CHAPITRE 54

41 7 0
                                    

ORION

Une tempête est en train de me ravager et j'ai l'impression d'être en train de mourir sur place. Ma poitrine me fait tellement mal et je me sens tourmenté par mes émotions.

J'ai envie de vomir, de me mettre en boule et de ne plus parler à personne. J'aurais préféré qu'Andrès me tue. J'aurais voulu qu'il me tire dans le cœur avant de se faire arrêter par la police. Enfin non, ce ne sont pas les flics qui ont débarqué et qui nous font face. Il s'agit de je ne sais quelle organisation secrète qui s'occupe des affaires aussi perverses que celle du trafic de Gonzalez.

Près d'une heure après leur assaut, ils nous retiennent toujours ici dans l'attente de nous interroger. Pour dire vrai, j'ai l'impression qu'ils attendent quelqu'un avant de nous approcher.

Quand ils sont arrivés, ils ont embarqué les hommes d'Andrès et nous ont libérés pendant que les pompiers embarquaient Mélodie et le corps d'Érèbe. J'ai pensé pouvoir la suivre jusqu'à l'hôpital, mais on m'a retenu ici et menacé de me sédater si je ne me montrais pas coopératif. Éros est arrivé peu de temps après, essoufflé comme s'il venait de faire la course de sa vie et au lieu de le mettre à l'écart, les flics qui ne sont pas des flics l'ont ramené parmi nous et nous avons pu lui expliquer les derniers événements. Il a beaucoup été touché par la mort d'Érèbe et son inquiétude pour ma copine n'a cessé d'augmenter au fil des heures. Il nous a parlé du plan si génial de Mélodie et on a dû me retenir de ne pas me déchaîner sur lui pour l'avoir laissé se mêler à ça. J'étais dans un tel état — et je le suis toujours — qu'ils m'ont rattaché à ma chaise avec les menottes.

Le dos courbé vers l'avant, j'ai la tête plongée dans mes mains. Ça fait bien longtemps que je ne calcule plus le passage dans la pièce et ne fais plus attention à ces hommes qui prennent en photo les moindres indices qu'ils trouvent. J'ai l'impression d'être sur une scène de crime, puis je me rappelle que c'est le cas.

Je n'en reviens toujours pas que Mélodie ait mêlé les flics à ce bordel. Son plan était parfait et aurait pu fonctionner si on avait fait perdre du temps à Gonzalez. On aurait probablement tous fini en prison, mais nous serions en vie et Mel aurait été libre et en bonne santé. Qu'en est-il maintenant ? Ont-ils réussi à la sauver ? Je refuse de penser que ça ne puisse pas être le cas. Je refuse de vivre dans un monde dans lequel elle n'est pas. Rien n'aurait dû se passer de la sorte et elle n'aurait pas dû avoir à se sacrifier pour moi.

Ce n'est qu'après un temps interminable qu'une nouvelle personne entre dans la pièce. Un homme grand et d'un certain âge qui a tout du patron. Il a une prestance ainsi qu'une autorité peinte sur le visage, et la manière dont les gens gravitent autour de lui pour lui faire part des avancées me fait comprendre que c'est lui qui commande ici.

Après avoir parlé à ses collègues, il s'avance vers nous avec un calme perturbant.

– Laissez-nous seuls, ordonne-t-il avec dureté mais bienveillance.

Je m'attends à ce que ses hommes refusent de le laisser seul avec nous, mais ils ne protestent pas et quittent rapidement le sous-sol. Un rien de temps plus tard, la pièce est vide. Athéna et Nestor se lèvent pour se placer à mes côtés tandis qu'Éros reste planté à sa place, les bras croisés sur son torse. C'est la première fois que je le vois aussi morose.

Avant même de dire le moindre mot, l'homme balance des clés à Athéna et un rien de temps plus tard, je suis libéré de mes menottes. Je me lève aussitôt, mais ne fait rien qui pourrait me refoutre dans la merde. Ce n'est pas comme si j'allais pouvoir sortir de cet endroit sans me faire arrêter. Je suis bloqué ici alors que je donnerai n'importe quoi pour être ailleurs, auprès d'elle.

– Je suis l'agent Fields. Mon équipe et moi enquêtons depuis des années pour coincer Antonio Gonzalez et l'entièreté de ses hommes. J'ai quelques questions à vous poser et une proposition à vous faire, mais j'ai besoin de votre entière attention, ce qui risque d'être compliqué pour vous, dit-il en me regardant droit dans les yeux en comprenant que je ne serai pas coopératif tant que je n'aurai pas vu Mélodie. J'ai des nouvelles de votre amie. Elle est actuellement au bloc opératoire, mais elle devrait s'en sortir.

A Sweet MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant