Chapitre 29 : Emrys

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Cela fait maintenant quelques jours qu'elle est sous mon toit, et malgré tous mes efforts, elle refuse obstinément de répondre à mes questions. Ce n'est pas un problème en soi, mais je dois absolument regagner sa confiance. Je ne peux pas la laisser me détester constamment. Même si elle m'agace parfois, je finis par m'attacher à elle. Depuis cette fameuse nuit de découverte, son caractère s'est considérablement durci.

Intelligente et rebelle, elle ne se laisse pas facilement dominer. Cela ne fonctionne pas avec moi, bien sûr, mais je dois reconnaître que je suis intrigué par son audace. Je prends plaisir à la taquiner, surtout parce que cela semble être le seul moyen d'interagir avec elle. Pourtant, il ne faut pas que cette obsession prenne le dessus. J'ai d'autres choses à faire. Est-ce déjà le cas ? Suis-je en train de me laisser entraîner dans une dangereuse douceur qui n'est pas dans ma nature ?

Depuis quelque temps, je me surprends à des comportements inattendus. Par exemple, à cet instant précis, je suis en train d'acheter les livres qu'elle avait inscrits sur une liste que j'avais découverte dans la petite poche de son sac à dos. J'espère sincèrement que ce geste la calmera, au moins un peu.

Une fois de retour à la maison, je gravis les marches qui mènent à sa chambre, un paquet sous le bras. Il faut être prudent ; elle est toujours sur le qui-vive, prête à utiliser toutes les occasions pour tenter de s'échapper.

— Idiote, on m'a livré ce cadeau pour toi, déclarai-je d'un ton frauduleusement détaché, espérant ne pas paraître trop ridicule à ses yeux.

Elle m'ignore royalement, tout à ses pensées. Je dépose le colis sur son lit avant de me diriger vers la porte. Je m'arrête un instant en tenant la poignée, sans me retourner.

— Tu as essayé de t'enfuir il y a quelques jours, repris-je d'un ton plus sérieux. Je ne vais pas revenir sur ce sujet en détail, mais sache que tu restes encore restreinte pour quelque temps.

Je n'ai pas jugé nécessaire de lui attacher les poignets ; à la place, son pied est lié par une chaîne solide, fixée au mur. Cette méthode n'est pas de mon goût, mais je n'ai pas le choix. Elle doit comprendre qu'elle est en sécurité sous mon toit à la seule condition de coopérer. Ce n'est pas négociable.

Dans mes moments de solitude, je me surprends à me demander ce qu'elle pense vraiment. Derrière ses airs renfrognés et sa rébellion apparente, y a-t-il un cœur blessé cherchant désespérément une main tendue ? Est-elle vraiment cette prisonnière que je me suis livrée, ou bien une âme égarée cherchant une lumière dans ces ténèbres ? Il est difficile de ne pas se poser ces questions, surtout quand les silences se font pesants et que l'ombre de ses yeux trahit une histoire plus complexe que ce qu'elle laisse voir.

Les jours passent, et avec eux, grandit cette étrange relation entre un geôlier et sa captive. Un lien fait de défiance mutuelle, de petits gestes de paix et de ces moments fugaces où un simple regard en dit plus long que n'importe quelle parole.

En refermant la porte derrière moi, je prends une grande inspiration. Peut-être que ce n'est pas moi qui dois la changer, mais elle qui va me transformer.

Je descends les escaliers et me dirige directement vers la cuisine, espérant trouver un moment de solitude pour rassembler mes pensées. Mon esprit est troublé par les sentiments que je ne veux pas admettre, par l'ambiguïté de ma situation avec elle. Mais il n'y a pas de place pour ces contemplations dans un monde où chaque décision doit être prise avec une précision chirurgicale.

La maison s'est assoupie dans le silence de la nuit. La lune, éclatante, filtre à travers les grandes baies vitrées, projetant des ombres délicates sur les murs. Je me sers un verre d'eau et contemple les reflets argentés du liquide, cherchant un semblant de réponse ou de soulagement.

Emprise infernale [ TERMINÉE en réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant