Chapitre 16 : Laelynn

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Le silence qui règne dans ces lieux est presque surnaturel et une atmosphère lourde imprègne chaque pièce dans cette immense demeure. Une fois de plus, De Rosa s'est éclipsé, laissant le manoir plonger dans une absence pesante. Les murs anciens et les couloirs interminables semblent encore plus imposants en l'absence de sa présence devenant presque inhabituelle. Je me mets à méditer sur la vie de cet homme.

Quel métier peut justifier de telles intermittences, de ces voyages incessants, et une fortune aussi considérable ?

Il n'a pas rejoint la maison depuis cinq jours. Chaque matin, en ouvrant les rideaux des grandes fenêtres, je me retrouve à me demander quel genre de vie il mène. En dépit de mes efforts pour me concentrer sur les tâches ménagères et les détails du quotidien, mes pensées finissent toujours par se tourner vers cet homme mystérieux. Sa vie est comme un puzzle complexe dont je ne possède qu'une poignée de pièces éparpillées, et chacune de ses absences prolongées ne fait qu'aiguiser ma curiosité.

Alors que j'arpente l'immense demeure vide, je ne peux m'empêcher de m'interroger. Que fait-il réellement dans la vie ? Qui est-il vraiment ? Mon rôle est de préserver l'ordre dans la maison, pas de percer les mystères de mon employeur. Pourtant, à chaque fois que je passe devant la porte fermée à clé de son bureau ou que je découvre un objet étrange provenant d'un voyage lointain, mon imagination s'échappe de nouveau. Je commence à construire des scénarios : est-il un homme d'affaires puissant, un aventurier intrépide, ou peut-être même quelque chose de plus sombre ?

L'ennui et la solitude ne font qu'amplifier ces spéculations. Lorsque je suis seule, mes pensées prennent vie, engendrant mille histoires possibles sur cet homme. À la tombée de la nuit, lorsque la maison plonge progressivement dans une obscurité silencieuse, j'attends avec impatience son retour. J'ai l'intuition que, peut-être un jour, un geste inattendu, une parole miraculeusement échappée ou un regard furtif me révélera un fragment de vérité, permettant enfin aux pièces du puzzle de s'assembler.

Je décide de terminer par le salon, une pièce spacieuse. Les meubles en acajou massif, sculptés avec minutie exquise. Des motifs élaborés de feuilles et de fleurs semblent surgir de la surface du bois, comme si les artisans ont capturé une partie vivante de la forêt.

Le salon est décoré de tapis orientaux aux motifs complexes, de tables de maîtres accrochées aux murs et de bibelots ornés. Chaque objet semble avoir une histoire, un passé mystérieux qui ajoute à l'aura énigmatique de M. De Rosa. Je prends un chiffon et je commence à dépoussiérer les surfaces. Chaque passage du chiffon est marqué par de nouveaux aspects des extravagances de cet homme énigmatique, des détails que j'ai peut-être négligés auparavant. Les incrustations de nacre et de marbre sur les accoudoirs, tout est une nouvelle découverte, chaque meuble devenant une pièce de plus dans le puzzle qu'est M. De Rosa.

Alors que je m'occupe d'une étagère remplie d'ouvrages aux reliures en lambeaux, un volume en particulier attire mon attention. Le livre est plus usé que les autres, avec une couverture en cuir marquée de traces de doigts. Le cuir est patiné, presque lisse par endroits, trahissant un usage fréquent. Une curiosité irrésistible s'empare de moi. J'ouvre avec précaution le volume et le dévoile.

À ma grande surprise, il ne contient pas de textes ordinaires, mais un ancien plan détaillant l'architecture de la maison, annoté de manière mystérieuse. De nombreux cercles rouges entourent certaines pièces précises, et des notes griffonnées à la hâte indiquent l'emplacement de passages secrets disséminés à travers le manoir. Toutes ces annotations sont écrites de manière fine et élégante, mais sont aussi hâtives et nerveuses, comme si l'auteur était pressé ou angoissé.

Mon cœur s'accélère en découvrant ces marques. Est-il vraiment possible que cette demeure, déjà si riche en histoire et en mystère, renferme encore des secrets plus profonds ?

Une partie de moi est terrifiée par cette perspective, tandis qu'une autre, plus audacieuse, est fascinée. Ces passages secrets, tout cela évoque des histoires de trésors cachés, de complots anciens, ou de secrets de famille enfouis.

Je décide d'approfondir mes recherches et d'explorer l'un des passages. Un accès se trouve derrière une bibliothèque dont les murs sont recouverts de boiseries somptueuses.

Sur la pointe des pieds, je me glisse dans cette pièce. L'odeur de vieux livres et de cuir embaume l'air. Les murs sont couverts de draperies et de tapisseries qui montrent des scènes de chasse à courre et des batailles médiévales, ce qui rend l'histoire plus intéressante. Je m'assure que personne ne me regarde avant de tirer doucement sur un livre de la bibliothèque, comme indiqué dans les instructions. À ma grande stupéfaction, la bibliothèque pivote lentement sur elle-même, découvrant un passage sombre et étroit.

Munie d'une lampe torche trouvée dans un tiroir à l'entrée, je m'aventure dans le tunnel. L'air à l'intérieur est frais et humide, couvert d'une odeur terreuse et de pierre ancienne qui envahit mes narines. C'est comme pénétrer dans une autre époque, un lieu figé dans le temps loin des préoccupations du monde moderne. Mes pas sont prudents contre le sol irrégulier, chaque bruit se réverbérant contre les murs de manière presque surnaturelle.

Le tunnel est étroit et a des parois irrégulières, indiquant une construction ancienne. Les racines percent parfois dans les fissures des murs, leur apparence sinistre ajoutant à l'atmosphère mystérieuse. Les araignées et les insectes effarouchés par mon passage, leurs mouvements saccadés accentuant l'atmosphère lugubre, sont usés du lieu.

Après quelques minutes de marche lente, éclairant chaque pas devant moi, j'atteins une petite porte d'acier. La porte paraît inviolable, marquée par les affres du temps. Elle porte des gravures et des ornements qui semblent anciens, et il n'y a aucun mécanisme de verrouillage visible.

A proximité, un étrange dispositif attire mon attention : un petit pic de métal, brillamment poli, pointe vers l'extérieur. Il est intégré dans une sorte de boîtier complexe composé de glyphes et de symboles anciens. Il semble que la seule façon d'ouvrir cette porte est de se piquer le doigt, une méthode qui évoque immédiatement un dispositif biométrique et une sécurité pour protéger l'accès aux intrus.

L'excitation mêlée de crainte s'empare de moi. Je respire profondément avant de tendre ma main tremblante vers le pic. Le métal froid perce la chair de mon doigt, et une goutte de sang est absorbée par le dispositif. La porte émet un léger déclic, mais à ma grande déception, elle reste obstinément fermée. Un message lumineux s'affiche au-dessus de la porte à travers une fente étroite : "Accès réservé à l'héritier ".

Le sang qui coule dans mes veines ne correspond pas à celui de l'héritier. Bien évidemment, crétine. Je suis si proche de découvrir un secret, mais cette dernière étape est infranchissable. La frustration et l'impuissance me laissent désemparée devant cette porte mystérieuse.

Je n'ai plus qu'une seule option : revenir à l'étage et continuer à me poser des questions qui ne trouveront jamais de réponses. J'abandonne le passage secret à contrecœur et retourne dans le salon, le plan récupéré toujours tremblant dans mes mains.

Le soleil ramène une ambiance presque banale, prosaïque, et pourtant gravée de secrets cachés. Je m'efforce de m'en aller. Je me replonge dans mes tâches ménagères, mais mon esprit est irrémédiablement accaparé par ce que j'ai vu. Les secrets qui se trouvent derrière cette porte continuent à hanter mes pensées. Chaque tâche quotidienne, aussi minuscule soit-elle, devient un rappel de ma propre incapacité à percer ce mystère. Pendant que je nettoie les surfaces, arrange les livres et frotte les vitrines, mon regard renoue constamment avec ce plan complexe annoté.

Qui est M. De Rosa ? Pourquoi ce besoin de tant de passages secrets et de dispositifs complexes ? Que cache-il si ardemment ?

Les heures passent, mais je ne peux me détacher de l'intrigue. Chaque coin de cette maison, chaque meuble, chaque objet est une véritable clé pour comprendre ce qui se trouve derrière cette porte en acier. Les objets, une fois ternes, prennent maintenant une signification nouvelle. Ils représentent des fragments d'une énigme plus vaste que je n'ai jamais pu imaginer.

Je me promets de trouver une solution, de percer les mystères de cette demeure et de son propriétaire. Je dois ouvrir cette porte, même si cela peut me prendre des jours, des mois ou des années. Les rideaux de cette maison sont levés, mais les rideaux du mystère restent tirés.

Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant