𝓡𝓸𝓸𝓴𝓲𝓮 𝓬𝓸𝓹

15- Promesse

Les gardes ouvrent le grand portail, me laissant entrer suivit de cinq hommes armés. Le cœur battant, je cache mes émotions mais elles débordent. De l'appréhension, de la peur, une dose d'angoisse et de haine bouillent en moi. Je foule le pied dans la prison et marche au rythme des gardiens. Nous traversons tous les couloirs, passant les cellules fermées hébergeant de nombreux criminels bien connus. Je ne les regarde pas, traçant ma route, focalisé sur une seule chose, lui. Je dois le faire parler, et surtout je dois me dire que je côtoie régulièrement une Heartfilia, ça ne reste qu'un être humain. Je m'arrête finalement devant la salle et leur fais signe d'ouvrir. 

La porte s'ouvre, me laissant voir un homme aux cheveux d'un blond que je commence à bien connaître. Les mêmes yeux mais le visage plus marqué par l'âge et la masculinité, il tourne la tête vers moi, le visage de marbre. J'entre et les hommes ferment directement derrière moi, restant postés devant. Je m'avance dans la salle avec appréhension et pose le dossier sur la table, me voulant moi aussi inexpressif. 

- Vous avez eu votre caprice, à moi d'avoir le mien. Fis-je en restant debout devant lui. 

Il sourit subitement, me montrant ses dents blanches alors que ses yeux transmettent une certaine violence. Puis d'un signe de main il me montre la chaise, m'intimant de m'asseoir. Je soupire et le fais avant de reprendre.

- Je vous écoute. 

- Et où elle est ? Demande-t-il en haussant les sourcils. Dans ta poche ? 

- Je suis venu seul. Bien, commençons par le...

- Alors tu ne vas pas m'inviter à boire un verre avant ? 

Je lève les yeux vers lui sans savoir comment réagir. Au moins je sais de qui elle tient son humour. Je soupire avant de baisser les yeux vers les documents. Puis je les ferme et me redresse. C'est ça, c'est comme être face à Lucy, ils se ressemblent. Chez eux l'amusement prime et il faut être capable de solliciter leur attention et de les distraire pour obtenir ce qu'on veut. 

- Vous voulez quoi ? Du rouge ? Une rosé ? Du whisky ? 

Son sourire s'accentue alors qu'il répond :

- Un whisky c'est pas mal. Tu es bien Dragneel. 

Je fronce les sourcils avant de répliquer.

- Comment vous...

- Il faut avoir ce genre de réaction pour s'occuper de Lucy. Même après dix ans, je la connais. 

- Je ne vois pas pourquoi on en vient à...

- Tu sais ce que ça fait de ne pas voir sa fille pendant dix ans ? Me coupe-t-il en se redressant. Tu connais la douleur de savoir que la prunelle de tes yeux te déteste ? De te dire que tout ce que tu as fais jusqu'à maintenant ne serviras pas pour l'aider ? 

- Ce que vous avez fait ? Comme quoi ? Détruire des vies, des familles, tuer et violer ?! C'est ça que vous appeler de l'aide ?! M'emporté-je alors qu'il perd son sourire. 

Son visage se ferme et il se laisse retomber contre son siège en détournant le regard, désintéressé. Ça y est, j'ai perdu son attention. J'avais beau le relancer, lui parler, tenter de l'énerver rien n'y faisais, il ne bougeait plus et ne décrochais pas un mot. J'ai même commencé à ressentir la menace dans son comportement et j'ai finis par quitter les yeux, étouffant dans la peur. Je me suis préparé toute la semaine pour ça. Enervé je quitte la salle et frappe avec violence la poubelle qui trainait pas loin, hurlant de frustration. 

- Fais chier bordel !

Je pars sans attendre, fous de rage. La nuit est tombée, il est à peu près dix-neuf heures et mes dossiers m'attendaient encore au poste. Je finis par monter dans le véhicule, retournant au boulot dans la frustration et la colère. Une fois arrivé je pousse les portes en pestant, sachant que j'étais seul à cette heure-ci. Enervé je dégage sans ménagement la chaise qui me barrait la route, la faisant valser à l'opposé du poste. Quel enfoiré ce Jude Heartfilia, pire qu'un gamin, il n'a que Lucy à la bouche ! Ce que j'ai pu dire était la simple vérité, cet homme est un monstre, une ordure et je dois être compatissant envers lui ?! La bonne blague !