Chapitre 41

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Depuis le départ de Draco, toute la vie de Hermione n'était devenue qu'un automatisme. Elle allait au travail, rentrait, mangeait, allait se coucher et recommençait le jour suivant. Ses amis avaient tenté de lui remonter le moral mais elle les avait repoussé et ne leur ouvrait plus la porte. Elle s'était renfermée sur elle-même et, sans vraiment s'en rendre compte, se laissait sombrer dans sa tristesse. Elle se noyait dans son travail car, dès que son esprit était libre, elle ne pouvait penser à autre chose que Draco. Jamais elle ne pourrait l'oublier. Jamais elle ne pourrait cesser de l'aimer. C'était le genre d'amour qu'on ne ressent qu'une seule fois dans sa vie, le genre d'amour qu'on ne peut imaginer possible avant de l'avoir vécu, le genre d'amour qui marque votre âme au fer rouge. C'était un amour qui perdurerait à jamais. Comment pourrait-elle un jour aller mieux ?

Un an s'écoula depuis le départ de Draco et, un jour, un évènement réussit à sortir Hermione de sa torpeur. Ginny et Harry eurent un bébé. Elle s'était tant éloignée d'eux qu'elle ne savait même pas que sa meilleure amie était enceinte et, pourtant, celle-ci venait de mettre au monde un petit garçon qu'ils avaient nommé James Sirius Potter. Prévenue par Ron, Hermione se précipita à l'hôpital Sainte Mangouste. Elle entra dans la chambre de Ginny, où elle fut accueilli chaleureusement par sa meilleure amie et Harry. Les deux époux respiraient le bonheur.

- Viens t'asseoir ! l'invita Ginny.

Lorsque Hermione fut installée, Harry déposa le bébé dans les bras. Elle fut immédiatement submergée par les émotions et retint difficilement ses larmes.

- Salut, toi, murmura-t-elle au petit James.

Hermione ne put s'empêcher de penser au bébé qu'elle avait perdu. Elle ne savait même pas si c'était une fille ou un garçon, elle avait préféré l'ignorer. Malgré tout, un instinct archaïque la poussa à imaginer le visage de son bébé dans celui de James. Harry ressentit son émotion et posa une main sur son épaule. Ses amis étaient au courant de sa fausse couche et Hermione ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable de toute cette jalousie qui montait en elle. Elle aurait dû être mère, elle aussi. Peut-être que cette grossesse aurait retenu Draco. Peut-être qu'elle aussi se serait mariée. Mais, ce n'était pas le cas. Son bébé était mort, Draco était parti et ne saurait jamais qu'elle avait porté son enfant.

- Mione, est-ce que ça va ? demanda Ginny, la sortant de ses pensées.
- Vous avez tellement de chance, je suis si heureuse pour vous, répondit-elle avec un sourire, les rassurant.

Harry s'assit près de Ginny et la serra contre lui.

- On serait encore plus chanceux si tu acceptais d'être sa marraine.
- Tu es sérieux ?
- Évidemment ! On a demandé à Ron d'être son parrain alors il faudrait une super marraine pour relever le niveau, ajouta Ginny.

Hermione ne put s'empêcher de rire.

- Bien sûr que je veux être sa marraine, tu as vu sa bouille d'ange ?

***

Presque deux ans plus tard, Harry et Ginny demandèrent à Hermione de jouer les nounous pour profiter d'une soirée en amoureux. La jeune femme accepta avec enthousiasme, elle qui était complètement gaga de son filleul. Depuis la naissance de James, Hermione avait repris goût à la vie. Elle la dédicaçait à son travail au Ministère et son job de marraine. La jeune femme avait changé d'air en quittant son appartement et, même si Draco occupait encore la majorité de ses pensées, elle sortait peu à peu la tête de l'eau.
Le soir, lorsqu'elle arriva chez ses amis, elle réalisa que Ron était également présent. Elle le salua joyeusement.

- Je ne savais pas qu'on serait deux pour surveiller le petit monstre !
- On s'est dit que James serait ravi de passer la soirée avec parrain et marraine, répondit Ginny en enfilant sa veste par dessus sa robe de soirée. Bonne soirée les loulous !

Sur ces mots, elle prit le bras de Harry et ils transplanèrent jusqu'au restaurant qu'ils avaient réservé. Hermione passa la soirée à s'occuper de James avec Ron. Le petit garçon déambulait dans toutes les pièces de la maison, les obligeant à lui courir après. Il leur montrait tous ses jouets un à un, leur demandait de lire une histoire et en écoutait une phrase avant de passer à autre chose. Le petit bout de chou était une vraie boule d'énergie. Alors, lorsqu'il fut enfin endormi dans son lit, Ron et Hermione se laissèrent tomber sur le canapé du salon, éreintés.

- Est-ce que tous les enfants sont comme ça ? demanda-t-il, en bâillant.

Elle éclata de rire avant de bâiller à son tour. L'hiver venait de s'installer et il neigeait dehors. Le manteau blanc recouvrait la rue entière et le vent frappait contre les fenêtres de la maison. Hermione frissonna et Ron se leva pour faire un feu. Quand il vint se rasseoir près d'elle, l'ambiance avait changé.

- Comment tu vas ? lui demanda-t-il.

Hermione soupira lourdement et le regarda dans les yeux. Elle était fatiguée d'entendre cette question. Mais, elle ravala sa lassitude. Ron avait été le premier au courant de sa fausse couche et il avait été un soutien précieux. Depuis le départ de Draco, il était venu lui rendre visite et tentait de lui changer les idées, maladroitement mais à sa façon. Alors, elle décida de faire un effort et détourna la conversation sur quelque chose de moins triste.

- Ça va mieux, répondit-elle. J'ai travaillé dur ces derniers temps mais je crois que ça va porter ses fruits.
- Super Justicière a encore frappé ?

Hermione leva les yeux au ciel en riant.

- Il faut croire que oui.

Les deux amis passèrent plusieurs heures sur ce canapé, à parler de tout et de rien. Ils commandèrent des pizzas et ne virent pas le temps passé. Quand Harry et Ginny arrivèrent, Hermione réalisa l'heure qu'il était. Ils restèrent un moment tous les quatre puis Ron et Hermione décidèrent de rentrer. Ils enfilèrent leurs vestes et sur le pas de la porte, avant de transplaner, Hermione enlaça Ron, le remerciant pour la soirée. Elle avait vraiment passé un bon moment et avait l'impression que ce n'était pas arrivé depuis longtemps.

- On devrait aller boire un verre, un de ces quatre, proposa alors Ron, timidement.

***

Trois ans plus tard, Hermione était dans le bureau du Ministre de la Magie, qui était devenu son propre bureau il y a quelques années. Lorsqu'elle était à la tête du département de la justice magique, elle avait ouvert une enquête sur les agissements de Kingsley Shacklebolt. Draco avait clairement refusé de porter plainte contre le Ministre de la Magie mais Hermione n'avait pas renoncé pour autant. Après tant d'années à se battre contre les injustices et les inégalités, elle ne pouvait pardonner le mépris et l'inconscience dont l'homme avait fait preuve. Cette enquête, qui avait traîné dans le temps, avait alors mené à la destitution du Ministre et des élections avaient eu lieu. Hermione ne se serait jamais attendu à être élue, alors qu'elle ne s'était même pas présentée. Pourtant, à peine quelques mois après son élection, elle avait instauré de nombreuses mesures qui avaient fait avancé le monde de la Magie, prouvant qu'elle avait sa place à ce poste.
À présent, Hermione rentrait de son second congé maternité et installait sur son bureau les nouvelles photos de ses enfants et de son mari, Ron. La petite Rose avait déjà deux ans et avait accueilli à bras ouvert son petit frère, Hugo. À leurs côtés, se trouvait des photos de James et de son petit frère, Albus. Sortant Hermione de ses pensées, sa secrétaire frappa à la porte de son bureau qui était entrouverte.

- Bonjour Sofia ! lança-t-elle gaiement.
- Bonjour Hermione, vous avez de la visite.
- De si bon matin ?
- Oui, il s'agit d'un guérisseur. Je le fais entrer ?
- Oui, allez-y. Merci !

En attendant le fameux guérisseur, Hermione continua son remue-ménage, triant et rangeant les nombreux dossiers qui traînaient sur son bureau. Elle tournait le dos à la porte, le nez dans ses placards, quand elle entendit toquer une nouvelle fois.

- Entrez, je vous en prie. Je suis à vous dans une minute, lança-t-elle sans se retourner.

Mais, soudain, son coeur sembla s'arrêter lorsqu'elle entendit la réponse de son visiteur, avec une voix plus que familière et des mots qu'elle avait longtemps attendu :

- Salut, Granger.

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