CHAPITRE 7

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MÉLODIE

Voilà une dizaine minute que le docteur appelé par l'inconnu est parti et la femme ne s'est toujours pas réveillée. Il a dit qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter et qu'elle avait seulement été droguée et malmenée, mais pour moi il y a de quoi s'inquiéter pour elle, ce sont des choses assez graves pour vous traumatiser à vie. En fait, je n'ai pas l'impression que son intervention a servi à grand-chose, mais j'avoue que moi non plus je ne sais pas ce qu'il aurait pu faire d'autres pour elle. Tant qu'elle ne sera pas réveillée, nous ne sommes d'aucune utilité.

Alors je reste à ses côtés en espérant que ma présence la rassure, même si je me doute que n'importe qui trouverait étrange qu'une étrangère la regarde dans son sommeil. Mais c'est ça ou bien me rendre dans la cuisine et faire face à l'inconnu qui n'a pas dit le moindre mot depuis que le médecin est parti.

Ils font d'ailleurs la paire ces deux-là. Je n'avais jamais rencontré des personnes aussi étranges et énigmatiques que ces types et j'ai conscience que je devrais me méfier d'eux. Ils avaient l'air de se connaître comme deux personnes qui ont vécu le pire ensemble et dont les épreuves ont renforcé les liens. En même temps, pour avoir un tel docteur dans ses contacts, c'est qu'il doit avoir l'habitude de devoir se faire soigner, ce qui explique probablement le coup de couteau de la dernière fois, ses cicatrices et la violence dont il a fait preuve à mon égard lorsqu'il s'est réveillé chez moi. L'inconnu est dangereux et je devrais rester aussi loin de lui que possible.

Je ne sais pas combien de temps cette femme va encore dormir, mais j'avoue qu'une partie de moi a envie qu'elle tarde à se réveiller. Je ne sais pas comment lui annoncer ce qu'il s'est passé et ce qui a failli lui arriver. J'ai peur de sa réaction et qu'elle m'en veuille de ne pas avoir appelé la police. Peut-être que finalement, je devrais laisser l'inconnu se démerder avec ses choix de merdes et assumer devant cette femme qu'il m'a empêché d'appeler qui que ce soit.

Après un long soupir, je me penche et attrape un plaid pour le déposer sur son corps inconscient. Une fois fait, je me détourne et rejoins l'inconnu qui attend patiemment dans la cuisine en me regardant sans un mot.

– Comment tu t'appelles ? je demande sans savoir si je suis plus à l'aise en le tutoyant ou en le vouvoyant.

Mon regard croise le sien et bon sang, il est d'une beauté époustouflante. Le genre de beauté brute qui fait à la fois flipper, mais qui te donne aussi envie de te prosterner à ses pieds comme s'il était un dieu. La longue cicatrice qui barre son visage ne le rend pas plus laid, puisqu'au contraire, elle l'embellit. Elle rend ses traits froids et dangereux. Son regard sombre entre en parfaite harmonie avec la brutalité qui émane de lui. Tout dans sa posture et dans son allure te met en garde de ne pas le chercher et de ne pas t'approcher de trop près.

C'est à la fois un supplice de le regarder, mais en même temps, mes yeux ne peuvent s'empêcher de le dévisager. Il est comme une œuvre d'art.

– Orion, finit-il par dire d'une voix grave.

Honnêtement, je ne m'attendais pas à ce qu'il me donne son nom. Je m'attendais à continuer de l'appeler l'inconnuencore longtemps. Peut-être finalement qu'il n'est pas aussi dangereux que ce que je pensais, sinon je doute qu'il m'aurait donné son prénom alors que je pourrai appeler la police pour le dénoncer à tout moment.

– Pourquoi me suis-tu, Orion ? je le questionne sans m'étonner qu'il ne m'ait pas demandé mon prénom.

– Je ne te suis pas.

Je manque de lever les yeux au ciel devant son mensonge plus qu'évident. S'il pensait être discret, il se trompe. Je ne suis pas idiote au point de ne pas remarquer quand on me suit dans la rue.

A Sweet MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant