CHAPITRE 8

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MÉLODIE

Comme je l'avais prédit, un certain homme à la cicatrice n'a pas quitté mes pensées les jours suivants. Il ne s'est pas passé une minute sans que je ne revoie ses yeux sombres me sonder de fureur et j'ai parfois l'impression d'entendre sa voix rauque me renvoyer en pleine figure que mes points de suture sont dignes d'un enfant de cinq ans. Notre dernière entrevue m'a laissé un goût amer dans la bouche.

Et voilà que je continue de penser à lui ! Quatre jours se sont écoulés depuis lundi et je n'ai toujours aucune nouvelle de lui. Je ne l'ai pas croisé devant mon immeuble, ni quand je suis allée faire les courses. Une partie assez idiote de moi aurait voulu l'apercevoir tandis qu'une autre se sent soulagée d'être maintenant loin des plans foireux.

Mais ma semaine n'a pas été calme non plus. J'ai couru à droite et à gauche entre les cours et mon stage et j'ai également pu rattraper ma visite à la suite de laquelle j'ai eu un énorme coup de coeur pour la maison. Bientôt, je signerai les papiers, certaine que j'ai fait le bon choix.

Tout va donc presque pour le mieux et on peut dire que ma vie a repris son cours. J'essaie de ne pas trop rester seule pour ne pas avoir à penser à toutes les choses qui me perturbent ces derniers temps, alors quand je ne suis pas au travail ou en cours, je suis généralement fourrée chez Kellyn. Et j'ai maintenant retenu la leçon et accepte que Cole me raccompagne chez moi lorsqu'il fait nuit.

Je sais que bientôt, ma vie reprendra le même rythme qu'il y a peu. Au bout d'un moment, le nom d'Orion ne sera qu'un souvenir assez désagréable et je passerai à autre chose. Je n'aurai plus à me demander si je suis suivie dans la rue ou si j'ai aidé un potentiel fugitif. Non, bientôt, tout ira pour le mieux.

– Mel, tu sais que la télé est éteinte ? Pas besoin de la fixer comme ça, ricane Kellyn.

Revenant dans le présent, je souris et me lève pour l'aider à préparer le repas. Cole étant sorti avec des amis, nous avons l'appartement pour nous seules et avons décidé de nous faire une soirée Eras Tour en mangeant des bruschettas. Les ingrédients sont déjà étalés sur le plan de travail et nous n'avons plus qu'à les garnir et les enfourner.

Je rejoins donc mon amie dans la cuisine et me lave les mains, l'esprit encore ailleurs. Pendant quelques secondes, un long silence englobe l'appartement avant que Kellyn ne prenne la parole en posant les poings sur les hanches d'un air moralisateur.

– Tu ne m'as toujours pas expliqué qui t'a foutu en rogne au point de squatter ici.

Je ne sais pas si j'ai envie de rire ou de pleurer. Suis-je si transparente que ça ?

– De quoi tu parles ? Personne ne m'a fichu en rogne, je tente même si j'ai conscience qu'elle sent mes mensonges à trois mille kilomètres.

Techniquement, Orion n'a rien fait pour me mettre en colère et ce n'est pas ça qui me perturbe. Ce sont les derniers événements qui m'angoissent. J'ai l'impression que ma vie a pris un tournant depuis samedi dernier et que je suis désormais incapable de revenir en arrière et de faire comme si rien ne s'était jamais passé.

Pourtant, ces événements ne devraient pas avoir changé quoi que ce soit. Je veux bien entendre que c'est surprenant, mais pas au point de me changer radicalement. Sauf que depuis la semaine dernière, j'ai l'impression d'être différente et ça me dérange.

– Alors tu es juste beaucoup plus collante que d'habitude ? me taquine Kellyn.

Je lève les yeux au ciel en coupant des tomates.

– J'ai toujours passé ma vie ici alors je ne vois pas la différence. Si tu veux que je vous laisse votre intimité à Cole et toi, tu as juste à le dire, je comprendrais.

A Sweet MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant