CHAPITRE 19

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MÉLODIE

La maison qui me fait face est jolie. Du genre, tellement jolie que pendant un instant, je me demande si Orion m'a donné la bonne adresse.

Je me gare et coupe le moteur avec autant d'excitation que d'appréhension. La situation peut devenir vraiment étrange. Je prends donc quelques instants pour observer les lieux, puis lorsque je suis prête, je sors de la voiture et me dirige vers la porte d'entrée. Si le quartier est plutôt calme, ça semble aussi être le cas de cette maison. L'herbe du petit jardin qui se trouve à l'avant est coupée au centimètre près, mais il reste complètement dépourvu de la moindre fleure. Tout semble strict et triste.

Alors que je m'apprête à toquer, je n'ai pas le temps d'abattre mon poing sur la porte que celle-ci s'ouvre, laissant apparaître Orion. Je m'apprête à lui sourire et à le saluer, mais lorsque je découvre l'état de son visage, je ne peux m'empêcher d'avoir un mouvement de recul.

– Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? je m'exclame.

Il est tuméfié, abîmé et clairement en piteux état. Sa lèvre est fendue et il a l'air vraiment très fatigué, comme s'il souffrait trop pour parvenir à dormir. C'est choquant de le voir dans cet état.

– Rien du tout, déclare-t-il avec désinvolture tout en ouvrant grand la porte pour m'inviter à entrer.

Je fais quelques pas sans le lâcher les yeux, sans savoir comment réagir face à son état. Nous nous sommes vus il y a deux jours à peine et si j'en crois la cicatrisation de sa lèvre fendue, les coups qui lui ont été portés ne sont pas récents d'hier ou d'aujourd'hui. Qu'a-t-il pu bien lui arriver ?

Une part de moi aimerait poser plus de questions, savoir ce qu'il s'est passé et connaître son implication dans tout ça, tandis qu'une autre part de moi préfère ne rien savoir et continuer de rester en dehors de ses problèmes. Sauf que voir son visage ainsi me fait comme une piqûre de rappel. Ces derniers temps, j'en étais venue à oublier les problèmes qu'il traîne derrière lui et j'étais même persuadée que l'homme était bon.

Le voir dans cet état me rappelle que tout n'est pas tout beau tout rose dans sa vie et que je devrais peut-être prendre mes distances. Cette histoire me perturbe bien plus que je l'aimerai.

S'il remarque mon trouble, il n'en laisse rien paraître et me débarrasse de mon manteau avec nonchalance, bien que son corps est tendu. Je pose alors mon sac non loin et me tourne vers le couloir dans lequel nous sommes. Des escaliers se trouvent sur ma droite et une porte laissant apparaître un bout du salon sur ma gauche. Du reste, il n'y a rien de plus dans le couloir.

– Rien du tout ? je continue. Tu ne dois pas bien avoir vu ton visage.

– Crois-moi, je l'ai vu, ronchonne-t-il quand je me plante devant lui, l'empêchant d'accéder au salon.

Vu la manière dont il se déplace au ralenti, je devine qu'il n'y a pas que son visage qui a pris des coups. S'il ne veut pas que je m'imagine quarante mille scénarios plus inquiétants les uns que les autres, il va devoir me dire ce qui lui est arrivé.

J'ai besoin qu'il me rassure et me persuade qu'il n'est pas un homme violent. Parce que si sa blessure de la dernière fois aurait pu être prise pour un accident, le fait qu'il se retrouve dans cet état un mois plus tard est questionnable.

– Sérieusement, que t'est-il arrivé ?

Après un long soupir, il se décide enfin à me répondre.

– La bande de la dernière fois m'a reconnu et m'a tendu une embuscade. Il n'y a rien à dire de plus.

Son regard est froid et ses poings serrés, comme si se souvenir de cette nuit-là le mettait dans tous ses états.

A Sweet MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant