A Sweet Melody

CHAPITRE 22

MÉLODIE

Quand vingt-deux heures sonnent, j'ai enfin retrouvé mes accessoires de cuisine et tout est parfaitement rangé. Avant d'aller me coucher, je voulais à tout prix mettre un peu d'ordre dans mes cartons qui traînaient un peu partout, alors je les ai stockés dans l'endroit qui me sert de cave.

Je me suis cassée le dos à tout descendre dans les étroits escaliers, mais je préfère devoir les remonter un à un par la suite plutôt que de tous les laisser dans mon salon le temps que je puisse les ranger. Je ne sais pas encore quand mes autres meubles vont arriver alors ça risque de vite devenir un dépotoir si je ne fais pas attention.

Mon ventre cri famine, mais franchement, je n'ai pas le courage de trouver quelque chose à manger. J'irai faire les courses demain, juste après mes cours. Il faut dire que ce soir, j'ai une petite baisse de moral et ça me coupe l'envie de faire quoi que ce soit. Je n'ai même pas la force de prendre une douche et de me démaquiller pour aller me coucher. C'est quand même dingue parce que je devrais être heureuse de ma première soirée ici. Je devrais rêver de tester ma nouvelle cuisine et salle de bain. Pourtant non, je suis plantée dans le salon, en train d'attendre une personne qui ne viendra jamais.

Avec un soupir de déception, je tire mon téléphone de ma poche et constate que je n'ai pas la moindre notification. Automatiquement, mes doigts me dirigent vers la page de discussion que je reste à regarder une bonne minute sans savoir si je dois envoyer un nouveau message. Pour lui dire que je suis à la fois déçue et inquiète. Inquiète car il aurait pu lui arriver n'importe quoi qui justifierait ce silence de sa part et puisqu'Orion a l'air de vivre avec le danger, j'avoue qu'une partie de moi n'est pas rassurée par ce silence.

Alors que je m'apprête à écrire ce fichu message que je regretterai probablement par la suite, l'écran m'apprend qu'Orion vient de se connecter à la conversation et a lu mes messages. J'ai un mouvement de recul et quitte aussitôt la conversation sans savoir comment je suis censée réagir. Je me sens trahie.

Quelques secondes plus tard, mon portable sonne et un message de sa part apparaît. Curieuse et un brin énervée contre lui, je le lis.

Je suis là.

Il se fout de moi. Pitié, qu'on me dise qu'il se fiche de moi !

Comment peut-il oser débarquer ici après avoir passé la journée à m'ignorer pour ne pas avoir à m'expliquer ce qui l'a empêché de venir tenir sa promesse ? Mais le pire dans l'histoire, c'est que je déteste mon coeur qui se met à battre un peu plus fort, faisant des loopings dans ma cage thoracique. Cet idiot est heureux qu'Orion soit quand même venu, même s'il est passé vingt-deux heures.

Persuadée que ce n'est pas possible et qu'il ne peut pas être présent, je me dirige vers la fenêtre pour observer dehors et constate bel et bien qu'il est présent. Il est sorti de sa voiture et avance vers la porte d'entrée, les bras chargés de pizzas et d'une bouteille de vin. Même de loin, je remarque qu'il est tendu comme un arc et que son visage est fermé. Probablement aussi fermé que le mien devant ce spectacle.

M'éloignant de la fenêtre, je retourne dans le salon, la boule au ventre. Je ne sais pas quoi faire et je sais encore moins comment je dois réagir. D'ici quelques secondes, Orion va sonner et je vais devoir lui ouvrir, lui faire face et réagir en fonction de ce que j'ai sur le coeur. Sauf que je ne sais pas quoi lui dire. Il m'a énormément déçu, mais je n'arrive tellement pas à le cerner que je me demande si je ne suis pas non plus en erreur. Et si je lui en avais trop demandé en lui proposant de rencontrer mes amis ? C'est vrai quoi, nous ne sommes même pas réellement ensemble.

Arrête de lui trouver des excuses Mélodie ! S'il n'avait pas intention de venir, il aurait dû me prévenir au lieu de me promettre qu'il viendrait.