerie !

Une fois les limites du port franchies, je relâche la pression. Le bateau longe la baie de Green Bay pendant une dizaine de miles, puis apparaît une première île.

— C'est Chambers Island !

Stefanie s'avance au bord du bateau.

— Oh ! Il y a un phare ! s'exclame-t-elle en bifurquant le visage vers moi.

— Il n'est plus en activité.

— C'est dommage ! C'est ici que nous allons ?

— Non ! C'est une île privée ! Elle appartient à plusieurs sociétés. Si on accoste ici, on risque gros.

My Love Song, premier couplet : succomber(tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant