CHAPITRE 47

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ORION

En ouvrant les yeux, un voile obscur englobe mes pupilles et me prive de la vue. J'ai l'impression d'être shooté. Mon corps ne me répond pas et je ne ressens rien d'autre qu'une immense douleur qui part de ma tête et descend jusqu'à mes pieds. Mes oreilles bourdonnent quelques secondes et le tout cesse lorsque je parviens à retrouver la vue.

Je ferme les yeux un instant avant de les rouvrir. Je ne sais pas où je me trouve, mais il fait terriblement froid. J'ai l'impression d'être dans un lit. Dans mon lit ? J'essaye de tirer la couette pour la remonter jusqu'à mon menton, mais aucun de mes bras ne veut bouger. J'ai l'impression d'être un pantin.

Il me faut quelques instants pour remettre de l'ordre dans mon esprit, et lorsque les choses me reviennent enfin en mémoire, un brin de panique me parcourt.

Je me souviens de sang. De beaucoup de sang. Des muscles de mon corps qui ne me répondaient plus, d'une douleur fulgurante qui me donnait l'impression de mourir sur place.

L'entrepôt. L'attaque. Je me souviens de tout. De la manière dont nous nous sommes fait baiser et de la manière dont je me suis bêtement laissé avoir. Comment avons-nous pu ne pas deviner que Gonzalez essayerait de nous tuer ? Après tout, il a déjà tenté de le faire à maintes reprises avec Mélodie et le père d'Érèbe.

En plus de reprendre mes esprits, il me faut quelques instants pour reprendre le contrôle de mon corps. C'est seulement à ce moment-là que je me rends compte que je ne suis pas seul dans cette pièce qui n'est pas ma chambre, mais que je me trouve à l'infirmerie avec Mélodie. Celle-ci ne dort pas. Enfin, peut-être qu'elle somnole. Lorsque je tourne la tête dans sa direction, je prends conscience qu'elle chantonne depuis tout à l'heure, et que sa voix accompagne les bourdonnements de mes tympans dans une parfaite harmonie.

Elle ne me voit pas. Son front repose sur mon bras et son visage est tourné vers le sol. Seule sa douce mélodie me prouve qu'elle ne dort pas.

Je constate que nous sommes seuls dans la pièce et qu'un calme absolu règne autour de nous.

Histoire de lui faire comprendre en douceur que je suis réveillé, je bouge légèrement le bras sur lequel elle est appuyée et je suis surpris de découvrir qu'il répond. En sentant le mouvement, elle relève aussitôt la tête et me regarde avec surprise et soulagement.

– Tu es réveillé ? me demande-t-elle comme si elle n'en croyait pas ses yeux.

Son visage est rouge, tout comme le blanc de ses yeux qui est si rougi que j'imagine qu'elle a pleuré pendant longtemps. Mon cœur se serre en l'imaginant me pleurer et me veiller le temps que j'étais endormi.

– Tu es vivant. Pitié, ne me fais plus jamais une telle frayeur.

Le soulagement teint sa douce voix. La voir ici à mon réveil alors que la dernière chose dont je me souviens est un chaos sans nom me fait bizarre. Je me sens apaisé. Qu'elle me parle après ces semaines de silence, qu'elle soit à mes côtés et qu'elle ait été inquiète m'annonce déjà la couleur de mes blessures. Jamais elle ne réagirait de cette manière si je n'avais pas été aux portes de la mort.

– Tout va bien. Je vais bien, je tente de la rassurer.

Elle secoue la tête avec ferveur.

– Tu ne vas pas bien. Tu as failli mourir... D'ailleurs, tu es mort.

Une larme coule le long de sa joue et elle ne l'efface pas, comme si elle commençait à avoir l'habitude de l'humidité de son visage.

– Comment ça ?

Elle tressaille.

– Ton cœur a arrêté de battre, Orion. Tu étais inconscient et d'un coup, le médecin s'est mis à crier que tu faisais un arrêt cardiaque. J'ai cru mourir de peur.

A Sweet MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant