Chapitre 8

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Deux mois s'écoulèrent, durant lesquels Harry devenait de plus en plus tendu. Le Gryffondor avait raconté à Hermione et Ron ses entrevues avec Dumbledore. Le directeur cherchait un moyen de détruire Voldemort définitivement mais il lui manquait des éléments. Le professeur Slughorn détenait notamment un de ses éléments et refusait de l'admettre, probablement par honte. Dumbledore avait demandé à Harry de récupérer un souvenir du professeur, qui leur permettrait d'avancer. Malheureusement, le jeune homme s'était heurté à un mur et toutes ses tentatives avaient été vouées à l'échec. Il avait alors pensé à utiliser le manuel du Prince de Sang-mêlé pour arriver à ses fins mais Hermione l'en avait dissuadé. Elle lui avait enfin dit qu'elle trouvait ce livre dangereux et qu'il finirait par lui nuire. Son ami avait pris en compte son avis, la rassurant, mais avait refusé de se débarrasser du livre pour autant. Cela rendait Hermione inquiète mais elle n'avait pas insisté. Depuis quelques temps, elle avait d'autres choses en tête que de régler les problèmes des autres. Pour une fois, elle pensait à elle en priorité et cela lui faisait du bien.
Cela faisait deux mois que, une fois par semaine, elle se rendait en haut de la tour d'astronomie et y retrouvait Draco Malfoy. La majorité du temps, ils discutaient de leurs centres d'intérêts, débattant de tout et de rien. Draco essayait de convaincre Hermione de monter sur un balai, pour essayer, mais la jeune fille n'en démordait pas. Quand elle répliquait qu'il devrait passer une après-midi avec elle à la bibliothèque, le Serpentard marmonnait dans sa barbe et n'insistait plus, ce qui la faisait rire. Parfois, les deux restaient assis en silence, à observer la vue en profitant de la présence de l'autre. Dans ces moments là, Hermione sentait le poids sur les épaules de Draco. Il cachait quelque chose et son état mental en paraissait de plus en plus affecté. Il n'allait plus en cours, sa seule distraction étant ces moments avec la Gryffondor. Draco ne lui aurait jamais avoué, mais c'était le seul moment où il se sentait bien. Il avait enfin le sentiment de pouvoir compter sur quelqu'un. Ils ne s'étaient jamais accordés oralement de se retrouver chaque semaine, et pourtant, tous les samedis soirs, au coucher du soleil, elle était présente et lui aussi. Personne n'avait fait de remarques à Draco sur ses absences, personne n'osait vraiment. Cependant, Ginny avait demandé à Hermione ce qu'elle faisait tous les samedis soirs. La jeune fille lui avait dit qu'elle passait son temps à la bibliothèque mais sa meilleure amie savait que c'était un mensonge. Elle n'avait pourtant pas cherché la vérité, préférant laisser son intimité à Hermione.

Ce jour-là, on était le premier samedi du mois de mars et c'était l'anniversaire de Ron. Hermione lui avait préparé son gâteau préféré : un fondant au chocolat. Ils s'étaient réunis avec Harry, dans le parc du château pour faire un pique-nique. Les jardins avaient commencé à fleurir, le printemps était pressé de pointer le bout de son nez. L'air était doux. Hermione retira le gilet de son uniforme et remonta les manches de sa chemise pour profiter du soleil qui caressait sa peau. Elle passa l'après-midi à rire avec ses amis. Ron souffla ses bougies et ils lui offrirent quelques babioles trouvées à Pré-au-lard. Puis, Harry et Ron lancèrent un partie d'échecs, tandis que Hermione s'allongea dans l'herbe. Elle somnola le temps de leur partie. Une heure plus tard, après une énième victoire de Ron, ils rangèrent leurs affaires et décidèrent de rentrer au château pour travailler le devoir de Défense contre les Forces du Mal qu'ils devaient rendre dans peu de temps.
Sur le chemin, elle aperçut Draco Malfoy traverser la cour du château. Elle fit signe à ses amis d'avancer et leur dit qu'elle les rejoindrait à la bibliothèque. Le Serpentard la vit à son tour et ralentit pour qu'elle le rejoigne.

- Comment tu vas ? demanda Hermione.
- T'es mignonne comme ça, dit-il en indiquant son uniforme d'un signe de tête.

La jeune fille savait qu'il ne répondait jamais à cette question mais elle ne s'attendait pas à recevoir un compliment et rougit en baissant la tête. Elle sentit alors sa main dans ses cheveux. Draco en retira délicatement une petite fleur et la regarda en haussant les épaules. La jeune fille fut parcourue d'un frisson. Il remarqua alors quelques élèves les observer et, gêné, il décida d'écourter leur discussion.

- On se voit ce soir, Granger.
- Hum... C'est l'anniversaire de Ron, on va sûrement rester un peu dans la salle commune ce soir, tous ensemble.
- Et alors ? Viens après.
- Tu ne peux plus te passer de moi ? demanda-t-elle en riant.

Draco lui adressa son sourire narquois avant de s'éloigner.

- A ce soir, lança-t-il.

***

Le soir venu, Draco monta dans la tour d'astronomie, un peu plus tard qu'habituellement. Il n'avait pas voulu y aller trop tôt, espérant la faire attendre. Il ne voulait pas paraître pressé de la voir. Mais, quand il arriva, Hermione n'était pas là. Il s'approcha de la rambarde et admira la vue. La nuit était déjà tombée et le ciel rempli d'étoiles était éclairé par la lune presque pleine. Draco aimait cet endroit. Quoi qu'on puisse en dire, Poudlard lui apportait une certaine sérénité qu'il chérissait plus que tout. Une demi-heure plus tard, il en eut marre de l'attendre. La patience n'était pas une des qualités du Serpentard et, en plus, Hermione ne lui avait jamais confirmé sa venue. Il descendit donc les escaliers de la tour. Il était hors de question d'admettre qu'il l'avait attendu plus d'une heure. Il avait déjà plus ou moins admis son intérêt pour la Gryffondor, il n'allait pas en plus lui prouver qu'elle lui plaisait. Lorsque Draco arriva en bas des marches, il emprunta le couloir étroit qui suivit pour pouvoir rejoindre sa salle commune. Ce fut dans ce couloir qu'il se retrouva nez à nez avec Hermione. Cette dernière recula en rougissant.

- Je t'intimide, Granger ? ricana le blond.
- Ne te fais pas d'illusions, Malfoy. Comme si tu me faisais un quelconque effet, répliqua-t-elle en souriant.

Hermione savait très bien que c'était faux et elle ne s'attendait pas à ce que Draco la croit. Cependant, elle ne s'attendait pas non plus à voir briller cet éclair de malice dans les yeux du Serpentard. Avait-il pris cette remarque comme un nouveau challenge ?

- Ah oui ? demanda-t-il en s'approchant d'elle. Tu crois que je ne t'ai pas remarqué me chercher du regard dans n'importe quel endroit du château ? Que je ne t'ai pas vu frémir lorsque je t'effleure à peine ?

La jeune fille se sentit mal à l'aise. Elle avait espéré qu'il ne remarque pas tout cela mais il était plus malin que ça. Elle n'osa pas répondre. Draco avança vers elle, la forçant à reculer, jusqu'à se retrouver dos au mur. Il y appuya sa main, près du visage d'Hermione. Elle rit nerveusement : la situation lui semblait ridicule.

- Tu peux répéter ce que tu disais ? demanda-t-il, son sourire narquois sur les lèvres. Je ne te fais pas d'effet, c'est ça ?

Son visage se rapprochait du sien progressivement. Hermione restait interdite.

- Ton souffle ne s'accélère pas, c'est ça ? Tes joues ne rougissent pas ? Et les battements de ton cœur ne se sont pas emballés, pas vrai ?

Draco avait murmuré cette dernière phrase. La jeune fille prit son courage à deux mains et le regarda droit dans les yeux.

- J'entends ton cœur battre d'ici, Malfoy, murmura-t-elle à son tour. Tu es mal placé pour faire le malin.
- Repousse moi si j'ai tort. Mais je sais très bien ce que tu ressens, Granger. L'interdit, c'est excitant, n'est-ce pas ? Tu sembles toujours intouchable. Et regarde toi, en train de me faire les yeux doux.
- Je ne te fais pas les yeux doux, répondit-elle en souriant. C'est toi qui t'es rapproché, pas moi.

Ils restèrent là, à se toiser en silence. Aucun des deux ne voulait admettre sa défaite. Draco rapprocha son visage de celui d'Hermione. Quelques centimètres les séparaient désormais : le Serpentard s'amusait avec sa proie. Elle ne savait que ressentir. Toutes ces soirées passées avec lui les avaient beaucoup rapprochés, mais jamais elle ne s'était attendu à ça.

- Je ne suis qu'un jeu pour toi, pas vrai ?
- Non, lui souffla-t-il au creux de l'oreille. Mais, tu as envie de jouer, toi aussi, pas vrai ?

Hermione ne répondit pas. Elle refusait d'admettre qu'il lui plaisait mais, en même temps, elle s'amusait bien avec lui. Draco avait raison : l'interdit avait quelque chose d'intriguant. Cependant, elle refusait de lui donner entièrement raison. Elle posa ses mains sur son torse pour le repousser doucement.

- Bonne nuit, Malfoy, lui dit-elle en souriant avant de s'éloigner.

Le Serpentard la regarda partir avec un sourire aux lèvres. Décidément, il devait admettre que cette fille lui faisait tourner la tête.

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