Chapitre 15 : Emrys

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On me connaît comme quelqu'un de redouté et respecté dans le milieu criminel. Ma supériorité absolue me confère un pouvoir inégalé, et chaque homme sous mon commandement sait pertinemment ce que signifie me décevoir. Non, je ne traite pas mes hommes de main comme des moins que rien, mais ils savent que ma colère est plus terrible que la mort elle-même.

Ce jour-là, Francesco, mon fidèle lieutenant de longue date et ancien compagnon de mon défunt père, se tient devant moi. Il connaît bien ma nature impitoyable. Quand je parle, c'est avec une détermination féroce et une menace implicite qui ne laisse aucune place au doute.

— Francesco, j'ai une mission cruciale pour toi, dis-je en allumant une cigarette. Cette tâche est essentielle pour notre survie et le maintien de notre puissance. On vise les Irlandais cette fois-ci.

Je m'avance lentement vers lui, chaque pas résonnant dans la pièce, réduisant la distance entre nous jusqu'à ce que je puisse sentir son souffle.

— Écoute bien, voici le plan, je continue en exhalant une bouffée de nicotine. Ton objectif est de t'infiltrer dans leurs rangs. T'as trois mois pour gagner leur confiance, entrer dans leur base et récupérer des informations cruciales pour notre attaque. Et Francesco, t'as pas intérêt à échouer...

Je marque une pause, laissant mes mots imprégner l'air d'une terreur sourde.

— Si tu échoues, affronter nos ennemis sera une promenade de santé à côté de ce que je te ferai. Tu piges ?

Un silence lourd tombe dans la pièce tandis que je me mets à tourner autour de lui, comme un prédateur traquant sa proie. La tension est palpable, Francesco lutte pour garder son calme.

— Je comprends parfaitement, chef. Vous pouvez compter sur moi, répond-il, sa voix légèrement tremblante malgré son apparente sérénité.

Je hoche la tête, m'arrêtant un instant pour planter mes yeux dans les siens. Il doit comprendre que ce n'est pas une question de choix, mais de nécessité. La loyauté ici n'est pas négociable.

— Ne fais pas d'erreur. Agis avec prudence, une intelligence et une détermination implacable. Le succès de cette mission déterminera l'avenir et la réputation de notre famille, dis-je en frottant mon menton, mes yeux scrutant chaque réaction sur son visage.

Il se redresse, essayant de dissimuler la peur derrière un masque de détermination.

— Chef, je m'assurerai que chaque étape soit exécutée sans la moindre défaillance, assure-t-il, son regard témoin de sa volonté inébranlable. Je vous promets une loyauté sans faille. Je mènerai cette mission à bien pour l'honneur de notre famille et pour justifier votre confiance.

Je prends une dernière bouffée de ma cigarette avant de l'écraser dans le cendrier à côté. Mon regard ne le quitte pas une seconde.

— Parfait. Va-t'en et réalise cette mission avec la même fidélité et honnêteté qui ont toujours été tes traits distinctifs. Notre survie en dépend.

Il incline légèrement la tête, déterminé, puis tourne les talons pour se diriger vers la porte. Je l'arrête d'un geste de la main avant qu'il ne sorte totalement.

— Francesco , je lâche, la voix basse, mais chargée de menace. N'oublie pas : obtenir leur confiance, entrer dans leur base, récupérer les données. Rien de moins qu'un succès total n'est acceptable.

Nous échangeons un dernier regard, lourd de significations, avant de nous séparer. Chacun de nous comprenant l'importance de son rôle dans cette entreprise risquée.


Quant à moi, je suis prêt à tout pour m'assurer que cette opération contre les Irlandais se déroule sans accroc. Mon regard se pose sur l'ombre qu'il laisse derrière lui en fermant la porte.

Lorsque je finis de parler à Francesco, je prends quelques minutes pour moi-même. Je me dirige vers l'étagère remplie de bouteilles, où je me sers une petite gorgée d'alcool. La brûlure douce du liquide descend dans ma gorge. Une fois cette pause terminée, je me dirige vers mon ordinateur pour vérifier mes courriels et les notifications en attente. C'est alors que mes yeux tombent sur un message urgent qui m'ordonne de me rendre immédiatement dans un vieil entrepôt. Il s'avère que l'expéditeur est bien trop familier pour que je ne prenne cet appel à la légère.

Sans perdre une seconde, je me lève et me prépare à partir. Ce genre de rendez-vous ne tolère pas de retard, et connaissant bien ceux qui m'ont envoyé le message, je décide d'y aller seul. Je m'assure de verrouiller la porte derrière moi avant de foncer vers ma voiture, sentant déjà l'adrénaline monter en moi. Le trajet vers l'entrepôt est long, environ deux bonnes heures, et chaque kilomètre qui défile me plonge davantage dans une vague d'inquiétudes, m'interrogeant sans cesse sur la nature de cette urgence.

Alors que je quitte les lumières brillantes de la ville, je me retrouve entouré par les ombres pesantes des banlieues désertes. Les rues sont vides, et seuls quelques néons d'enseignes abandonnées émettent une lueur vacillante. Lorsque j'arrive enfin à l'entrepôt, la première chose qui frappe, c'est l'état de délabrement avancé du bâtiment.

Les murs sont couverts de graffitis et de moisissures, témoignages silencieux de l'abandon des lieux depuis des années. Les fenêtres sont obstruées par des rideaux de toile usés et tachés, oubliés par le temps et les tempêtes qui ont ravagé la structure. Des ampoules nues, suspendues au plafond par des fils effilochés, dégagent une lumière vacillante qui projette des ombres mouvantes dans chaque coin. Le sol, jonché de débris et de vieilles caisses en bois, grince sous mes pas, résonnant dans cet espace autrefois animé. Une légère brise souffle à travers les ouvertures béantes des murs, ajoutant une dimension spectrale à l'atmosphère.


Alors que j'avance prudemment, un frisson parcourt ma colonne vertébrale, soulignant la nature incertaine de cet endroit. Soudain, un bruit sourd résonne dans le silence me parcourant l'échine. Je me tourne, prêt à affronter n'importe quel obstacle, mais c'est une voix familière qui m'interpelle, me réconfortant à moitié.

— Sofia, que fais-tu ici ? C'est dangereux de traîner dans un endroit pareil.

Sofia, une vieille amie d'enfance, se tient devant moi. Ses yeux reflètent une peur mêlée de détermination, et je sais que quelque chose de grave l'amène ici. Elle a toujours été une constante dans ma vie, une présence rassurante dans mon univers tumultueux.

— J'avais besoin de te parler, dit-elle, sa voix brisant le silence dense de l'entrepôt. C'est ta mère. Elle est tombée gravement malade, et son état empire. Elle pourrait être en train de vivre ses derniers moments, et elle a besoin de toi.

Ses paroles me frappent comme un coup de poing. Ma mère, la seule personne qui a toujours été là pour moi, se meurt lentement dans la solitude. Une contraction serre ma poitrine à cette pensée.

Sofia inspire profondément, ses yeux rivés aux miens.

— Elle est à la maison de campagne. Elle m'a demandé de te retrouver et de t'amener à elle.

Le choc de ses paroles m'immobilise un instant. Mon esprit est une tempête de pensées et de prières silencieuses. Je prends une profonde inspiration.

— Sofia, merci. Je te dois beaucoup pour m'avoir prévenu.

— Tu n'as pas à me remercier, répond-elle doucement, posant une main rassurante sur mon épaule. Ta mère a toujours été importante pour toi. Fais vite, chaque minute compte.

Je détourne les yeux pour cacher mon émotion et me précipite vers ma voiture.

— Prends soin de toi, je te contacterai après, dis-je en m'éloignant.

En roulant à vive allure, je pense à prévenir Clark par téléphone.

— Clark, assure-toi que la domestique évite tout contact avec l'extérieur. Procède comme d'habitude et fais tout ce qui est nécessaire pour la protéger en mon absence. Je compte sur toi, insisté-je, la voix serrée par l'anxiété.

— Ne t'inquiète pas, chef, répond Clark avec une sincérité inébranlable. Je m'occuperai d'elle du mieux que je peux.

Le chemin vers la maison isolée où se trouve ma mère semble interminable. Chaque kilomètre qui passe accroît mon angoisse, car je ne sais pas combien de temps il me reste avant que sa condition ne se dégrade irréversiblement.

Enfin, j'aperçois la demeure privée, un refuge connu seulement d'un cercle restreint pour la protéger des ennemis. Mon cœur bat la chamade alors que je m'approche de l'entrée. Des souvenirs d'enfance affluent, mêlés à la douleur actuelle. Je franchis enfin la porte, espérant que ma présence apportera un peu de réconfort à ma mère en ces moments difficiles.

Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant