CHAPITRE 55

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MÉLODIE

Lorsque je me réveille, je suis plus désorientée que jamais. Ma tête tourne et mon corps est douloureux, j'ai l'impression d'être passée dans une broyeuse. Le moindre mouvement me fait souffrir le martyre et le peu de lumière que m'apporte la fenêtre me brûle la rétine. Je me sens mal. Tellement mal.

Je ne suis pas seule. Dès que je parviens à prendre conscience de mon environnement, je repère mes parents ainsi que ma meilleure amie, tous les trois installés dans la pièce. Ils discutent en chuchotant. Ma mère est dans tous ses états, le mouchoir à la main et les larmes aux yeux. Cette vision me brise le cœur.

Je comprends vite que je me trouve à l'hôpital, vu le son que les machines font autour de moi. Combien de temps suis-je restée inconsciente ? Mes paupières sont tellement lourdes et mon corps tellement fragile que j'ai l'impression de ne pas avoir bougé depuis des lustres et de m'être changée en pierre. Des heures doivent avoir passé si j'en crois le calme qui m'entoure.

Ma tentative pour attirer l'attention se veut désastreuse. J'essaie de parler et de m'éclaircir la gorge, mais je m'étouffe tellement ma gorge sèche. Tout le monde se lève alors avec émotion et vient à moi. S'en suit ensuite des minutes de pleurs et de câlins.

J'ai du mal à comprendre ce qu'il se passe et tout ce que j'arrive à faire c'est de pointer du doigt une bouteille d'eau posée sur une petite table. Kellyn me la ramène, le visage plein de larmes et je bois d'une traite avant de la remercier.

Le simple fait de boire m'est douloureux. Bouger l'est encore plus. Mais l'incompréhension qui me gagne et le manque de souvenirs sont la plus grosse douleur. Parce que je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment j'ai pu atterrir ici, avec ma famille, en larmes, presque en deuil et je ne comprends pas cette douleur qui m'électrocute. J'ai l'impression d'être passée sous un train.

– Oh, ma chérie, tu m'as fait tellement peur.

Les larmes de ma mère ne cessent de couler sur son visage. Dans ses yeux je parviens à lire du soulagement, mais également d'horreur. Son teint est pâle et elle semble au plus mal.

– Qu... que s'est-il passé ? je demande d'une voix cassée.

Je profite d'avoir retrouvé un minimum de mobilité pour observer les lieux autour de moi. La chambre est blanche, propre, sent le désinfectant et seuls les reniflements de ma famille et les machines se font entendre. Il n'y a pas de doute possible, je suis à l'hôpital.

En m'observant un peu plus, je constate que je suis dans une des fameuses blouses blanches des patients. Malgré tout, la partie droite de mon buste est immobilisée. J'ai l'impression de ne plus pouvoir bouger le bras. Peut-être à cause de la douleur, mais peut-être aussi à cause de ce bandage qui m'empêche de faire le moindre mouvement.

Alors que les images commencent à se bousculer dans ma tête, papa prend la parole.

– Ils ont dit que tu t'étais fait kidnapper.

Sa voix aussi est éraillée, probablement à cause de ses pleurs. Et je me souviens. Je me souviens de mon plan fou, de ma détresse lorsque j'ai appris qu'Orion s'était fait enlever. Je me souviens également de m'être retrouvée entre les mains de celui que je pensais être Gonzalez.

C'est à partir du moment où on m'a retiré le sac de la tête que j'ai compris que quelque chose de monstrueux allait se passer. L'homme qui m'avait fait face lors de mon premier kidnapping n'avait jamais été Gonzalez. Nous nous sommes trompés et la folie dans laquelle s'est mis cet homme me fait encore froid dans le dos. Il a... Il a tué Érèbe aussi brutalement que froidement, comme si ce geste était bénin. Je me souviens de mon hurlement, le premier de la soirée. Jamais encore, je n'avais fait face à la mort et ça a été d'autant plus dur qu'il s'agissait de celle d'un homme qui était en train de me protéger.

A Sweet MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant