Always

Chapitre 36

Ron déposa Hermione dans son canapé. Alors qu'il comptait aller lui chercher un verre d'eau dans la cuisine, son amie l'attrapa par la manche de sa veste.

- Reste avec moi, s'il te plaît.
- Bien sûr, répondit-il sans aucune hésitation.

Il s'assit près d'elle et elle s'effondra dans ses bras. Son corps fut vite secoué par de violents sanglots alors qu'elle s'était mise à pleurer sur son épaule. Ron la serra dans ses bras.

- Est-ce que tu veux me parler de ce qui est arrivé ? demanda-t-il d'une voix douce.

Hermione secoua la tête. C'était son fardeau et elle ne voulait le partager avec personne. Elle se redressa pour essuyer les larmes de ses joues, ce qui n'arrêta pas ses sanglots pour autant. Ron attrapa sa main.

- Prends de grandes respirations avec moi.

Il la força à avaler de grandes goulées d'air, ce qui finit par calmer ses pleurs. Ron se leva alors et lui ramena un verre d'eau, qu'elle but d'une traite.

- Merci, dit-elle simplement. Tu m'as probablement sauvé la vie.
- J'ai eu tellement peur, si tu savais.

Hermione prit sa main et la serra légèrement. Elle aurait aimé lui dire qu'elle allait bien maintenant mais ce serait lui mentir.

- Mione, j'étais venu te voir pour quelque chose en particulier.

Son amie lui fit signe qu'elle était prête à l'entendre et il poursuivit :

- Je sais que Harry n'a rien voulu te dire mais...
- Mais ? l'encouragea-t-elle, sentant son coeur s'accélérer.
- La vérité, c'est que nous avons localisé le groupe de mangemorts de Lucius Malfoy. Les Aurors préparent une attaque pour pouvoir démanteler le groupe et arrêter tous les mangemorts.
- Tu penses que...
- S'il est quelque part, c'est là-bas.

Le cœur de Hermione manqua un battement.

- Quand ?
- Je n'ai pas la date exacte mais c'est plus proche que ce qu'on peut imaginer.
- Pourquoi Harry ne m'a rien dit ?
- Il ne voulait pas que tu t'impliques dans cette histoire et que tu te mettes en danger ou que tu te fasses de faux espoirs. Mione, je te le dis pour ton bien mais...
- Il faut que je vienne avec vous !
- Non, absolument pas. Tu es dans le viseur de Shacklebolt, tu n'es pas censée être au courant. Écoute, je vais faire tout mon possible pour le retrouver mais il faut que tu me fasses confiance.
- Ronald, tu dois me laisser venir avec vous, je dois le retrouver !
- C'est mon travail de m'assurer de ta sécurité. Je te jure sur tout ce que j'ai de plus cher que je te le ramènerai sain et sauf.

Hermione fut prise de court par cette dernière phrase. Elle marqua un temps d'arrêt, perdue dans ses pensées. Ron était toujours froid et distant avec Draco. Il ne manquait jamais de remarques cinglantes et de regards noirs. Quand elle lui avait parlé de leurs fiançailles, son ami s'était muré dans le silence et s'était éloigné peu à peu. Ron avait encore du mal à accepter la relation que Hermione entretenait avec Draco. Cela avait beau faire des années, les sentiments du jeune homme ne s'était pas estompé. Elle avait beau lui faire confiance, elle n'était pas sereine. Les émotions de la journée interférèrent avec la raison. Contre son gré, Hermione déchargea sa colère sur Ron.

- Bien sûr, cracha-t-elle en se levant. Quel bon samaritain !
- Mione...
- Tu vas me faire croire que tu veux l'aider, après des années à le détester ? Ça t'arrangerait bien, toi, s'il y restait !

Ron se leva à son tour pour lui faire face.

- J'ai vraiment merdé si tu penses ça. Je sais que je n'ai pas été un très bon ami. Je ne t'ai pas soutenu et je n'ai jamais essayé d'être amical avec Malfoy. Je veux me rattraper, je vois à quel point tu souffres.
- Tu vois à quel point je souffre ? répéta-t-elle avec mépris. Tu ne sais rien de ce que je vis, rien du tout !
- Alors dis-le moi ! Je veux t'aider, je veux être là pour toi.
- Tu ne peux rien faire ! Il est parti et maintenant je ne le reverrais probablement jamais ! Tu ne comprendras jamais ça.
- Si, je le comprends, marmonna Ron.

Hermione reprit son souffle bruyamment. Tout cela ne lui ressemblait pas et la peine de son ami lui avait fait l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Toute sa colère disparut soudainement, la laissant plus vulnérable que jamais. Elle ressentit alors le besoin de se confier à son ami.

- J'ai perdu son bébé, murmura-t-elle.
- Oh, Hermione...

Ron se rapprocha d'elle soudainement et la serra dans ses bras, bien plus fort que d'habitude. La jeune femme fondit en larmes, encore une fois.

- Ne me laisse pas seule, je t'en prie, supplia-t-elle.

***

Le lendemain matin, Hermione se leva pour préparer le petit-déjeuner à Ron, qui était resté dormir chez elle. Elle le trouva, debout dans la cuisine, en train de mettre la table.

- Tu es déjà réveillé ? demanda-t-elle, étonnée.
- J'avais faim, dit-il en souriant.

Tandis que Hermione se confondait en excuses pour avoir dormi autant, il se mit à rire.

- J'ai seulement piqué une pomme, je ne voulais pas mettre le feu chez toi.

La jeune femme le remercia, en riant à son tour. Ron n'avait jamais été doué en cuisine. Elle entreprit donc de faire des œufs brouillés et ils déjeunèrent ensemble, assis en face l'un de l'autre. Soudain, une biche faite d'un halo blanc fit irruption dans la pièce et interrompit le silence. Hermione reconnut immédiatement le Patronus de Harry. La voix de celui-ci en jaillit :

- Rends-toi immédiatement au Ministère, on a besoin de toi.

Ron se leva brusquement et se précipita pour rassembler ses affaires et enfiler ses chaussures. Hermione lui courut après.

- Emmène-moi avec toi, Ronald, je t'en prie.

Son ami la prit dans ses bras.

- Fais-moi confiance. Je te le ramènerai.

Il finit par la lâcher et lui sourit, avant de transplaner.

***

Hermione faisait les cent pas dans le salon de Harry et Ginny. Sa meilleure amie était assise sur le canapé, regardant dans le vide en se rongeant les ongles. Les Aurors avaient lancé l'offensive et Harry et Ron étaient partis pour tenter d'arrêter le groupe de mangemorts. Cela faisait des heures qu'ils avaient rejoint le Ministère de la Magie et que les deux jeunes femmes n'avaient pas eu de nouvelles. Elles se faisaient toutes deux un sang d'encre et se sentaient incapables de rassurer l'autre. Alors, le silence était lourd et l'atmosphère à couper au couteau. Hermione se mit à gratter sa cicatrice, ne se rendant même pas compte qu'elle commençait à se faire saigner. Ginny se leva et retint sa main, l'empêchant de s'arracher la peau.

- Ils vont revenir et tout ira bien. Ils vont le retrouver.
- Et si c'était déjà trop tard ? S'il lui était arrivé quelque chose ?

Ginny ne sut quoi répondre. Comme pour l'aider, le Patronus de Harry entra dans la pièce. Sa voix résonna dans le salon :

- Nous avons réussi à les arrêter. Nous sommes au Ministère. Lucius est à Azkaban.

La voix marqua une pause, puis :

- Malfoy est à Sainte Mangouste. Empêche-la de le voir.

Hermione écarquilla les yeux.

- Ginny, qu'est-ce que ça veut dire ?!

Sa meilleure amie ignora sa question. Elle comprenait bien les enjeux de la situation et refusait de faire souffrir Hermione.

- Reste ici, s'il te plaît. Je te tiens au courant.

La jeune femme fut abasourdie par cette demande. Comment pouvaient-ils la tenir à l'écart ainsi ? Harry savait très bien ce qu'elle avait enduré. Pour quelle raison ne voulait-il pas qu'elle voit Draco s'ils l'avaient retrouvé ? Que lui était-il arrivé ? Dans quel état pouvait-il bien être ? Hermione se sentit submergé par tout ce qu'elle ressentait et, avant que Ginny ne puisse dire quoi que ce soit, elle transplana à l'hôpital Sainte Mangouste.