Chapitre 6 : L'inconnu

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Alors que je chevauche ma moto à travers les rues animées de la ville, je suis entièrement concentré sur la réunion des clans qui se tient de l'autre côté de la ville. Ce soir, ma présence à la réunion des clans est plus que cruciale. Des alliances se jouent, des vies sont en suspens, et je ne peux pas me permettre de dévier de ma route. Les ruelles sont encombrées, et les néons des enseignes forment un kaléidoscope bigarré, tandis que le bruit incessant de la ville résonne comme une symphonie dissonante. La chaleur étouffante pèse lourdement sur mes épaules et fait briller de sueur mon front. Mon cœur bat au rythme pétaradant de ma moto, chaque battement calé sur les virages que j'enchaîne avec précision.

Mais un cri perçant traverse le vacarme de la ville, m'arrachant à mes pensées. Mon regard se pose sur une scène qui réveille une colère sourde : une femme, les yeux bandés, traînée de force vers une voiture sombre par deux types. Une colère sourde monte en moi, éveillant une conscience que j'avais promis d'ignorer. Ma conscience me hurle de continuer, de rester focalisé sur ma mission, mais une impulsion plus forte prend le dessus. Je serre les dents ; c'est comme si je reconnaissais ce visage, quelque chose en elle m'est familier, un détail qui s'accroche à mes pensées comme un souvenir mal enterré. Comme si j'avais déjà vu cette détresse quelque part. Sans réfléchir, je fais demi-tour, laissant derrière moi la responsabilité et la promesse de ma propre sécurité. La poursuite commence, les rues défilent rapidement, les bâtiments ne sont plus qu'un flou de couleurs et de formes. Le vent rugi dans mes oreilles, mêlé au grondement féroce de mon moteur. Je n'ai aucune intention de les laisser disparaître.

Je repère enfin la voiture sombre lorsqu'elle s'engage dans un quartier plus reculé, presque désert. La tension monte en moi alors que je me rapproche et freine brusquement lorsque je les vois s'arrêter à l'abri des regards indiscrets, devant un entrepôt abandonné aux allures sinistres. Ils s'apprêtent à sortir la femme du véhicule. Mon sang ne fait qu'un tour. Ces enfoirés vont le regretter.

Freinant brusquement, je me gare à une dizaine de mètres d'eux et saute de ma moto, toujours casqué. Je m'approche à grands pas en serrant les poings.

— Hé, lâchez-la, bande de connards ! crié-je, ma voix se répercutant contre les murs poussiéreux de l'entrepôt.

Surpris, les hommes se tournent vers moi, une lueur mauvaise dans leurs yeux. L'un d'eux sort un couteau, le brandissant devant lui.

— T'es qui, toi ? Dégage d'ici, si tu tiens à ta putain de vie, lance-t-il d'une voix rauque et moqueuse.

Je ne réponds pas, laissant échapper un rire sec, sans joie. Ils n'ont aucune idée de qui ils ont en face d'eux. En une fraction de seconde, je saisis son poignet, le tordant jusqu'à ce que le couteau tombe au sol. Un cri de douleur jaillit de ses lèvres alors que je le projette contre le capot de la voiture.

Le choc du métal contre son dos résonne dans la nuit, mais je n'ai pas le temps de prêter attention aux détails. Pendant ce temps, le second homme, comprenant la menace, s'avance par-derrière. Trop lent. Je pivote rapidement, mon poing s'écrasant contre sa mâchoire avec une précision chirurgicale. Il recule, titubant, sa main cherchant désespérément une arme.

— Merde, t'as vu ce qu'il a fait, putain ?! geint-il, crachant du sang entre ses lèvres.

— Ferme ta gueule et bute-le ! crie le premier agresseur, fou de rage, se relevant péniblement.

Le second homme sort une arme à feu, ses mains tremblantes dévoilant sa nervosité. Pas de temps à perdre. Je lui saute dessus, assénant un coup puissant au poignet qui fait voler l'arme dans l'obscurité. Mais dans le mouvement, je ne remarque pas le troisième homme surgissant de l'ombre, un couteau d'armée scintillant à la lumière des réverbères.

Un éclat de métal surgit dans la pénombre, et avant que je ne puisse esquisser le moindre geste, la lame s'enfonce profondément dans ma chair. Une brûlure insoutenable irradie depuis mon dos, chaque battement de cœur accentuant l'agonie. La douleur m'électrise, brouille ma vision, et pendant une seconde, le monde vacille. Je lutte pour rester debout, pour ne pas m'effondrer. Mon souffle se bloque, étouffé par une rage sourde et une sensation de vulnérabilité que je n'avais pas ressentie depuis des années.

Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant