— ... et merde. Je ne voulais en aucun cas en arriver là. Que suis-je censé faire maintenant ?
Une voix encore lointaine et floue se fait entendre, un murmure indistinct qui se glisse dans mon esprit embrumé. J'essaie d'ouvrir les yeux, mais ils restent obstinément fermés, comme s'ils étaient scellés par une force invisible. La panique commence à s'infiltrer dans mon esprit, ses griffes acérées s'enfonçant dans ma conscience. Cette sensation d'entendre sans pouvoir interagir me rappelle les jours sombres de mon coma, quand j'étais prisonnière de mon propre corps.
Petit à petit, mes paupières s'ouvrent, comme des volets grinçants dans le vent. Devant moi, une ombre géante se dessine dans la pénombre, solidifiant la réalité de ma situation.
Un homme très grand, assis sur une chaise qui oscille doucement d'avant en arrière. Une sensation de déjà-vu me traverse l'esprit, ajoutant une couche supplémentaire à ma terreur. Il a un téléphone à la main, mais il ne fait aucun bruit, comme s'il attendait quelque chose.
— Hé ! Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous me voulez ? dis-je d'une voix qui se veut plus ferme qu'elle ne l'est réellement.
La pièce est plongée dans une obscurité oppressante, une brume de ténèbres qui semble se resserrer autour de moi. Je ne reconnais absolument rien. Mon cœur bat la chamade et le sang pulse avec force dans mes tempes, créant un tambour assourdissant qui résonne dans mes oreilles. J'essaie de bouger la tête, de voir ce qui m'entoure, mais c'est le néant. L'obscurité m'étouffe. Je réalise alors que je suis attachée. Mon corps gît, tendu sur un lit d'infortune. Mes mains sont fermement ligotées, me plongeant dans un état de vulnérabilité terrifiant. Les lanières mordent ma peau, laissant des marques rougeâtres qui brûlent à chaque mouvement désespéré que je fais pour me libérer.
— Qui... qui êtes-vous ? murmuré-je avec une voix enrouée, presque inaudible, comme si les mots eux-mêmes craignaient de se manifester dans cette ambiance glauque.
L'homme, toujours immobile, ne répond pas, son visage dissimulé par l'obscurité. Il continue à regarder son téléphone, indifférent à mon supplice. La panique et la confusion se mélangent en moi, chaque seconde paraissant une éternité, une agonie prolongée par l'incertitude de ma situation.
— Je vous en prie, parlez-moi ! Qu'est-ce que vous voulez ? insisté-je, cette fois avec un brin de désespoir perçant dans ma voix.
Mes pensées se bousculent, s'entrechoquent comme des vagues en furie.
Pourquoi suis-je ici ? Qui m'a fait ça ?
Tous les scénarios les plus effroyables se faufilent dans mon esprit, plantant des graines de terreur. Un frisson glacé parcourt mon échine, comme une promesse de douleur et de souffrance à venir.
Lentement s'impose une possibilité effrayante : et si cette personne voulait ma mort ?
Une goutte de sueur coule sur mon front, froid comme la glace, accentuant la peur qui me paralyse. Abasourdie, j'essaie de me remémorer les événements avant ce cauchemar. La douleur à l'arrière de ma tête me rappelle brutalement la vérité : j'ai été frappée, brutalement et sans avertissement.
L'homme lève enfin les yeux du téléphone et me regarde. Son silence n'est pas seulement troublant, il est terrifiant. Chaque fibre de mon être me crie de fuir, de me libérer de ces entraves, mais je suis désespérément immobilisée, une proie impuissante.
— Calme toi, murmure-t-il enfin, d'une voix grave et pourtant douce, une combinaison déconcertante qui ébranle davantage mes nerfs fragiles.
— Comment pouvez-vous me demander ça ? Suis-je censée rester calme lorsque je suis attachée et que je ne sais pas pourquoi je suis là ? Je réponds, ma voix commençant à monter en intensité.
Ces mots ne m'apaisent pas, au contraire. Mon esprit s'emballe, les questions fusent.
Pourquoi dois-je rester calme ? Qu'est-ce qui m'attend si je ne le fais pas ?
— Tu t'es mise en danger et je dois davantage te surveiller afin d'éviter ta mort, continue-t-il.
— En danger ? À cause de qui ? Vous ?! rétorqué-je, jetant un regard perçant vers l'homme.
De Rosa. Ma tête tourne et des fragments de souvenirs commencent à s'assembler de manière incohérente.
Cet homme, il m'a kidnappée ? Pourquoi ferait-il une chose pareille ?
Les pièces du puzzle ne s'ajustent pas, créant une image déformée et incompréhensible.
L'angoisse me ronge de l'intérieur, chaque mot qui sort de sa bouche est une énigme que je ne parviens pas à résoudre. Le suspense est insoutenable, une tension qui tend mes nerfs comme des cordes prêtes à se rompre.
N'ai-je jamais vraiment connu cet homme ?
Ses intentions restent cachées derrière un voile de mystère, et l'incertitude est plus effrayante que tout.
— Ça n'a aucun sens. Pourquoi devrais-je croire en la protection de quelqu'un qui m'a attachée ici contre mon gré ?
Toujours enveloppée dans l'obscurité, j'attends, chaque seconde me rapprochant un peu plus du bord du gouffre...
Et dans ce maelström de peur et de confusion, une seule pensée obsédante persiste : survivre.
Il recule légèrement sa chaise, créant un grincement sinistre qui résonne dans la pièce. Il murmure, presque pour lui-même :
— Je ne peux pas te laisser partir. Il faut que je sache ce que tu as vu cette nuit-là.
Je fronce les sourcils, essayant de comprendre ses paroles. Mon poignet saigne à force de tirer sur mes liens. La douleur est vive, mais c'est une douleur qui alimente ma détermination. Mon esprit est embué par la peur, mais je refuse de me laisser submerger. Il y a quelque chose que je dois comprendre.
— Vu quoi ? De quoi parlez-vous ? crié-je, ma voix se brisant.
L'homme se lève lentement, son ombre s'étirant sur les murs comme de longues griffes menaçantes. Il se penche légèrement au-dessus de moi, ses yeux perçant la pénombre, scintillant d'une intensité troublante.
— Dis-moi ce que tu as vu ce soir-là, ordonne-t-il, sa voix empreinte d'une froideur implacable.
Mon esprit retourne en arrière, cherchant désespérément à saisir ce moment décisif qui a changé ma vie en un cauchemar. Une vague d'images floue s'entrechoque dans ma mémoire : la pièce contenant des dossiers de ma vie, le tunnel, Samael.
Puis, le choc à l'arrière de ma tête. Je mets de l'ordre dans mes pensées, essayant de reconstituer les événements.
— Je ne sais vraiment pas de quoi vous parlez ! m'écrié-je, ma voix tremblante trahissant ma confusion et ma peur.
L'homme expire longuement, signe d'une frustration contenue. Il se rapproche, ses yeux devenant deux prunelles inquisitrices dans l'ombre.
— Tu as vu quelque chose que tu n'étais pas censée voir. Ta vie est en danger à cause de ça. Je suis obligé de t'enfermer pour te protéger.
— Protéger ? Vous appelez ça de la protection ? hurlé-je, laissant échapper ma frustration.
Ce qu'il dit est trop incohérent pour avoir un sens. Je lutte contre la douleur et l'horreur qui me paralysent. Mon poignet saigne encore, la douleur me ramène brutalement à la réalité.
Il voit mes tentatives désespérer de me libérer et, à ma grande surprise, il avance pour desserrer légèrement mes liens. Ce geste, bien que mesuré et prudent, me donne une opportunité que je ne peux pas laisser passer.
Dès que mes mains sont un peu plus libres, je dirige toute la force de ma peur et de ma rage accumulée dans un coup de tête violent, directement sur son nez. Le choc est brutal ; il lâche un grognement douloureux et recule précipitamment, son téléphone tombant au sol.
— Ça, c'était pour m'avoir attachée et assommée ! crié-je, la voix tremblante d'adrénaline et de colère.
Je prends une profonde inspiration, me préparant à ce qui pourrait bien être la conversation la plus importante de ma vie. Mon esprit se brouille sous l'effort, la peur et la douleur, mais une petite voix intérieure me pousse à continuer.
L'homme recule, une main couvrant son nez ensanglanté. Son regard fulmine, une colère froide et palpable dans ses yeux.— Tu vas le regretter, grogne-t-il, la voix basse, mais menaçante.
Je raffermis ma prise sur les lanières légèrement desserrées. Mon cœur bat la chamade, distribuant une énergie fiévreuse dans tout mon corps. La douleur palpite toujours à mes poignets, mais c'est cette même douleur qui me maintient ancrée à la réalité. Je refuse d'être une victime passive.
— Parle-moi de cette nuit-là, ordonne-t-il de nouveau, s'approchant plus près, sa silhouette menaçante se découpant dans la pénombre.
Je prends une profonde inspiration, cherchant à dissimuler ma terreur sous un masque d'insolence.
— Et si je ne veux pas parler ? lui lancé-je, un sourire provocateur étirant mes lèvres.
Son visage s'assombrit davantage, et je peux voir ses poings se serrer de frustration. La tension dans la pièce est presque palpable, une tempête prête à éclater à tout moment. Mais je ne peux pas lui en parler, je ne veux pas lui donner ce qu'il cherche.
Il donne un coup de pied rageur contre la chaise, le bruit résonne contre les murs nus de la pièce. Sa patience semble être à bout.— Arrête de jouer à ce jeu avec moi ! hurle-t-il, sa voix résonnant avec une autorité glaciale. Tu sais exactement pourquoi tu es ici. Dis-moi simplement ce que tu as vu.
Le doute plane dans ses mots, mais je refuse de céder. Au lieu de me rabaisser, je le dévisage avec une haine brûlante.
— Et pourquoi devrais-je vous faire confiance ? Parce que vous m'avez gentiment ligotée sur ce lit comme si j'étais votre prisonnière ? Mon protecteur, vraiment ? Laissez-moi rire.
Sa main tremble légèrement à ses côtés, le masque de son calme apparent se fissurant. Il s'approche encore plus près, me saisissant fermement par le menton. Ses yeux scrutent les miens, cherchant désespérément la vérité.
— Tu ne sembles pas comprendre la gravité de la situation, murmure-t-il d'une voix dure. Mais tu vas finir par parler, que tu le veuilles ou non.
Je lui crache au visage, un geste de défi désespéré. Il lâche une exclamation furieuse, s'essuyant d'un revers de main. La rage éclate enfin dans ses yeux, transformant son expression en un masque de colère pure.
— Assez ! s'écrie-t-il en se redressant. Si tu veux jouer à ce jeu, très bien. Mais sache cela : ta situation ne fera qu'empirer.
Il se détourne brusquement et marche vers la porte. La panique m'envahit à l'idée de rester seule dans cette chambre obscure, mais je ne montre rien. Je ne lui donnerai pas le plaisir de voir ma peur.
— Où allez-vous ? hurlé-je, ma voix éraillée par l'émotion.
— Je vais te laisser réfléchir à ta situation, répond-il d'une voix glaciale. Quand tu seras prête à parler, je reviendrai.
La porte grince avant de se refermer lourdement, le verrou cliquetant solidement en place. L'obscurité tombe autour de moi comme un rideau impénétrable, et je me retrouve seule, toujours ligotée sur ce lit. Mon poignet continue de saigner, la douleur aiguë me rappelant la gravité de ma situation.
Je ferme les yeux pour tenter de calmer mon rythme cardiaque effréné. Des souvenirs reviennent, des flashs indistincts : des dossiers, une silhouette dans la nuit... Samael. Mais chaque fragment est un morceau d'un puzzle incomplet et je sais que je ne peux pas leur faire confiance.
Mon esprit tourne à toute allure, cherchant une issue, une stratégie. Je refuse de rester passive, d'attendre dans cette salle sombre.
Je tire lentement sur les lanières, essayant de trouver un point faible. Les marques rouges se transforment en plaies ouvertes, mais la douleur n'est plus qu'une sensation lointaine. Je ressens une détermination nouvelle. Je dois survivre et trouver la vérité. Les réponses sont quelque part dans le chaos de mes souvenirs, et je jure de les trouver, de m'échapper de cette prison.
Tout autour de moi, l'obscurité semble chuchoter des promesses de terreur, mais au centre de ce maelström, un seul objectif se dessine avec une clarté aveuglante : je dois m'échapper et découvrir ce qu'il se passe réellement ici.
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Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]
RomantikDans la tumultueuse ville de Naples, Laelynn, une serveuse au cœur généreux, se retrouve malgré elle plongée dans les intrigues sombres de la mafia après le décès mystérieux de son père. De l'autre coté de la cité, Emrys De Rosa, l'héritier du puiss...