MÉLODIETrois jours. Qu'est-ce que trois jours dans une vie ?
Et bien ça peut être énorme. Quand tout va mal, trois jours peuvent sembler tellement longs. Surtout lorsque tu mets ta vie sur pause en te faisant porter malade et que tu les passes à broyer du noir dans ton lit.
Rien ne va plus. Je ne suis pas seulement mal. Je suis détruite. Détruite parce que je ne parviens toujours pas à faire face à la réalité qui m'est tombée à la figure il y a peu. Mon coeur brûle toujours autant et je ne pensais pas que ça ferait si mal.
Dire ces mots. Le laisser partir. Et dormir avec ma seule personne pour compagnie. Sur le moment, ça m'a semblé tellement facile grâce à la colère et à ce sentiment de trahison qui m'enveloppait la poitrine. Mais après trois jours, rien de tout ça n'est devenu facile. Je souffre en permanence, me rejouant cette scène encore et encore dans ma tête. J'ai encore du mal à prendre conscience que tout est terminé entre Orion et moi et chaque jour, il me manque un peu plus.
Le premier jour était le plus facile. La colère était tellement présente qu'elle m'anesthésiait de la douleur. Je détestais trop Orion pour laisser le manque s'installer. Puis la colère s'est atténuée et j'ai commencé à me poser des questions. Pour savoir ce que j'avais fait pour être prise comme une idiote aussi longtemps par quelqu'un à qui j'ai ouvert mon coeur. Soudainement, j'ai eu besoin de savoir ce qui avait été réel et ce qui ne l'était pas.
Il n'y a pas seulement la douleur de la séparation qui m'a fait mal. Il y avait aussi la douleur des mensonges. Parce que chaque mensonge me fait plus mal que le précédent, mais ce qui est encore plus violent, c'est de connaître leur source : Orion est un tueur à gages.
Cette constatation m'a ouvert les yeux sur tellement de choses, mais j'ai du mal à me rendre compte que l'homme qui a pris soin de moi comme jamais personne l'avait fait est en réalité un homme violent qui a du sang sur les mains. Beaucoup de sang.
Je me suis faite passer pour malade auprès de mon école, de la clinique et auprès de Kellyn. Je ne veux pas que qui que ce soit se rende compte de mon état. Je ne veux pas en parler pour le moment, je préfère rester dans ma souffrance.
J'ai donc réfléchi à beaucoup de choses et j'en suis arrivée à la conclusion qu'il n'y aura aucun retour en arrière possible. La situation a beau être la plus compliquée et la plus douloureuse du monde, notre séparation est la seule option envisageable. Je ne veux pas être liée à ce bordel et je sais que je perdrai une partie de moi si j'acceptai de retourner avec un meurtrier qui a osé me trahir parce qu'il savait que je ne m'attacherais jamais à un tueur.
Je sais maintenant ce que je dois faire. Je dois tirer un trait sur tout ça, ranger cette partie-là de ma vie dans la catégorie des grosses erreurs et ne plus jamais avoir de contact avec Orion. Ça va être dur de passer à autre chose, mais je suis certaine qu'au bout d'un certain temps, l'amour diminuera, mon coeur se reconstruira et je parviendrai à prendre assez de recul sur la situation pour me rappeler que c'était la meilleure chose à faire.
Le plus dur maintenant, c'est de tourner le dos au bonheur et de mettre un terme à tout ça. Si j'en crois le proxénète qui m'a enlevé, le reste de son plan pour détruire l'organisation d'Orion ne me concerne pas et je n'ai donc aucun souci à me faire à ce propos. Ça ne m'empêche pas de faire des dizaines de cauchemars sur cette fameuse nuit, mais j'essaie en général d'éviter d'y penser.
Après un long soupir, je me redresse et dégage la couverture qui repose sur mon corps nu. J'ai dû changer les draps pour retirer l'odeur d'Orion parce qu'il est clair que j'aurais perdu la boule si j'avais passé les trois derniers jours à broyer du noir dans son odeur.
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A Sweet Melody
RomanceIl n'était pas ce qu'il prétendait être Il n'était pas censé l'aimer Une infirmière. Un tueur à gage. Comment un combo aussi imparfait peut exister ? Mélodie a toujours su se contenter à elle-même et n'a jamais eu besoin de pimenter sa vie pour être...