CHAPITRE 15

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ORION

Lorsque j'arrive dans le hall de son immeuble, je ne me sens pas aussi stressé que la dernière fois que nous nous sommes vus. Une partie de moi se réjouit même à l'idée de passer une soirée normale, loin des missions et de ma solitude éternelle. Malgré tout, je ne dois pas oublier que je suis là pour empêcher Gonzalez de s'en prendre à elle. Parce que s'il a réussi à trouver mon adresse, je suis certain qu'il a aussi trouvé la sienne.

Une fois sorti de l'ascenseur, j'avance jusqu'à son appartement lorsque je la remarque en train de fermer la porte à clé. Elle ne me voit pas arriver, ce qui me laisse le temps de l'observer. Elle est encore une fois d'une beauté à couper le souffle, habillée d'une petite robe fleurie qui va parfaitement avec le grand soleil qui chauffe dehors. À la main, elle tient une veste en jean ainsi que son sac à main.

– Je croyais que tu n'avais pas envie de sortir, je dis doucement en arrivant derrière elle.

Elle se retourne en sursaut, la main posée sur le coeur, ce qui relève mes lèvres. Je ne m'étais jamais senti aussi léger à l'idée de passer la soirée avec quelqu'un, et bien que cette constatation me perturbe et me donne envie de fuir en courant, une partie de moi est intriguée et désire comprendre en quoi Mélodie est spéciale pour m'intéresser autant.

– J'ai changé d'avis, il fait beau alors j'ai envie de prendre l'air.

Elle finit de fermer sa porte à clé puis me rejoint sans le moindre sourire. Elle ne semble pas en colère, mais est distante. Comme si elle avait l'intention de me faire regretter de l'avoir fait tourner en bourrique les dernières semaines.

– Super, je dis bien que je suis à deux doigts de la ramener chez elle par la peau du cul parce que ce n'est pas une bonne idée de traîner dehors après les menaces à son encontre. Qu'est-ce que tu as envie de faire alors ?

Cette fois, elle prend les devants et annonce clairement ce qu'elle a en tête, d'une voix sûre d'elle.

– Il fait trop beau pour rester confiné dans un restaurant, alors on va prendre à emporter et manger au parc avant de rentrer regarder un film. Ça te va ?

Le plan me paraît pas trop mal et ça risque d'être moins gênant que si je passe toute la soirée chez elle. Je hoche donc la tête et appelle l'ascenseur. Pendant que celui-ci arrive, le temps me paraît tellement long. Je n'ose pas la regarder dans les yeux. J'ai honte de le faire alors qu'un psychopathe en a après elle par ma faute. La pauvre ne se doute de rien et n'a pas la moindre idée de ce qui me pousse à proposer cette sortie.

Lorsque nous sortons de son immeuble, Mélodie reprend la parole, prête à tout pour briser le silence qui pourrait durer un certain temps.

– J'espère pour toi que tu as des choses à dire parce qu'il est hors de question que je passe la prochaine heure face à un muet, dit-elle d'une voix un peu plus taquine.

Elle tente de donner de la contenance et de la dureté à sa voix, mais lorsque je tente un regard dans sa direction, un sourire amusé borde ses lèvres, comme si chacune de mes réactions était pour elle une source d'amusement.

Au moins, elle semble moins agacée par la situation qu'il y a deux minutes.

– Tu as l'air bien caractérielle ce soir, je dis avec la même voix.

Je ne peux pas dire que je suis très à l'aise, mais j'avoue être en confiance avec elle. Le restaurant de la dernière fois ne m'a pas seulement décoincé sur le moment, mais il a également dégagé toutes les barrières que je me mets au quotidien en me forçant à m'éloigner de tout contact humain.

Être avec Mélodie me donne envie de plaisanter et de me décoincer un peu, chose que je ne peux pas faire avec n'importe qui. Parce que je n'ai pas l'impression d'être jugé lorsque je suis face à elle et je n'ai pas non plus l'impression qu'elle essaie de sonder tous mes secrets. Elle me laisse être moi-même et ne cherche pas à me faire parler de moi, ce qui me met en confiance.

A Sweet MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant