CHAPITRE 5

98 9 5
                                    

MÉLODIE

La reprise du travail est dure et heureusement que je reprends en douceur en finissant à quatorze heures. J'ai l'impression que le week-end a été tellement rapide que je n'ai pas pu me reposer. En même temps, ma nuit de samedi soir a été si surprenante que je n'ai pas pu penser à autre chose qu'à cet inconnu. Il n'y avait que lui dans ma tête. Lui et son comportement.

Bien sûr, j'ai aussi passé mon dimanche à me châtier pour l'avoir ramené chez moi et pour mon inconscience. Les risques que j'ai pris étaient énormes. Il aurait pu être un psychopathe et me tuer. Après tout, il était bien parti lorsqu'il a décidé de m'étrangler.

Maintenant que cette histoire est terminée, j'aimerais pouvoir passer à autre chose et arrêter de penser à lui, mais je n'en suis pas capable. Cette nuit-là a bouleversé le calme de mon quotidien. Peut-être aussi que si je n'arrive pas à me sortir cette histoire de la tête, c'est parce que mon téléphone a été déposé dans ma boîte aux lettres le lendemain, comme si de rien n'était. J'ai beau n'être sûre de rien, je suis persuadée que cette apparition a quelque chose à voir avec l'inconnu. Qui d'autre aurait pu savoir que ce téléphone m'appartenait ? Je n'ai parlé de cette histoire à personne.

C'est d'ailleurs surprenant que je n'ai rien partager à Kellyn et Cole, mes deux seuls amis dans la ville. Je n'ai pas seulement gardé le secret parce que j'avais peur qu'elle me coupe la tête en apprenant que j'ai fait entrer un inconnu chez moi, mais parce que je me suis sentie complice. La situation de cet homme avait-elle un lien avec les deux meurtres et l'incendie qui ont eu lieu dans un hôtel la même nuit ?

Je sors de ma rêverie lorsqu'une femme entre dans la clinique, accompagnée de sa fille et de son chien. Je reprends alors mes esprits et mon professionnalisme revient au galop.

– Bonjour. Avez-vous rendez-vous ?

Elle se rapproche du bureau sur lequel je suis installée.

– Oui, avec Monsieur Delfosse à 10 h 30.

– Pour les vaccins de la petite Roxie, c'est ça ? je demande après avoir jeté un œil au fichier.

La dame acquiesce et je la dirige vers la salle d'attente en attendant que le vétérinaire ait fini sa consultation. Je lui demande également de faire monter sa chienne sur la balance comme chaque fois.

Ensuite, la journée s'enchaîne et les patients se suivent. J'ai le droit de participer à quelques consultations avec le vétérinaire et je remplis un peu de paperasse avant de quitter la clinique pour rentrer chez moi.

Sur la route, je profite d'avoir laissé ma voiture chez moi et d'être à pied pour passer un coup de fil à ma mère. Celle-ci décroche dès la première sonnerie.

– Allô ? Ma chérie ?

Un large sourire étire mes lèvres même si elle ne peut pas me voir.

– Coucou maman, tu vas bien ?

Arrivée à une intersection, je tourne à gauche dans cette rue que j'ai l'habitude de prendre depuis que j'habite dans cette ville. À quelques mètres de ma boutique de fleurs favorite, l'odeur m'enivre déjà et apaise tout le stress du week-end.

– Super et toi ? Tu avances dans tes recherches ? me questionne-t-elle d'emblée.

Un petit rire m'échappe tandis que j'entre dans la boutique et salue Dahlia, la vieille fleuriste qui m'accueille chaque fois que je mets les pieds ici. Aujourd'hui ne fait pas exception, elle porte son tablier fétiche aux couleurs de sa boutique.

Dahlia devrait être à la retraite depuis quelques années déjà, mais son travail la passionne et elle aime être entourée de fleurs en tout genre. Même si sa boutique n'est pas très mise en avant dans cette immense rue, elle peut compter sur ses clientes fidèles. Clientes dont je fais partie.

A Sweet MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant