Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]

Chapitre 26 : Emrys

Les jours se fondent les uns dans les autres, un mélange étouffant de suspicions et de tourments. Je m'éveille en sursaut chaque nuit, des images tourmentées d'un visage anxieux hantant mes rêves. Le corps gracile de Laelynn, marqué de taches rougeâtres comme si la douleur elle-même l'avait griffée, ne cesse de hanter mon esprit. Ces taches rougeâtres — des suçons bruts qui ponctuent son cou délicat et ses poignets — semblent former une carte macabre d'appartenance forcée. Les émanations de peur sourde dans ses yeux, ses larmes silencieuses, sont gravées dans ma mémoire.

Ce jour-là, j'entendais une fois de trop les pleurs étouffés de Laelynn. Ma décision, nourrie par l'angoisse et la rage, s'enclencha comme une machinerie bien huilée. La suspicion que je portais envers Samael avait germé pour devenir une certitude étouffante.
N'avais-je pas remarqué les regards, les éclats d'alchimie entre eux dès leur arrivée dans cette maison ?
Les marques sur Laelynn étaient la preuve atroce que Samael avait franchi une ligne impardonnable.

Mon cœur s'était corrompu à mesure que mes observations prenaient racine. Samael, cet ami d'enfance, n'a désormais plus rien d'un ami pour moi, pas après ce qu'il a fait.

Je commençai par planifier son emprisonnement méticuleusement. Un soir, alors que le crépuscule enveloppait la maison, je m'approchai de Samael avec une bouteille de vin, lui offrant de partager une dernière soirée amicale. Nous avons bu, ri, comme au bon vieux temps. Mais dans mon esprit, chaque rire n'était qu'un écho cinglant de la trahison que je croyais discerner dans ses yeux.

L'alcool que j'avais versé dans son verre contenait un sédatif puissant, insipide et incolore, qui fit bientôt effet. Il commença à parler plus lentement, ses phrases se faisant de plus en plus incohérentes. Finalement, ses paupières se fermèrent lourdement, et il sombra dans une torpeur paisible.

Le transporter jusqu'au sous-sol n'avait pas été une tâche aisée. Mon cœur battait à tout rompre alors que je luttai pour descendre les marches avec son poids inerte sur mon épaule. Chaque pas résonnait comme un glas, une promesse sinistre du sort qui l'attendait.

Je l'installai sur la chaise, prenant soin d'attacher ses poignets et ses chevilles avec des chaînes robustes. Les liens écartaient toute possibilité de fuite. Les nœuds étaient parfaitement réalisés, grâce à la tension nerveuse et à la haine qui me guidait.

Les jointures de mes poings crissaient sous la pression de mes pensées. Le dédale sous la maison, sombre et humide, était le théâtre de mes folies, ma pièce favorite pour disperser la terreur. Là, Samael, attaché à une chaise rouillée par les années, leva des yeux confus vers moi en émergeant péniblement de son sommeil.

— Samael, grondai-je, mon souffle glacé par la rage, que lui as-tu fait ? Que lui as-tu fait, espèce de connard ?

Un silence pesant s'installa. Samael, qui semblait à demi éveillé d'une torpeur contrainte, fit apparaître un sourire éreinté, presque moqueur.
— Tu te fais des films, mon ami ! Laelynn... elle... nous étions juste ami.

Les mots de Samael ricochèrent sur les parois humides du sous-sol. Je m'approchai, une lumière froide d'acier brillant entre mes doigts.
— Justes amis ?
Je posai la lame sur la joue de Samael, traçant un filet de sang fin comme un cheveu.
— Non, tu mens. Tu la terrorisais. Tu n'imagines même pas ce que je vais te faire. Parle et peut-être que tu t'en sortiras... peut-être.

La peur à peine voilée dans ses yeux s'immisça avec délice dans mon esprit. Pourtant, ce sourire perfide, cette arrogance persistait.
— Tu crois vraiment que je l'aurais touchée ? Tu le sais aussi bien que moi, tu es rongé par ta propre jalousie.

La fureur monta en moi comme une marée inarrêtable.
— Jalousie ? criai-je, serrant la lame plus fort contre sa joue. Je t'ai vu, répugnant, traître, toujours à rôder autour d'elle, à la dévorer des yeux. Tu la voulais, avoue-le !